Des Preuves d'Amour (2025) de Alice Douard

Premier long métrage de Alice Douard, apparu comme actrice dans "Vincent n'a pas d'Ecailles" (2014) de Thomas Salvador, qui a travaillé sur le scénario de "Le Procès du Chien" (2024) de et avec Laetitia Dosch, mais qui a surtout signé plusieurs courts métrages dont "L'Attente" (2022) César du meilleur court métrage et qui a servi de base puisqu'elle a commencé à écrire son film avant le tournage de ce court qui raconte également un couple lesbien qui cherche à avoir un enfant. Un sujet qui touche intimement la cinéaste puisqu'elle même a vécu cette expérience, sa conjointe ayant porté leur enfant. La réalisatrice-scénariste a voulu un film très "féminin" avec plusieurs postes clés assumés par des femmes, outre aux Décors et aux Costumes le film est également produit par deux femmes de la société Les Films de June. Alice Douard cité comme inspiration le plus surprenant avec "Terminator 2 : le Jugement Dernier" (1991) de James Cameron, puis "Elephant" (2003) de Gu Van Sant et "Une Affaire de Famille" (2018) de Hirokazu Kore-Eda... Céline attend l'arrivée de son premier enfant, mais elle n'est pas enceinte puisque c'est Nadia, sa conjointe, qui porte leur enfant. Sous le regard des autres, des proches, mais aussi aux yeux de la loi, Céline cherche sa place et sa légitimité... 

Céline est incarnée par Ella Rumpf remarquée dans "Grave" (2016) de Julia Ducournau et "Zone(s) de Turbulence" (2023) de Hafsteinn Gunnar Sigurosson, tandis que Nadia est jouée par Monia Chokri vue dans "Falcon Lake" (2022) de Charlotte Le Bon, "Mercato" (2025) de Tristan Séguéla ou son propre film "Simple comme Sylvain" (2023). Citons ensuite Aude Pépin apparue dans "20 ans d'Ecart" (2013) de David Moreau ou "Eden" (2014) de Mia Hansen-Love et retrouve après "Rosalie Blum" (2016) de Julien Rappeneau sa partenaire Noémie Lvovsky vu récemment dans deux potages de fin d'années "Les Boules de Noël" (2024) de Alexandra Leclère et "Un Noël en Famille" (2024) de Jeanne Gottesdiener, et retrouve aussi après "Youssef Salem a du Succès" (2023) de Baya Kasmi l'acteur Edouard Sulpice qui retrouve lui-même Ella Rumpf après "Le Théorème de Marguerite" (2023) de Anna Novion, puis après "Des Hommes" (2020) de Lucas Belvaux retrouve Félix Kysyl apparu dans "L'Amant d'un Jour" (2017) de Philippe Garrel ou "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho, Julien Gaspar-Oliveri qui retrouve sa réalisatrice après le court "L'Attente" (2022) ainsi que Emilie Brisavoine qui retrouve après "La Bataille de Solférino" (2013) de Justine Triet son partenaire Tom Harari vu dans le film de son frère Arthur Harai "Onoda, 10000 Nuits dans la Jungle" (2021), il retrouve Monia Chokri après "Réparer les Vivants" (2016) de Katell Quillévéré, puis après "Suzanne" (2013) de la même réalisatrice retrouve également Anne Le Ny vue récemment dans "Un Ours dans le Jura" (2025) de et avec Franck Dubosc et "Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan" (2025) de Ken Scott, Jeanne Herry surtout connue comme réalisatrice notamment de "Je verrai Toujours vos Visages" (2023) mais aperçue récemment comme actrice dans "Chien 51" (2025) de Cédric Jimenez, Hammou Graïa aperçu dans "Personnal Shopper" (2016) de Olivier Assayas ou "Le Sel des Larmes" (2020) de Philippe Garrel, puis Pauline Bayle, surtout connue comme scénariste notamment du récent film "Le Beau Rôle" (2024) de Victor Rodenbach... 2014, une année où il faut se remettre dans le contexte puisqu'en l'adoption telle qu'elle était prévue changera en 2021. 2014 donc, où les homosexuels peuvent désormais se marier, et adopter. Le film occulte un peu trop le fait que l'adoption est en soi un parcours du combattant même pour des hétéros, alors que le film insinue que c'est compliqué que pour les lesbiennes. Un raccourci et un cliché un peu facile qui fait un peu propagande militantiste. Mais le film heureusement se rattrape sur la plupart des sujets, ainsi lors il est rappelé aux deux femmes qu'un couple hétéro peut également avoir les pires difficultés pour enfanter leur propre enfant. Sur l'envie de devenir parents, sur le besoin de filiation, sur l'amour tout court que peuvent se porter deux adultes consentants et/ou pour leur enfant, tous ces points paraissent dans ce film comme une évidence que ça ne change rien qu'on soit hétéro ou homo et c'est là la première qualité du film. Ensuite, pourtant, il y a bien la singularité de la situation de ces deux femmes, à savoir que celle qui ne porte pas l'enfant se retrouve dans une position complexe, administrativement mais aussi émotionnellement et psychologiquement notamment et surtout pour savoir et connaître sa place avant, pendant et après la grossesse.

Rappelons qu'on ne peut enlever à un père légitime et génétique le statut de père, alors que pour cette femme se posera toujours des questions de légitimité, de lien de sang qu'il faut savoir surmonter, accepter et assimiler. Le film traite cette question de bien belle manière, subtilement et avec acuité même si le film se finit trop tôt pour connaître la suite (!). On apprécie moins certaines scènes trop répétitives ou plutôt inintéressantes car semble combler quelques vides comme les passages discothèque (un écueil récurrent dans le cinéma), mais surtout on peut se demander pourquoi la maman célèbre prend autant de place alors que l'autre côté se résume à un repas de famille ?!... ATTENTION SPOILERS !... la relation mère-fille apporte une densité émotionnelle certaine, mais les soucis intra-familiaux de l'autre méritait tout autant qu'on s'y attarde, finalement l'importance dans le récit de la mère pianiste est superflu. Par là même, on remarque que les deux femmes se plaignent toujours de l'enjeu financier, cela aurait été plus probant avec deux femmes aux revenus et/ou au statut social plus modeste, entre la maman célèbre et surtout une dentiste on ne va certainement pas les plaindre... FIN SPOILERS !... Les plus belles scènes sont avec le couple, l'osmose entre Céline/Rumpf et Nadia/Chokri est palpable, elles sont deux femmes magnifiques, crédibles et sincères au diapason même physiquement, aidé par des dialogues justes et bien écrits, dans un scénario qui réussit aussi à instiller quelques doses d'humour judicieux et tout aussi crédibles (entretien avec l'anesthésiste par exemple). Ce film est évidemment un message politico-sociale, mais c'est aussi un bel hymne à maternité et surtout la parentalité sous toutes ses facettes. Un très beau moment à conseiller.

Note :                 

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15/20