Les Enfants vont bien (2025) de Nathan Ambrosioni

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Troisième long métrage après "Les Drapeaux de Papiers" (2018) et "Toni, en Famille" (2023) pour Nathan Ambrosioni qui a eu l'idée de l'histoire après avoir lu un article en 2019 sur une mère qui évoquait la disparition volontaire de son fils adulte : "Dès lors la notion de "disparition volontaire" me hante. J'ai envie de comprendre. On peut donc disparaître et on en a même le droit... Je suis traversé par un sentiment de colère, je trouve ça inadmissible de faire subir cela à une famille. (...) Cela correspond au moment où ma soeur part du jour au lendemain à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Mais je ne fais alors pas la lien entre les deux événements. Ce n'est que plus tard, quand je me lance dans l'écriture, quand la colère s'est dissipée, que je prends conscience que j'ai à coeur à nouveau de parler de la famille." En effet, troisième film et troisième fois que le réalisateur-scénariste-monteur aborde le sujte de la famille. Notons que le film est produit par Chi-Fou-Mi Productions qui est derrière les films de Jeanne Herry depuis "Elle l'Adore" (2014), de Gilles Lellouche depuis "Le Grand Bain" (2018), Cédric Jimenez depuis "Bac Nord" (2021) et Quentin Dupieux depuis "Mandibules" (2021)... 

Un soir d'état, Suzanne débarque avec ses deux enfants chez sa soeur Jeanne alors prise au dépourvu. Elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois et Suzanne semble ailleurs. Le lendemain, Jeanne découvre sidérée que sa soeur est partie en laissant ses enfants et un mot. Jeanne apprend à la gendarmerie que rien sera fait car chacun est libre de disparaître... Jeanne est incarnée par Camille Cottin qui retrouve son réalisateur après  "Toni, en Famille" (2023) et vue entre autre dans "Trois Amies" (2024) de Emmanuel Mouret ou "Ni Chaînes Ni maîtres" (2024) de Simon Moutaïrou. Sa soeur Suzanne est interprétée par la chanteuse Juliette Armanet aperçue dans "Noureev" (2019) de Ralph Fiennes ou "Partir un Jour" (2025) de Amélie Bonnin, tandis que les enfants sont joués par les jeunes Manoâ Varvat et Nina Birman. Citons ensuite Monia Chokri vue dans son propre film "Simple comme Sylvain" (2023) ou "Des Preuves d'Amour" (2025) de Alice Douard et retrouvera bientôt dans "Love Me Tender" (2025) de Anne Cazenave Cambet son partenaire Feodor Atkine vu dans "L'Astronaute" (2022) de et avec Nicolas Giraud ou "Belladone" (2025) de Alanté Kavaïté, Guillaume Gouix qui retrouve son réalisateur après "Les Drapeaux de Papiers" (2018) et "Toni, en Famille" (2023) et qui retrouve Juliette Armanet après "Rosalie" (2023) de Stephane Di Giusto, Myriem Akheddiou apparue dans "Titane" (2021) de Julia Ducournau ou "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez et retrouve Camille Cottin juste après "Rembrandt" (2025) de Pierre Schoeller, et enfin Frankie Wallach aperçue dans "Marinette" (2023) de Virginie Verrier ou "Le Livre des Solutions" (2023) de Michel Gondry... Petite parenthèse, à l'affiche nous retrouvons Monia Chokri qui se retrouve dans un rôle et un sujet qui n'est pas sans rappeler son film "Des Preuves d'Amour" (2025) de Alice Douard encore diffuser en salles obscures à ce jour, et on ne peut que conseiller de voir aussi ce film qui offre une autre facette du prisme autour de la parentalité et de la filiation. Dans l'idée les deux films se font écho comme, par exemple, l'avait été les deux films "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour et "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez autour des attentats de 2015. Ainsi, si le sujet premier, le fil conducteur reste la disparition volontaire d'une mère on constate vite que ce fil conducteur n'est pas le sujet principal. En effet, la disparition volontaire n'est finalement que le point de départ, que le prétexte pour nous amener vers le vrai propos à savoir les questions comme quand est-ce qu'on devient parent ?! Qu'est-ce que c'est que d'être parent ?!

En explorant de façon subtile, logique et crédible les questions adjacentes comme la responsabilité ou le choix : comment réagir à une situation singulière, impromptue et inattendue qui peut changer ta vie ?! L'histoire est enrichit par des paramètres judicieux, l'une renvoie donc au film "Des Preuves d'Amour" (2025), l'autre est d'avoir choisi comme métier pour Jeanne/Cottin experte en assurance qui donne un contraste entre le pragmatisme inhérent à sa profession et le drame soudain qui chamboule son quotidien. Le cheminement de Jeanne/Cottin de célibataire lesbienne endurcie à tutrice responsable de deux enfants est la partie la plus passionnante, mais les parties les plus émouvantes voir déchirantes restent celles avec les enfants, notamment l'appel fantôme est une séquence qui foudroie le coeur. Par contre, le plus embêtant réside dans l'action du gendarme, pourquoi un gendarme lambda risquerait autant pour une femme inconnue ?! Pourquoi elle et pas un autre dossier ?! C'est aussi superflu dans l'évolution du récit qu'invraisemblable dans le réalisme procédural, surtout que le réalisateur choisit et assume une style réaliste pour ne pas dire docu-fiction. C'est le défaut du film, dommage on frôlait le très grand film. Néanmoins, Nathan Ambrosioni signe un drame touchant, plein d'acuité, avec des actrices et un jeune acteur jamais dans l'excès à voir et à conseiller.

Note :                 

15/20