Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « 13 jours 13 nuits » de Martin Bourboulon.
« Les gens qui sont dehors, je sais ce qu’ils vivent : c’est l’enfer »
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.
« Respecter les ordres ça fait partie de notre métier, mais c’est aussi un choix de ne pas les respecter »
Fils du producteur Frédéric Bourboulon, notamment célèbre pour avoir produit pour Pathé nombre de films de Bertrand Tavernier ou de Pierre Jolivet, Martin Bourboulon apprend le métier en multipliant les expériences d’assistant réalisateur auprès de cinéastes confirmés. Il assiste ainsi Pierre Jolivet sur « Ma petite entreprise » (1999), Roland Joffe sur « Vatel » (2000), Bertrand Tavernier sur « Laissez-passer » (2002) ou encore Mathieu Kassovitz sur « Les rivières pourpres » (2000). S’il alterne ensuite la réalisation de courts-métrages, de spots publicitaires, mais aussi de séquences pour l’émission télévisée « Les guignols de l’info », ce n’est qu’au milieu des années 2010 qu’il se fait connaitre en tant que réalisateur grâce au succès de ses comédies « Papa ou maman » (2015) et sa suite (2016). Délaissant la comédie, il privilégie ensuite à des fresques historiques : si son ambitieux biopic « Eiffel » (2021) ne rencontre pas le succès escompté, il signe un retour marquant avec le diptyque « Les trois mousquetaires » (2023), luxueuse adaptation du roman de Dumas pour lequel il bénéficie des moyens d’une superproduction française.
« Au premier coup de feu tiré, nos chances de nous en tirer sont quasiment nulles »
Avec « 13 jours, 13 nuits », il revient à un sujet immédiatement contemporain, à savoir la chaotique chute de Kaboul en 2021, tombée précipitamment aux mains des talibans dans le contexte du retrait annoncé des forces américaines d’Afghanistan. Adaptation ciné du récit de Mohammed Bira, le film relate plus précisément l’évacuation vers l’aéroport des réfugiés (principalement afghans) accueillis au sein de l’Ambassade de France, dernière mission diplomatique occidentale encore ouverte. L’occasion pour le réalisateur de se frotter à un sous-genre, celui du thriller « diplomatique » qui mêle à la fois histoire réelle, enjeux internationaux, action et survival, et qui a donné lieu à quelques pépites telles que « 13 hours », « Argo » ou encore « Escape from Mogadishu ». Partageant ce même enjeu scénaristique de survivre dans un univers extrêmement hostile, le film nous conte ainsi l’organisation par quelques militaires français d’un convoi depuis l’ambassade jusqu’à l’aéroport à travers une ville en proie au chaos, aux factions armées autonomes, aux contrôles arbitraires et à la « justice » expéditive. Et de fait, Martin Bourboulon use d’une mise en scène au cordeau, très resserrée, pour créer un climat anxiogène et une montée en pression graduelle, à mesure que ses protagonistes se retrouvent obligés d’avancer à découvert. Dès lors, chaque interaction avec l’ennemi (checkpoints, contrôles sauvages, barrages, négociations) devenant une source potentielle de dérapage incontrôlable, autant qu’un moment de crispation irrespirable. Mais toute l’intelligence du réalisateur réside dans sa volonté de prolonger le plus longtemps la violence psychologique, repoussant le plus tardivement l’explosion de violence physique pour en faire un climax. Au milieu de ce chaos, Bourboulon donne parfaitement vie à des personnages qui ont en commun d’être prisonniers de leur destin, qu’ils soient français (présents pour une mission diplomatique) ou afghans (tentant de fuir leur pays pour avoir « aidé » les occidentaux ou pour avoir un mode de vie non conforme avec celui prôné par le nouveau régime en place). En creux, le film pose aussi le dilemme moral « occidental », de l’abandon des afghans à leur terrible sort. Même s’il se garde bien de poser les questions structurelles de l’effondrement aussi rapide du régime « officiel » afghan soutenu par les occidentaux. Dans tous les cas, Martin Bourboulon signe au final un thriller géopolitique hyper réaliste (les décors marocains paraissent très crédibles pour restituer l’ambiance de Kaboul) et d’une redoutable efficacité. Il peut en cela compter sur un casting impeccable, duquel ressort en premier lieu un formidable Roschdy Zem en policier usé et tout en maitrise de soi. Du cinéma français de genre comme on aimerait vraiment en voir plus souvent.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (Dolby Atmos – TrueHD) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un making of (27 min.), d’un entretien avec le réalisateur Martin Bourboulon (35 min.) ainsi que d’un entretien avec le Commandant Mohammed Bida et l’équipe du film (16 min.).
Édité par Pathé, « 13 jours 13 nuits » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 5 novembre 2025.
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