Nouveau film de Ron Howard, réalisateur majeur à Hollywood avec des succès comme "Willow" (1988), "Apollo 13" (1995) ou "Rush" (2013) mais il est en difficulté depuis, notamment après avoir accepté de reprendre le film de commande "Solo : a Star Wars Story" (2018) qui va s'avérer un échec. Depuis il a de nouveau tourné mais pour les plateformes de streaming, Netflix pour "Une Ode Américaine" (2020) et Prime Video pour "Treize Vies" (2022). Ainsi Prime lui propose un nouveau projet, dont le scénario est écrit par Noah Pink un auteur surtout connu pour avoir écrit pour les plateformes les films "This is your Death" (2017) de Giancarlo Esposito ou "Tetris" (2023) de Jon S. Baird. L'histoire est tiré d'une histoire vraie presque "incroyable mais vraie" connue sous l'affaire des Galapagos (Tout savoir ICI) survenu au début des années 30. Si l'histoire a défrayé la chronique à l'époque il est presque surprenant qu'une telle histoire soit restée ensuite dans l'ombre, mais on peut citer pourtant un film précédent, "L'Affaire des Galapagos : Satan est venu à Eden" (2013) de Daniel Geller et Dayna Goldfine avec des stars comme Cate Blanchett ou Diane Kruger, une version qui repose sur le livre "Satan Came to Eden" (1936) de Dore Strauch, une des protagonistes de l'affaire. Une autre survivante signera sa version des faits avec le livre "Postlagernd Floreana" (1959) de Margaret Wittmer. Il semble que le scénariste et Ron Howard ont été moins unilatéraux que le film précédent...
Rejetant les valeurs universelles en place, le philosophe allemand Friedrich Ritter et son épouse Dore Straucht sont partis s'exiler en 1929 sur l'île de Floreana aux Galapagos. Heureux seuls il veulent y trouver le bonheur simple et un sens à la vie tandis que Ritter rédige un manifeste alors que Dore lutte contre la sclérose en plaque. Mais un jour, en 1932, leur solitude est bouleversée avec l'arrivée d'une famille, celle des Wittmer. L'entente est cordiale mais leur installation sur leur île frustre particulièrement le couple philosophe. La tension monte encore quand arrive à son tour quelques mois après une "baronne", et sa suite qui rêve de construite un hôtel de luxe. Durant des mois les coups bas se succèdent aux marques de politesse et de bon voisinage mais les conflits se multiplient... Le couple de philosophe est est incarné par Jude Law vu récemment "Peter Pan et Wendy" (2023) de David Loweryn, "Le Jeu de la Reine" (2024) de Karim Aïnouz et "The Order" (2024) de Justin Kurzel, puis Vanessa Kirby vue dans "Napoléon" (2023) de Ridley Scott, "Les Quatre Fantastiques : Premiers Pas" (2025) de Matt Shakman et "Night Always Comes" (2025) de Benjamin Caron. Le couple Wittmer est interprété par Daniel Brühl vu dans "The King's Man : Première Mission" (2022) de Matthew Vaughn ou "Race for Glory : Audi vs Lancia" (2024) de Stefano Mordini, avec Sydney Sweeney vue dans "Immaculée" (2024) de Michael Mohan, "Echo Valley" (2025) de Michael Pearce et "Christy" (2025) de David Michôd. La baronne est jouée par Ana De Armas vue entre autre dans "Blonde" (2022) de Andrew Dominik, "Ghosted" (2023) de Dexter Fletcher et "Ballerina" (2025) de Len Wiseman, elle est entourée de Toby Wallace remarqué dans "The Bikeriders" (2023) de Jeff Nichols, "Finestkind" (2023) de Brian Helgeland et "Last Days" (2025) de Justin Lin, puis Felix Kammerer qui retrouve Daniel Brühl après "A l'Ouest, Rien de Nouveau" (2022) de Edward Berger. Enfin n'oublions pas le rôle d'un milliardaire joué par Richard Roxburgh vu dans "Moulin Rouge" (2001) et "Elvis" (2022) tous deux de Baz Luhrmann... Le premier intérêt du film, faut bien l'avouer reste son casting prestigieux, un Jude Law qui était en léger déclin et qui semble revenir en privilégiant les personnages complexes et/ou ambigus, l'acteur allemand le plus passionnant avec Daniel Brühl, puis surtout trois des actrices de la nouvelle génération parmi les plus en vue de Hollywood, belles et talentueuses dont une mention spéciale pour la pulpeuse Sydney Sweeney qui surprend encore avec un rôle ingrat (enlaidie, engoncée dans un personnage qui n'apparaît pas très intéressant... au premier abord !). L'autre intérêt est que le film relate des faits réels, avérés mais dont les éléments plus ou moins flous reposent sur les différences entre les deux versions de Dore Strauch/Kirby et Margaret Wittmer/Sweeney. Le film réussit à rester cohérent de bout en bout, plausible, et surtout arase la frontière entre les deux versions.
L'histoire est donc un huis clos en plein air, moins de dix personnages, trois "familles" très différents qui se retrouvent en communauté sur une petite île et dont la vie en communauté ne semble pas avoir la même saveur pour chacun d'eux. Un panel d'une époque et d'une société occidentale plutôt privilégiée, en effet qui pourrait préparer un tel voyage ? Chacun des protagonistes a une singularité passionnante, Ritter est un philosophe imbu de sa personne et de ce qu'il croit savoir, adulé par son épouse, mais qui va vite perdre pied au grand dam de son épouse, les Wittmer espère une autre vie inspiré justement par Ritter, leur humilité les pousse à une certaine soumission mais jusqu'à quand ? Et enfin une "baronne" qui a tout de la mondaine faussement artiste, qui a réussi par les hommes et donc prête à tout mais qui a une idée entreprenariale presque en avance sur son temps. La coexistence s'envenime donc très vite. Le soucis est surtout que la mise en scène de Ron Howard manque un peu de panache, trop académique pour un huis clos qui se limite à trois habitations de fortune, sans savoir mettre en avance les beautés exotiques qui les entourent, laissant étonnamment l'océan en arrière-plan, les éléments naturels sont occultés, et une certaine facilité entoure les problématiques autour de la nourriture. Mais l'évolution des personnages restent passionnante, surtout le philosophe et madame Wittmer, et certaines séquences restent marquantes (la grossesse et l'attaque des chiens). Une histoire qui vaut le détour assurément, une affiche alléchante d'acteurs et actrices investis et inspirés font le reste. A voir.
Note :
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