L'inconnu de la grande arche

L'inconnu grande arche
Le cube

Stéphane Demoustier fait partie de cette jeune génération de réalisateur français qui commence à peser dans le cinéma hexagonal. Il s’attaque là à ce qui pourrait paraitre être une histoire anecdotique mais dont il fera naitre un propos plus grand. En 1983, c’est un architecte danois inconnu de 53 ans n’ayant construit que sa maison et quatre églises qui gagne le concours pour construire ce qui deviendra un monument majeur du Paris architectural du XXème siècle: la grande arche de la Défense.

Le fameux Otto von Spreckelsen, inconnu de nombreux d’entre nous, voit en ce projet l’œuvre de sa vie. Il a raison, donc son implication sera tout autant totale qu’il sera lui-même inflexible. Il est en symbiose avec Mitterrand, le monarque architecte, qui approuve tous ses choix artistiques quel qu’en soit le coût. C’était une autre époque, le chéquier de l’Etat était open et on n’hésitait pas à déplacer une virgule pour passer de 2.5 millions à 25. Et puis boom !!! Cohabitation, changement de politique et d’interlocuteur et maitrise des coûts ; l’artiste va se retrouver contrarié dans ses plans. Début des 80’s, le monde entre dans la néo libéralisme. On passe de la comédie autour de cet architecte drôlement monolithique à la tragédie de l’artiste ne pouvant renoncer à l’œuvre qu’il envisageait. Le prof d’architecture idéaliste se retrouve confronter à des contraintes techniques et budgétaires auxquels il n’est pas préparé et qu’il n'est pas prêt à accepter. Construire c’est renoncer ; mais ce n’est pas sa doctrine, pour lui le compromis est synonyme de compromission. Ce film interroge donc la place de l’artiste dans ces projets pharaoniques financés par les fonds publics et éminemment politiques. Jusque dans son final tragique, il est fait la démonstration qu’il faut être armé pour de tels ouvrages et accepter d’y laisser de soit même ; ce que ce danois derrière son idée novatrice n'avait pas envisagé.

Amusant dans sa première moitié puis tragique ; mais surtout instructif qui donne envie de voir un autre film du début d’année sur l’architecture : « The brutalist ».

Sorti en 2025

Ma note: 14/20