De rouille et d'os

De rouille et d'os
De : Jacques Audiard.
Avec : Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Armand Verdure, Céline Sallette, Corinne Masiero, Bouli Lanners, Jean-Michel Correia, Mourad Frarema...
Genre : Drame.
Origine : France - Belgique.
Durée : 1 heure 55.
Date de sortie : 17 mai 2012.
Synopsis : Ça commence dans le Nord.
Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau.
A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone.
Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions.
Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.
Bande annonce française
5
Bien que j'avais bien aimé son précédent film "Un prophète", le nouvel opus en salles de Jacques Audiard me faisait quand même un peu peur. J'avais un peu la crainte de me retrouver face à une belle histoire mais quand même un film chiant. Pourtant malgré tout, poussé par ma curiosité, j'ai tout de même été voir "De rouille et d'os" en salles dès que l'occasion s'est présenté à moi.
Mes craintes se sont vites envolés. Même si le film possède un rythme assez lent, j'ai tout de suite été captivé par ce film, je suis tout de suite rentré dans cet univers. Je n'ai pas lu le livre "Un goût de rouille et d'os" écrit par Craig Davidson mais même si apparemment quelques libertés ont été prises (les personnages d'Ali et Stéphanie n'existant pas dans le recueil), je m'abstiendrais donc de faire une éventuelle comparaison entre le scénario et le livre. En revanche, le scénario écrit par Thomas Bidegain et Jacques Audiard, je l'ai trouvé vraiment excellent. J'ai beaucoup aimé cette histoire d'handicapé, chacun à leur niveau, que ce soit un handicap physique avec le personnage de Stéphanie qui va se retrouvé amputé du jour au lendemain, ou à l'handicap psychologique avec le personnage d'Ali qui à du mal à s'insérer dans la société et qui fait un peu figure de grand enfant à mes yeux. Sur le fond, il n'y à rien de bien novateur. Ils n'étaient pas fait pour se rencontrer, ils sont assez opposés l'un de l'autre et pourtant il vont se trouvé, se comprendre, s'accepter et être très complémentaire mais dans la forme j'ai trouvé que le traitement était vraiment intéressant. On suis ses deux personnages avec beaucoup d'émotions, beaucoup de force et malgré leurs nombreux défauts, on ne peut pas s'empêcher de sympathiser avec eux, de vouloir espérer qu'ils s'en sortent. Leurs maladresses est touchante et c'est ainsi que j'ai vraiment vibrer pour ses deux portraits d'écorchés vifs. Le scénario possède aussi quelques touches d'humour qui viennent provoquer un peu quelques cassures dans le long métrage mais c'est pas plus mal surtout que le sujet est assez fort et qu'on revient assez vite dans le vif du sujet. Après, certaines choses peuvent apparaître facile (comme la reprise du goût à la vie de Stéphanie) ou même prévisible (l'issue de la scène du lac gelé) mais malgré ça, tout est bien amené. J'irai pas jusqu'à dire que durant mon visionnage j'ai "ressenti" un handicap mais il y à une sensation de "pression" que j'ai bien aimé qui à fait que j'ai eu l'impression de vivre à leurs côtés partageant leurs bons comme leurs mauvais moment. C'est aussi une histoire de deux personnages que j'ai trouvé humain avec leurs maladresses et c'est quelque chose que j'ai beaucoup apprécié aussi.
