Eleanor the Great (2025) de Scarlett Johansson

Après une première expérience derrière la caméra avec le court métrage "These Vagabond Shoes" (2009) la star Scarlett Johansson, vue tout récemment dans "Jurassic World : Renaissance" (2025) de Gareth Edwards, se lance dans son premier long métrage en tant que réalisatrice mais également en tant que productrice, poste qu'elle avait déjà assumée sur ses films "Black Widow" (2021) de Cate Shortland et "To the Moon" (2024) de Greg Berlanti. La cinéaste a porté son choix sur un scénario écrit par Tory Kamen qui n'avait jusqu'ici travaillé que pour la télévision dont la série TV "Very Bad Nanny" (2017-2018), et qui s'est inspiré de directement de sa grand-mère qui avait quitté la Floride pour Manhattan à l'âge de 95 ans. L'histoire a touché la productrice-réalisatrice alors qu'elle venait (en 2020) d'apprendre que la famille de son arrière-grand-oncle avait péri dans le ghetto de Varsovie. Elle a ajouté également des éléments personnels comme le quartier de Coney Island où habitaient ses grands-parents dans les années 50-60 dont les souvenirs ont nourri le récit du film. Eleanor Morgenstein, une femme de 94 ans pleine d'esprit et pétulante quitte sa Floride pour aller vivre à Manhattan et se lie bientôt d'une amitié singulière avec une étudiante de 19 ans qui souhaite écrire sa thèse sur la vie de la nonagénaire... 

Le rôle titre est incarné par June Squibb remarquée tardivement dans "Alice" (1990) de Woody Allen et "Le Temps de l'Innocence" (1993) de Martin Scorcese et surtout plus tard dans "Monsieur Schmidt" (2002) et "Nebraska" (2013) tous deux de Alexander Payne. L'étudiante est jouée par Erin Kellyman vue dans "Solo : a Star Wars Story" (2018) de Ron Howard, "The Green Knight" (2021) de David Lowery ou "Blitz" (2024) de Steve McQueen, tandis que son père est joué par Chiwetel Ejiofor vu dernièrement dans "The Life of Chuck" (2024) de Mike Flanagan, "Venom : the Last Dance" (2024) de Kelly Marcel et "Bridget Jones : Folle de Lui" (2025) de Michael Morris. Citons ensuite Jessica Hecht qui retrouve Scarlett Johansson après avoir partager les planches de Broadway pour la pièce "Vu du Pont" (2009) d'après Arthur Miller, et vue depuis au cinéma dans "Whatever Works" (2009) de Woody Allen, "My Soul to Take" (2010) de Wes Craven ou "L'Extraodinaire Mr. Rogers" (2019) de Marielle Heller, puis Will Price aperçu tout récemment dans "Un Parfait Inconnu" (2025) de James Mangold, et Rita Zohar surtout apparu à la télévision outre les flms "Le Chat de Madame Moskowitch" (2009) de Jorge Gurvich et "Unspoken" (2024) de Jeremy Borison... Précisons que Scarlett Johansson a fait appel à de véritables rescapés de la Shoah, rencontrés via les organisations telles que la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, pour camper les membres du groupe de parole dans le film... Sur une thématique similaire, dans ce style auteuriste et dans ce genre réaliste et en citant des films récents Scarlett Johansson offre un petit bijou entre "Voyage avec mon Père" (2025) de Julia Von Heinz et "Marco, l'Enigme d'une Vie" (2025) de Aitor Arregi et Jon Garano où comment une presque centenaire en deuil se laisse aller à vivre par procuration et à l'insu de son plein gré un destin qui n'est pas le sien.

D'abord la réalisatrice s'amuse à instiller un doute (Eleanor lesbienne ou bi ou hétéro ?!), et nous présente une femme d'un âge canonique pétillante, volontiers taquine voir moqueuse qui s'incruste chez sa fille aimante qui voudrait la placer tout de même en maison de retraite. Le film évite ainsi judicieusement l'écueil de l'enfant égoïste qui veut simplement se débarrasser d'une mère encombrante, par là même on évite l'ado cliché mal dans sa peau et/ou grognon. Entre temps, la fille et son fils ne se rendent pas compte que Eleanor va se construire une vie sociale en intégrant une communauté et en rencontrant une amie singulière. Si Eleanor/Squibb est merveilleuse avec un rôle taillé sur mesure, sa jeune amie Nina/Kellyman n'est pas en reste, endeuillée mais moins préparée à la vie, touchante et émouvante elle crée à la fois un parallèle et un paradoxe avec son face à face intergénérationnel. Le récit est très bien écrit, l'évolution des personnages attendus et lisibles, trop peut-être, mais les deux femmes sont si attachantes que tout est aussi logique et fluide à l'exception de deux passages... ATTENTION SPOILERS !... l'interruption brutale et sans aucune classe de la fille lors de la bar-mitzvah paraît peu cohérente avec l'amour esquissé auparavant au sein de la famille. Ensuite la réaction de Nina qui refuse d'entendre une explication est un écueil trop galvaudé surtout que le personnage est écrit comme une jeune femme douce, patiente et communicative. Enfin la dernière partie est trop pathos... FIN SPOILERS !... Ainsi on est surtout déçu par la fin trop tire-larmes alors même que le récit était jusqu'ici dans une fantaisie mesurée pointée vers un optimisme et une recherche de bonheur. Néanmoins, la réalisatrice signe un joli portrait de femmes tout en offrant un film hommage à la mémoire collective et universelle. Un très joli moment à conseiller.

Note :                 

Eleanor Great (2025) Scarlett JohanssonEleanor Great (2025) Scarlett Johansson

14/20