Les hommes préfèrent les grosses

Un grand merci à Rimini Editions ainsi qu’à Arcadès pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les hommes préfèrent les grosses » de Jean-Marie Poiré.

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« Ami, la violence ne résout rien ! »

Lydie prend possession d'un grand appartement pour son fiancé et elle. Mais il la quitte. Le loyer étant trop cher, elle opte pour la cohabitation. C'est un mannequin, Eva, qui lui loue la chambre. Eva a beaucoup d'amis et Lydie, possédant un physique moins avantageux, voit sa vie bousculée...

« Il y a des désirs qui sont trop forts pour qu’on les refoule ! »

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Fils d’Alain Poiré, célèbre et historique producteur qui fit pendant près de cinquante ans la pluie et le beau temps chez Gaumont, Jean-Marie Poiré se fait d'abord un nom en tant que scénariste et dialoguiste, devenant rapidement l'un des collaborateurs réguliers de Michel Audiard, Georges Lautner ou encore Robert Lamoureux (sur la saga « La septième compagnie »). Participant ainsi aux grandes heures des comédies populaires françaises des années 70, il finit à son tour par se lancer dans la réalisation avec un premier essai, « Les petits câlins », en 1977, sur lequel il dirige une jeune débutante venue du café-théâtre, Josiane Balasko, qui percera quelques mois plus tard sur grand écran grâce au succès populaire des « Bronzés ». Leur belle complicité se poursuivra sur « Retour en force » (1980), deuxième réalisation du cinéaste, sur laquelle Balasko oeuvrera comme coscénariste. Surtout, Josiane Balasko le présentera par la suite à sa bande du Splendid, avec qui il collaborera peu de temps après en réalisant coup sur coup « Le père Noël est une ordure » (1982) et « Papy fait de la résistance » (1983). Mais avant cela, il poursuivra sa collaboration privilégiée avec Josiane Balasko en accompagnant ses débuts cinématographiques en tête d’affiche, puisqu’il la dirigera en 1981 dans « Les hommes préfèrent les grosses », adaptation cinématographique de la pièce de théâtre « Bunny’s bar », qu’elle a écrit et joué sur les planches aux côtés notamment de Michel Blanc. Pour la petite histoire, accaparé par ses propres projets et sa notoriété nouvelle, ce dernier déclinera le rôle secondaire du frère de l’héroïne, ce qui génèrera une brouille de plusieurs mois entre les deux membres du Splendid.

« C’est beau des fesses d’hommes ! »

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Si l’on en croit une célèbre chanson sortie sur les ondes la même année, la femme des années 80 est « femme jusqu’au bout des seins, ayant réussi l’amalgame de l’autorité et du charme ». Une femme à la fois libre, libérée, indépendante et sexy. Une femme qui n’a pas peur d’assumer le rôle dominant dans le couple (« L’année prochaine si tout va bien ») ni son émancipation (« Je vais craquer »). Paradoxalement, c’est aussi l’heure des diktats de la société sur le physique et la minceur. Laissant peu de place au final à celles qui ne rentrent pas dans le moule. En grossissant un peu le trait pour nous rappeler qu’elle n’est pas vraiment une femme Barbara Gould, Josiane Balasko s’interroge avec son film « Les hommes préfèrent les grosses » sur le rapport à la norme, et par ricochet sur le rapport à la féminité et sur la difficulté d’aimer et d’être aimée lorsque l’on sort des canons habituels. Avec une ironie mordante, elle signe ainsi le portrait d’une « célibatante » avant l’heure, qui refuse d’être considérée comme un simple prix de consolation jetable, et qui exprime avec sensibilité ses désirs, sa solitude, ses frustrations et ses désillusions. A n’en point douter, la force du film réside dans la qualité d’écriture de Josiane Balasko dont le scénario offre quelques jolis moments de comédie, aussi bien par des situations cocasses (Dominique Lavant en karatéka qui défonce la mauvaise porte) que par quelques joutes verbales particulièrement truculentes. Mais surtout, le scénario fait la part belle à des personnages secondaires très variés et bien dessinés (la meilleure amie karatéka, le frangin dragueur, la colocataire mannequin, à la fois rivale et amie de l’héroïne, qui a aussi ses propres doutes quant à son rapport aux hommes) qui apportent une grande vitalité et une belle énergie au récit. On y reconnaitra d’ailleurs nombre de jeunes comédiens qui perceront par la suite (Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte en végétalien rigide et couard, François Berléand…). Seul ombre au tableau (s’il en faut une) : le personnage de l’amoureux interprété par Daniel Auteuil, dont l’immaturité affective et le comportement brutal en font un personnage particulièrement toxique, dont on peine à comprendre aujourd’hui qu’il puisse être considéré in fine comme un prince charmant. Nonobstant ce détail, Balasko et Poiré signent là une comédie de mœurs attachante et drôle, qui offre un formidable témoignage sur son époque (liberté sexuelle, dictature du look et du regard social, solitude affective).

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Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau Master HD issu d’un fichier 4K et proposé en version originale française (2.0).

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Josiane Balasko (14 min.) ainsi que d’une interview de Jean-Marie Poiré (35 min.).

Édité par Rimini Éditions, « Les hommes préfèrent les grosses » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 18 mars 2025.

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