Après avoir vécu une grande partie de son enfance aux Etats-Unis, où il a suivi quelques courts à l'American Academy of Dramatic Arts de New-York, revenu au Danemark à ses 17 ans, il a ensuite poursuivi à l'école de cinéma du Danemark où il s'est fait remarqué pour son court métrage "Pusher" (1995) qui a été diffusé surune petite chaîne de télévision locale. Des producteurs ont alors proposé au tout jeune cinéaste d'en faire son premier long métrage. Réalisateur-scénariste Nicolas Winding Refn co-écrit son scénario avec Jens Dahl lui-même débutant qui fera l'essentiel de sa carrière à la télévision mais avec qui il retrouvera une bonne partie de l'équipe pour le futur "Breeder", dont Jens Dahl signera son remake éponyme en 2020. Le cinéaste danois précise ses principales inspirations : "La Bataille d'Alger" (1966) de Gillo Pontecorvo, "French Connection" (1971) de William Friedkin, "Mean Streets" (1973) de Martin Scorcese, "Meurtre d'un Bookmaker Chinois" (1976) de John Cassavetes et "Cannibal Holocaust" (1980) de Ruggero Deodato. Le film est un succès surprise, surtout au Danemark mais aussi en Europe qui lui offre une reconnaissance presque inattendue au point que le film va devenir culte. Devenu un nouveau visage du cinéma danois il va enchaîner avec la même équipe pour "Bleeder" (1999). Le film est interdit au moins de 16 ans... A Copenhague, Frank vend de l'héroïne avec son acolyte Tonny. Endetté auprès du caïd Milo, il lui propose un marché trop beau pour être vrai mais qui arrangerait les deux parties, malheureusement le gros coup est une catastrophe et Frank se retrouve dos au mur. Milo devenant de plus en plus menaçant, Frank commence à perdre pied et à s'en prendre aux seuls amis qu'il a...
Frank est joué par Kim Bodnia juste remarqué par "Le Veilleur de Nuit" (1994) de Ole Bornedal, qui sera surtout vu ensuite chez Susanne Bier dans "Revenge" (2010), "Love is All you Need" (2011) et "Serena" (2014), et surtout qui retrouvera Nicolas Winding Refn dans "Bleeder" (1999) à l'instar de Levino Jensen et surtout du croate Zlatko Buric alias Milo qui est le seul acteur qui sera de tous les films de la franchise "Pusher" (1996-2012), et retrouvera aussi après "La Nuit des Vampires" (1998) de Shaky Gonzales, puis dans "Bleeder" (1999) et "Pusher II" (2004) son partenaire Mads Mikkelsen alias Tonny qui deviendra une star avec "Casino Royale" (2006) de Martin Campbell, retrouvera encore Refn pour le chef d'oeuvre "Vahllala Rising - Le Guerrier Silencieux" (2009), puis retrouvera également dans "La Chasse" (2012) et "Drunk" (2020) tous deux de Thomas Vinterberg son camarade Thomas Bo Larsen acteur fétiche du cinéaste avec qui il a tourné aussi "Les Héros" (1996) et "Festen" (1998). Citons encore Laura Drasbaek surtout apparue ensuite à la télévision à l'exception du film "Murk" (2005) de Jannik Johansen, Vanja Bajicic qui est à l'instar de Zlatko Buric le seul à être présent sur l'ensemble de la trilogie, il retrouvera donc Slavko Labovic dans "Pusher III" (2005), vu ensuite dans "Meso" (2018) de Sasa Hajdukovic ou "Oluja" (2023) de Milos Radunovic, puis enfin Peter Andersson remarqué dans "Freud quitte la Maison" (1991) de Susanne Bier, qui retrouvera Mads Mikkelsen dans "Flickering Lights" (2000) de Anders Thomas Jensen mais qui sera surtout connu pour la trilogie "Millenium" (2009) de Niels Arden Oplev, sans oublier un caméo de Nicolas Winding Refn dans le petit rôle de Brian... Nicolas Winding Refn, alors jeune débutant a dû faire face à un cas qui aurait pu être très problématique, en effet les guerres civiles de Yougoslavie et donc le conflit serbo-croate était concomitant au tournage et il s'avère que le croate Zlatko Buric devait travaillé avec le serbe Slavko Labovic qui était une connaissance de surcroît au chef de guerre serbe Zelko Raznatovic, l'acteur a même offert une affiche de propagande de ce dernier au réalisateur qui est d'ailleurs visible dans la caféteria de Milo/Buric. Refn sera inquiet du relationnel entre les deux acteurs durant le tournage, mais finalement il n'y aura aucun soucis... Pas vraiment mafieux le film n'est alors pas prévu comme le premier opus d'une trilogie, et se suffit donc à lui-même comme à l'origine avec "Le Parrain" (1972à de Francis Ford Coppola. D'ailleurs, on peut voir l'oeuvre de Refn comme l'anti-thèse totale à celle de Coppola.
En effet, ici pas de smocking ou de costard, ni même de clos blancs, pas de millions de dollars ou de luxe mais des mafieux undergound, des caïds crasseux et crassous de bas étages où même les plus gros n'hésitent pas se salir les mains. A cette petite échelle du crime il y a encore une once de loyauté, mais un coup de malchance, la poisse fait que le grain de sable emporte dans un cercle vicieux qui mène à la perte. La première partie est une sorte de docu-fiction, grain de l'image appuyé, caméra à l'épaule comme filmé dans l'urgence, une plongée dans le crime sans envergure avant l'incident à partir de quoi tout part en cacahuète. Le casting est parfait et idéal, des gars inconnus qui accentuent l'authenticité, des acteurs avec des gueules dont certaines vont bientôt marquer encore plus les grands écrans. Pas de scènes trop spectaculaires ou trop improbables non plus, tout sonne juste, réaliste, crédible jusque dans la perte de contrôle des protagonistes, le sang-froid est l'apanage des "stars" hollywoodiennes. Nicolas Winding Refn signe un coup de maître, un talent brute prometteur à suivre assurément.
Note :
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