6ème long métrage de Fabrice Eboué, après "Case Départ" (2011) et "Le Crococile du Botswanga" (2014) co-signé avec Lionel Steketee et Thomas N'Gijol, puis après ses solos "Coexister" (2017) et surtout son chef d'oeuvre "Barbaque" (2021). Cette fois il co-écrit son scénario avec Thomas Gaudin, jusque là qui était son metteur en scène sur ses one man show et avec qui il a collaboré notamment sur des émissions télés. Sur ce projet, le producteur-réalisateur-scénariste-acteur s'est inspiré de la cultissime émission TV "Strip-Tease" (1985-2012) pour le ton décalé et les situations insolites, tandis qu'il choisit un style de faux documentaires... Gerald n'a qu'un objectif, redorer le blason de sa région de coeur, la Normandie. Il a alors l'idée de bâtir le plus grand parc d'attraction du pays à la gloire de Guillaume le Conquérant, et il est prêt à tout pour parvenir à ses fins...
Le rôle titre est logiquement incarné par le cinéaste lui-même comme toujours, jouant dans ses propres films mais plus récemment il n'a joué que dans un autre film ces années post-Covid avec "Heureux Gagnants" (2024) de Maxime Govare et Romain Choay. Il est entouré de Jean-François Cayrey vu récemment dans "Jamais sans mon Psy" (2024) de Arnaud Lemort et "Certains l'aiment Chauve" (2025) de Camille Delamarre, et qu'il retrouve après "Barbaque" (2021) à l'instar de son co-scénariste Vincent Solignac qui jouait aussi dans "Case Départ" (2011) dernier film en date de l'artiste vu auparavant dans des films comme "A Mort l'Arbitre" (1984) de Jean-Pierre Mocky ou "Jeanne La Pucelle" (1996) de Jacques Rivette. Citons encore Alexandra Roth aperçue dans "Une Belle Equipe" (2018) de Mohamed Hamidi ou "Une Année Difficile" (2023) du duo Tolednao-Nakache, Joaquim Fossi vu surtout dans la série TV "Demain nous appartient" (2017-2021), Serge Da Silva vu dans le dyptique "Opération Portugal" (2021-2024) de Frank Cimière, Laura Lieblein Adam aperçue récemment dans "Monsieur Aznavour" (2024) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, puis enfin n'oublions pas le caméo de Franck Dubosc après son film "Un Ours dans le Jura" (2025)... Une grande partie du casting est composé de figurants réellement normands, pour plus d'authenticité et ainsi continuer l'approche naturaliste de "Strip-Tease", aller dans un style documentaire que le réalisateur accentue encore et privilégiant les plans-séquences afin d'éviter le champ contre-champ pour une immersion plus probante. Un fermier normand un peu déjanté, ou plutôt psychologiquement instable se voit en ersatz de Philippe de Villers pour concurrencer son fameux Puy du Fou avec plutôt que Charette le tout aussi icônique Guillaume le Conquérant quitte à pasticher un certain Jean-Marie Le Pen face à Jeanne d'Arc (c'était en 2015). Dès les premières secondes on reconnaît le style Eboué, humour noir, action légèrement trash, propose caustique en allant droit au but en usant toutes les paraboles, métaphores et autres images biaisées pour mieux pointer du doigt les ayatollah de la Haine (pléonasme). Evidemment le Gérald normand crée d'autant plus le décalage qu'il est métissé, le parallèle est d'autant plus cynique et hilarant.
Les dialogues sont toujours aussi (im-)pertinents chez le réalisateur-scénariste-acteur, ça touche quasi toujours juste, ça grince, ça tire, ça frappe fort, ça gratouille, ça appuie là où il faut mais on note aussi quelques baisses de régime, on sent que parfois l'artiste aurait pu aller plus loin dans le trash (un peu facile de s'attaquer qu'aux animaux). Surtout, trop facile de faire passer Gerald pour un déficient psychologique... ATTENTION SPOILERS !... le trauma de la grand-mère violée, une enfance où il a toujours eu des rêves décalés et délirants annonce de fait que son parc est une nouvelle lubie ce qui arase ou atténue l'effet pamphlétaire, justement confirmé par cette fin qui ouvre à une autre lubie... FIN SPOILERS !... Dommage donc que cette fois Fabrice Eboué ait été plus timoré que pour son chef d'oeuvre "Barbaque" (2021), tandis que via "Strip-Tease", on aura une pensée aussi pour l'autre inspiration "C'est arrivé près de Chez Vous" (1992) de Rémy Belveux, Benoît Poelvoorde et André Bonzel ; ces deux derniers films ayant assumé justement des protagonistes qui n'ont pas l'excuse de la "circonstance atténuante" d'une maladie psychiatrique. Néanmoins, le côté poils à gratter reste savoureux, Eboué est en forme (et mention spéciale à la méconnue Alexandra Roth parfaite en épouse dévouée mais pragmatique entre la cagole du ch'nord et avant tout maman), on rit et les situations aussi cocasses que plausibles font mouches. Un bon moment.
Note :
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