Rango, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Un nouveau lézard débarque en ville. Son nom : Rango. Hommage au western saupoudré de la folie inhérente de Gore Verbinski, voici un film d’animation hybride qui déroute autant qu’il reste dans le droit chemin.

Depuis le temps que Pixar règne en maître sur l’animation traditionnelle, on se dit que la concurrence n’est pas prête de lui arriver à la cheville. Pourtant voilà que débarque un trublion qui voudrait bien semer la zizanie dans cet empire. Malheureusement, si il ne manque pas de caractère, Rango est un ovni qui n’a pas l’universalité de Luxo Jr. Et si le film assure techniquement, côté histoire et héros, on est pris entre 2 feux.

Ce qui frappe en fait chez Rango, c’est son aspect bicéphale. D’un côté, nous avons une première partie qui présente un héros assez hors du commun dans une situation complètement déjantée. Rango, caméléon dépressif et mythomane perdu dans le désert tombe sur un bon vieux village peuplé d’animaux aux tronches patibulaires rappelant les belles heures du western spaghetti. Entre clins d’œils à Las Vegas Parano ou aux grands classique du genre, l’univers assez barré du lézard auquel on a du mal à se faire au début prend forme. Des situations au caractère du héros, l’humour absurde y est très fin et en même temps très cartoon. Normal quand on sait que Gore Verbinski est l’auteur de la Souris et des Pirates des Caraïbes. On y retrouve ici complètement sa patte sous influence Tex Avery (si si, rappelez-vous l’introduction du 2e volet des pirates). Mais à la moitié du film, alors que l’on commençait à s’habituer au délire qui prenait son temps, nous plongeons dans un récit complètement conventionnel où notre héros se voit rempli d’héroiques intentions. Tout le travail fait précédemment au service d’une histoire finalement banale et prévisible, c’est forcément dommage.

Mais si l’on peut déplorer la facilité finale du film qui n’est pas que pour les enfants (rarement même), on retiendra par contre la maitrise avec laquelle il est réalisé. En général, lorsqu’un réalisateur s’attaque à de l’animation, on peut penser qu’il n’y aura pas sa patte. Ici, n’ayez crainte. Tout l’esprit de Verbinski y est présent et le réalisateur assure dans sa mise en scène enlevée (l’attaque du convoi est monumentale), rythmée par une BO d’un Hans Zimmer que l’on ne connaissait pas aussi proche du western (comme quoi il ne fait pas que du boum boum type Inception … avis aux détracteurs du compositeur). Techniquement, rien à dire, le film est une perfection absolue. Les environnements sont on ne peut plus réalistes, l’animation fluide comme rarement et le design des personnages est impeccable. Alors que le film n’est proposé qu’en 2D, pour une fois, on en viendrai presque à réclamer la 3D pour vraiement en prendre plein les rétines tellement la profondeur des décors et la mise en scènes sont immersives !

Mais voilà, la technique ne fait pas tout et il faut pouvoir entrer dans l’univers pour l’apprécier, ce qui ne sera pas forcément simple au début. Mais même si on a du mal à apprécier le film, force est de reconnaitre sa maitrise. D’autant plus quand on a un hommage poétique très touchant au cowboy silencieux le plus célèbre de l’Ouest.