
Un triple récit, aussi cruel que d’une sublime beauté
Sur trois décennies, au travers de trois histoires espacées de 10 ans les unes des autres, nous suivons les membres d’une même famille afghane réfugiée en Iran. Afghan et Iranien, peuples de culture perse, partagent de nombreux points communs, qui expliquent l’immigration de masse des Afghans vers ce pays frontalier ; d’où le titre. Très peu traité par le cinéma ; on va suivre le sort réservé à ces réfugiés par le pays d’accueil. L’Etat iranien, voire la population, entretiennent avec ces réfugiés des relations de domination et de pression, que ces derniers acceptent par peur d’être expulsés. Ces trois histoires montrent au combien des abus psychologiques, sexuels ou sociaux constituent le quotidien de ces personnes ; pourtant d’une gentillesse et dévotion sans limite à l’égard de ceux qui les accueillent ; pour partie par peur d’être expulsé par le régime des Mollahs. Raha Amirfazli et Alizera Ghasemi, des cinéastes iraniens exilés, traitent d’un thème rarement abordé avec une force narrative notable et un réel talent d’écriture. C’est un bel hommage pour ces personnes combatives, dignes et déterminés. Ce film surprend aussi de bout en bout par sa mise en scène et sa beauté formelle. Tout est cadré et filmé avec beaucoup de soin et de subtilité ; et la musique qui accompagne les images d’une mélancolie et d’une tristesse qui sied à merveille à ces parcours de vie âpres. Voilà un film qui me donne encore plus envie de visiter l’Iran.
Un récit à l’universalité déchirante à voir absolument et qui démontre une fois encore toute la vitalité d’un cinéma iranien qui a tant de choses à dire.
Sorti en 2025
Ma note: 17/20