Belladone (2025) de Alanté Kavaïté

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Troisième long métrage de la franco-lituanienne Alanté Kavaïté après "Ecoute le Temps" (2007) et "Summer" (2015) pour lequel elle avait gagné le Prix de la mise en scène au Festival de Sundance 2015. Entre temps elle a également été la co-scénariste du film "Evolution" (2016) de Lucile Hadzihalilovic. La cinéaste confie s'être inspiré d'une expérience personnelle : "L'idée de ce film est née d'un sentiment de grande impuissance face à des amis âgés et à leurs corps fragiles." Mais le déclic a été quand une amie médecin lui a dit qu'elle se trompait en cherchant à les protéger au lieu de respecter leurs désirs simples, comme par exemple boire un verre de vin. La réalisatrice-scénariste co-signe son scénario avec Sara Wikler scénariste entre autre les films "Quitter la Nuit" (2023) de Delphine Girard, "HLM Pussy" (2024) de Nora El Hourch et "La Famille Hennedricks" (2024) de et avec Laurence Arné. La cinéaste cite comme référence principal le récit "Aurélia ou le Rêve et la Vie" (1855) de Gérard De Nerval, et précise à propos du titre que "c'est à la fois un poison et un remède", pour pointer du doigt toute l'ambiguïté du récit... Dans un futur proche, sur une île coupée du monde, Gaelle, 30 ans, prend soin d'une petite communauté de personnes âgées. L'arrivée d'un voilier avec un couple à son bord fait revenir joie et vie sur l'île. Pourtant Gaelle est soupçonneuse, et ses doutes se font plus fort quand les anciens se mettent à mourir... 

Gaelle est incarnée par Nadia Tereszkiewicz vue récemment dans "L'Île Rouge" (2024) de Robin Campillo et "Rosalie" (2024) de Stephane Di Giusto, elle s'occupe donc des personnes âgées jouées par Patrick Chesnais vu dans "L'Empereur de Paris" (2018) de Jean-François Richet ou "Lui" (2021) de et avec Guillaume Canet, puis retrouve après "Netchaïev est de Retour" (1991) de Jacques Deray sa partenaire Miou-Miou actrice phare de "Les Valseuses" (1974) de Bertrand Blier ou "Germinal" (1993) de Claude Berri puis vue depuis dans "Pupille" (2018) de sa fille Jeanne Herry ou "Populaire" (2012) de Régis Roinsard après lequel elle retrouve  Feodor Atkine vu récemment dans l'excellent "L'Astronaute" (2022) de et avec Nicolas Giraud et qui a déjà abordé le poison des plantes dans "Fleurs de Tonnerre" (2016) de Stéphanie Pillonca-Kervern retrouvant ainsi l'acteur Jean-Claude Drouaut acteur révélé par la série TV culte "Thierry la Fronde" (1963-1966), Alexandra Stewart vue entre autre dans "Exodus" (1960) de Otto Preminger, "Le Feu Follet" (1963) de Louis Malle, "La Nuit Américaine" (1973) de François Truffaut ou plus récemment "Les Secrets de la Princesse de Cadignan" (2023) de et avec Arielle Dombasle. Citons ensuite le couple intrus joué par Daphné Patakia remarquée dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven puis vue dans "Sur la Branche" (2023) de Marie Garel-Weiss ou "Toutes pour Une" (2025) de Houda Benyamina, et enfin Dali Benssalah qui retrouve Miou-Miou après "Je verrais toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry, puis retrouve Nadia Tereszkiewicz après "La Dernière Reine" (2023) de Damien Ounouri et Adila Bendimerad... On se retrouve sur une île isolée, a priori dans un futur très proche mais rien ne nous informera sur ce point, rien ne nous prouverait une quelconque époque avancée, où des personnes âgées sont en retraite en sécurité dont le quotidien est gérée par une jeune femme qui ne semble pas avoir d'avenir ou autre intérêt dans la vie que ses "petits vieux". L'image est épurée, dans une lumière claire et froide d'un soleil d'automne qui impose une certaine sérénité puis une mystérieuse appréhension. L'arrivée du jeune couple est forcément empreint de soupçon et impose un suspense peu subtil tandis que les morts soudaines se multiplient. Les vieux semblent pourtant plus heureux, moins engoncés dans les entraves trop protectrices de Gaelle/Tereszkiewicz, tandis qu'on n'apprendra jamais rien des uns et des autres, ni du couple ni des vieux de leur passé ou de leur desiderata.

On a bien du mal à s'attacher aux personnages dont on ne sait rien ou pas grand chose, qui sont tous avares de paroles dans des dialogues à l'image du récit : sans enjeu véritable. Au départ tout repose sur les soupçons de Gaelle vis à vis du couple amenant à des scènes déchirantes comme celle où elle comprend malgré toute son empathie et son amour qu'elle perd autant son autorité que son emprise sur les pensionnaires. Mais quand arrive la césure... ATTENTION SPOILERS !... Après avoir prolongé leur séjour au grand dam de Gaelle, le couple quitte enfin l'île sans qu'on comprenne si ils sont coupables ou non, s'ils sont restés par intérêt ou pas... Etc... FIN SPOILERS !... le film stagne, on ne comprend pas où vous nous menez la réalisatrice avant de comprendre et de se dire tout ça pour ça. Le couple s'avère donc un paramètre bien anecdotique, la thématique qui se dévoile est amenée avec trop de maladresses et une évolution du récit bien vaine. En surface le film est un huis clos "hors des cadres religieux ou sociologiques" (dixit la cinéaste), mais ça reste une histoire qui crée tout un enjeu avant de s'effondrer, réduisant à néant en quelques minutes ce qui a été mis en place durant une heure pour constater qu'il n'y avait de la substance que pour un court métrage. Dommage.

Note :                 

09/20