The brulatist

brulatistLe brutaliste brutalisé

2025 est décidemment l’année cinématographique mettant à l’honneur un autre art : l’architecture. Avant « L’inconnu de la grande arche » ; Adrien Corbet récoltait Le Lion d’Argent à Venise pour son « The brutalist ». Cette grande fresque dont les Américains ont le secret met en scène un architecte hongrois visionnaire émigré aux E.U. Après avoir échappé à la Shoah, il aura les faveurs d’un richissime américain pour déployé tout son talent dans la construction d’un bâtiment novateur issu de la mouvance brutaliste. Cet architecte se nomme Laszlo Toth ; cherchez bien, il n’existe pas, c’est un pur personnage de fiction. L’ambition du film est belle, déjà graphiquement avec du 35mm et sa VistaVision cher à Hitchcock et surtout des plans d’une géométrie parfaite ; il nous en met plein la vue… même si le montage et les ellipses peuvent parfois paraitre brouillonne et mal maitrisée. La seconde ambition de Corbet est de réaliser une fresque dans la veine du cinéma américain avec ce film de 3h35 ; dont il parvint à imposer aux producteurs une telle longueur… monotone. Pour l’histoire en elle-même ; Lazslo Toth arrivé aux EU va vite déchanter, car Corbet raconte un brulot épique sans concession sur le rêve américain ; le traitement infligé par les WASP et le capitalisme triomphant d’après-guerre à ceux qui avaient déjà tout perdu fait froid dans le dos. Ce film fait écho à ma lecture du moment « Le bureau d’éclaircissement des destins » de Gaëlle Nohant ; mais cette dernière apporte tellement plus de finesse et de tact dans le traitement du sujet. Ici, le scénariste fait tout subir à son personnage : pauvreté, drogue, alcool, antisémitisme, exploitation, solitude, abus sexuel. N’en ajoutez plus, c’est l’overdose. Donc à part ce que l’on retrouvait de réussi chez Demoustiers et son « Inconnu de la grande arche » ; la solitude de l’artiste et ses difficultés à imposer son art en face d’investisseurs et d’institutionnels ; le reste veut tellement nous sonner que l’on sort peu ému. Son film est impressionnant, mais confus et chargé et surtout on ne comprend pas le lien entre l’artiste et son œuvre, ce qui serait un sujet à part entière. Seul un final très didactique met en perspective le brutalisme avec la vie de l’homme ; pour ce qui semble avoir été un prétexte durant 3 heures.

J’aurais adoré aimé, mais ce film se résume à un jeu de massacre simpliste démontrant que l’impérialisme est une autre forme de fascisme et que donc le rêve américain est un mensonge et conduit à la désillusion. On le savait et depuis l’ère Trump, comment être passé à côté.

Sorti en 2025

Ma note: 9/20