Bugonia (2025) de Yorgos Lanthimos

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau et 9ème long métrage du cinéaste grec Yorgos Lanthimos, depuis "Kinetta" (2005), mais remarqué avec "Canine" (2009) puis qui a commencé à tourner hors de son pays à partir de "The Lobster" (2015) avant de connaître une collaboration prolifique avec la star Emma Stone qui pour des films qui vont lui offrir la reconnaissance internationale. Chose qui n'est pas courant, cette fois le cinéaste n'est pas à l'origine du projet, il s'agit en effet d'un remake du film sud-coréen "Save the Green Planet !" (2003) de Jang Joon-Hwan avec un scénario écrit par Will Tracy qui a signé auparavant "Le Menu" (2023) de Mark Mylod. Lanthimos accepte donc un film dont il n'est pas le scénariste, mais il ne l'était pas non plus pour son chef d'oeuvre "La Favorite" (2018) et pour "Pauvres Créatures" (2023). Surtout à la production il y a Ari Aster lui-même réalisateur singulier des films "Hérédité" (2018), "Midsommar" (2019), "Beau is Afraid" (2023) et "Eddington" (2025), c'est en tant que producteur qu'il a notamment imposé le changement de sexe du personnage principal du PDG qui passe ainsi d'homme à femme. Film interdit au moins de 12 ans...

Teddy, un apiculteur adepte des théories du complot décide avec son ami de kidnapper Michelle, une PDG d'un grand groupe pharmaceutique parce qu'ils sont persuadés qu'elle est en réalité une extraterrestre voulant annihiler la Terre... La PDG est incarnée par Emma Stone vue justement tout récemment dans "Eddington" (2025) de Ari Aster, mais elle est surtout devenue la muse du réalisateur jouant dans tous ses films depuis "La Favorite" (2018). Les deux complotistes sont joués par Jesse Plemons vu entre autre dans "The Power of the Dog" (2021) de Jane Campion ou "Civil War" (2024) de Alex Garland et retrouve aussi sa partenaire et son réalisateur après "Kind of Kindness" (2024), puis Aidan Delbis dans son premier rôle au cinéma. Citons ensuite Stavros Chalkias remarqué dans la série TV "Grosse Pression" (2024-...), Parvinder Shergill surtout connue comme Productrice-réalisatrice-scénariste-actrice des films "Touché" (2024) et "Break a Leg" (2025), pusi enfin Alicia Silverstone grand espoir du grand écran à l'époque de "Clueless" (1995) de Amy Heckerling ou "Batman & Robin" (1997) de Joel Schumacher avant de doucement glisser sur les dunes du désert malgré son retour devant la caméra de Yorgos Lanthimos après "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017)... Quand on connaît la filmo du cinéaste grec on s'étonne d'abord d'un prologue aussi rapide, aussi prompt à démarrer l'intrigue aussi vite et aussi directement. Ainsi, il faut quelques minutes pour savoir que les deux complotistes façon rednecks trumpistes sont déjà décidé à kidnapper une PDG qu'ils savent d'ores et déjà être un alien. Ok... Rarement pourtant le cinéaste aura avancé aussi peu finement son intrigue, on perçoit le fin mot de l'histoire mais, malin, Lanthimos use de sa virtuosité pour combler ce défaut avec une mise en scène toujours aussi fascinante, avec une caméra fluide et toujours en mouvement, bien aidé une fois de plus par sa muse, Emma Stone n'est jamais aussi impressionnante que chez ce réalisateur, leur duo est bel et bien désormais parmi les couples les plus mythiques du Septième Art.

Jesse Plemons n'est pas en reste avec une performance hors norme, méconnaissable il offre là un de ses tout meilleur rôle. Mais après un quart d'heure le récit devient redondant, n'avance plus beaucoup, tourne en rond avec des dialogues épuisants et tout aussi rébarbatifs qui flirtent vite et trop souvent avec des débats et autres affirmations digne des philosophies de comptoir troquet du coin avec piche et poche même si l'écriture de Lanthimos reste d'une tout autre saveur. Le film devient long, voir ennuyeux, surnageant que grâce à des personnages/acteurs au diapason, à la force évocatrice démente. Mais ce ventre mou, où l'otage fait preuve d'une combativité élitiste inouïe face à deux complotistes peu originaux (un meneur et le suiveur, sur ce point le cinéaste n'a pas cherché loin) amène vite à la conclusion final. En effet, le twist n'en est pas un, on voit venir la fin tant on a le temps d'y penser et d'entendre les gros sabots saboter (!) une histoire qui valait bien mieux... ATTENTION SPOILERS !... un fin qui dévoile l'évidence, les complotistes ne le sont pas, et un décor final hideux où les aliens sont en costumes de rotin dans un décor cheap digne des années 70... FIN SPOILERS !... En résumé, un premier quart d'heure prometteur et prenant, ensuite une grand ventre mou ennuyeux (grosse baisse pas la moyenne) avec quelques éclats de génie, et une fin trop vite vue de loin et de surcroît trop laide visuellement. Note en conséquence de ces montagnes russes, dommage pour l'un des réalisateurs les plus passionnants de ces dernières années... 

Note :                 

12/20