Devant la caméra, le duo formé par Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts est très efficace. En temps normal, même si je ne la déteste pas, je suis pas non plus un grand fan de Marion Cotillard dont je trouve les avis sur ses différentes prestations un peu surestimé même si je salue son choix de carrière mais dans ce film elle m'as vraiment bluffé dans la peau de Stéphanie. Pour une fois, j'ai pas eu la sensation que l'actrice en faisait des tonnes, qu'elle allait dans la surenchère. J'ai trouvé qu'elle jouait juste et que son interprétation donné une force supplémentaire à son rôle. J'ai cru à son handicap (pour ce genre de chose je pense que l'acteur est important et que le simple effet visuel ne fait pas tout), j'ai cru à sa douleur intérieure, à sa peine, à son mal être mais aussi à sa force de se battre, de revenir sur le ring pour affronter la vie. Le retour est peut être un peu brutal (en même temps le film est assez long comme ça ^^ ) mais ça à fonctionné sur moi. J'ai beaucoup aimé aussi les différentes émotions qui passe à travers son regard et lorsque le regard des autre gêne son personnage, j'ai cru à ce mal être, cette difficulté d'affronter ses regards. Tout ceci est en grande partie due au jeu de Marion Cotillard qui est vraiment très bonne dans le film, on sens qu'elle s'est impliqué et que ce rôle lui tenait à cœur (au point de tourner en cachette d'ailleurs car contractuellement elle n'aurait pas du de ce que j'ai lu, l'actrice étant engagé sur "The Dark Knight rises"). Avec elle, on retrouve donc un Matthias Schoenaerts lui aussi très bluffant dans le rôle d'Ali. Il incarne très bien cet écorché vif capable d'être à la fois très brutal mais aussi très tendre. Je ne connaissais pas cet acteur, c'est la première fois que je le vois mais sa performance est tellement remarquable qu'à ce jour, je regrette encore plus de n'avoir pas pu trouver le temps de voir "Bullhead" son précédent film. Il y à une sincérité qui se dégage de lui et même lorsque ses actes son condamnable moralement, je n'ai jamais réussi à vraiment en vouloir à son personnage. L'acteur possède un charisme qui va au delà de sa simple présence physique et en même temps, il à su dévoiler une certaine sensibilité sans pour autant tomber dans des clichés ou des facilités qui aurait été malvenu. L'alchimie de son tandem avec Marion Cotillard est en tout cas très bon, on sens une bonne complémentarité ce qui fait que l'on croit en cette union cinématographique. Il y à bien quelques points qu'on aurait aimé voir un peu plus travaillé ou du moins devellopé concernant la psychologie de leurs rôles mais à l'écran ça fonctionne et d'une bien belle manière.
Derrière ce duo, les autres acteurs sont plus des figurants car c'est vraiment autour de ce tandem que le film va tourner et va y trouver sa force cependant, le reste de la distribution est tout de même très efficace. Le jeune Armand Verdure est très crédible en Sam, on croit au fait que ce soit le fils d'Ali tant il y à des similitudes dans le jeu de regard de ce jeune acteur est celui de Matthias Schoenaerts. On sens que cet enfant aussi est un peu un écorché de la vie, qu'il ne pars pas forcément avec les meilleures bases qu'il soit, qu'il vit un peu au jour le jour et que tout le pré-destine à suivre le chemin de son père. Même si c'est pas forcément toujours traité, j'ai trouvé que la relation père - fils était assez intéressante et le jeune acteur jouant assez bien son rôle, cette filiation m'as paru assez naturel. J'ai bien aimé aussi Corinne Masiero dans le rôle d'Anna. Pour son personnage, on peut aussi ressentir quelques similitude avec Matthias Schoenaerts ce qui fait que la relation frère - sœur apparait comme crédible même si cette dernière semble "survivre" un peu plus facilement que son frère. L'actrice est bonne en tout cas je trouve et n'en fais pas trop sachant exister à l'écran juste quand il le faut. Bouli Lanners aussi est très bon en Martial. Je regrette un peu qu'on le voit pas un peu plus mais il incarne bien son rôle. On évoque un peu à travers son métier une dérive de notre société qui est intéressante même si c'est pas le sujet même du film mais qui nous montre à quel point le long métrage reste quand même ancré à son époque un peu comme si la société était responsable du handicap de nos héros. Bon là j'extrapole peut être un peu trop, je suis peut être dans le faux et mon analyse est sans doute infondé mais j'ai aimé voir ça comme ça. On ne leur cherche pas ainsi des excuses mais on peu arriver à comprendre comment certains protagonistes ont pu arriver là où ils en sont. Le casting est en tout cas bien pensé et très efficace.
J'avais beaucoup aimé la réalisation de Jacques Audiard dans "Un prophète" et il m'as une nouvelle fois beaucoup plu dans "De rouille et d'os". Au regard de beaucoup de scènes, on pourrait trouver le long métrage assez chiant, assez contemplatif, assez ennuyeux mais la force de sa mise en scène et qu'il arrive à merveille à allier calme et dynamisme. Ainsi oui, il y à des plans qui sont très contemplatifs mais ils sont aussi d'une très grande richesse et d'une très grande beauté. Ils s'accordent aussi très bien avec les autres plans et du coup on ne vois pas le temps passé. Je n'ai pas été en présence du film ennuyeux que je craignais mais plutôt d'une œuvre qui prend son temps pour nous montrer tout ce qu'elle souhaite nous montrer mais de façon captivante et passionnante avec beaucoup de poésie et de lyrisme. De plus, il y à des scènes qui sont vraiment très fortes et qui trouve leurs forces dans cette mise en scène parfaite comme la scène sur le lac gelé (oui encore elle mais même si elle est prévisible je l'ai trouvé efficace), le fameux drame qui nous vaut l'amputation, le réveil à l'hôpital, les combats clandestins, le bleu sur la tête de Sam etc etc. Le film est parsemé de scènes qui m'ont pris aux tripes et qui font que je ne suis pas resté insensible. La caméra se place en tout cas toujours au bon endroit pour tirer le meilleur parti de la scène et ça fonctionne. Visuellement, c'est vraiment très réussi je trouve et on ne vois pas le temps passé. C'est aussi réussi au niveau de l'amputation. Le corps mutilé de Stéphanie est crédible et le long métrage nous montre cet handicap avec beaucoup de justesse sans jamais tomber dans la gratuité. Même les scènes de nus ont un but je trouve et ne tombe pas dans le voyeurisme (sauf peut être une scène où on voit le sexe de Stéphanie que j'ai pas trouvé utile). La lumière est bien exploité, bien utilisé et donne elle aussi une certaine beauté à quelques scènes. J'ai ainsi bien apprécié les instants où Stéphanie goutait à ses bains de soleils. Pour la musique du film, une nouvelle fois à l'heure actuelle il faut croire qu'on à qu'un seul compositeur. Dès qu'une musique de film est composé par un français et qu'elle est magnifique, c'est du Alexandre Desplat. A ce jour, c'est pour le moment le seul en activité qui signe des compositions très belle, en parfaite adéquation avec le sujet d'un film et qui ne fait jamais de fausses notes. Une nouvelle fois le compositeur nous livre une musique envoutante qui ne plombe pas le récit mais l'accompagne avec justesse sans jamais trop en faire et rend le film très agréable à écouter.
Pour résumé, j'avais de grosses craintes concernant "De rouille et d'os" mais qui ont vite été balayés. Le film est très efficace, très juste et le sujet parfaitement maitrisé. C'est le genre de film qui me plaise car il ne me laisse pas insensible pendant et après le visionnage. Le scénario est très bon, le duo Marion Cotillard - Matthias Schoenaerts très efficace et risque d'être l'un des plus important de leurs carrières respectifs pendant que Jacques Audiard nous ravi une nouvelle fois avec une mise en scène brillante où tout est bien pensé et maitrisé. Les thèmes abordés n'étaient pas facile mais le film s'en sors haut la main je trouve. Je regrette vraiment pas d'avoir découvert ce "De rouille et d'os" qui m'as pris aux tripes et que je reverrais volontiers même si je pense que comme tout les films assez dur émotionnellement, il ne faut cependant pas en abuser mais ça reste un long métrage à voir que je recommande en tout cas.
Ce que j'ai aimé :
  • Le scénario très fort
  • Les thèmes abordés avec justesse
  • Le duo Marion Cotillard - Matthias Schoenaerts qui est excellent
  • Des seconds rôles tout aussi bon
  • Une mise en scène parfaite
  • Une succession de plans contemplatifs d'une grande poésie avec des plans plus poignant
  • Une bonne exploitation de la lumière
  • Une bande originale d'Alexandre Desplat parfait comme toujours
  • L'effet visuel de l'amputation de Stéphanie convaincant
  • Des scènes très fortes

Ce que j'ai moins aimé :
  • De grandes ellipses dans le temps même si je les comprends

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