Dossier 137 (2025) de Dominik Moll

Devenu un spécialiste de l'univers policier ancré dans la réalité, du thriller psychologique "Harry un ami qui vous veut du Bien" (2000) au remarquable polar immersif "La Nuit du 12" (2022), Dominik Moll est devenu un réalisateur de premier plan sur le sujet et revient dans à cet univers policier sur une facette qu'on connaît un peu moins bien pour le commun des mortels, la Police des Police ou les "boeufs carottes". L'intérêt du cinéaste a été tel qu'il a pu s'immerger au sein de l'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) où le cinéaste explique qu'il a pu observer de près les "méthodes, motivations et difficultés", et "la langue particulière de la procédure judiciaire (...) à la poésie un peu particulière". Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec son fidèle comparse Gilles Marchand avec qui il a écrit tous ses films à l'exception notable de son unique film historique "Le Moine" (2011). Rappelons que Gilles Marchand est également réalisateur de "Qui a tué Bambi ?" (2003), "L'Autre Monde" (2010) et "Dans la Forêt" (2016), mais il écrit surtout pour les autres dont les récents "L'Île Rouge" (2023) de Robin Campillo et "La Nuit se Traîne" (2024) de Michiel Blanchart... Un jeune homme est gravement blessé par un tir de flash-ball lors des manifestations des Gilets Jaunes. Stephanie, officier à l'IGPN est chargé de ce dossier n°137. Une enquête qui va troubler Stephanie à la suite d'un élément inattendu... 

L'enquêtrice est incarnée par Léa Drucker vue tout récemment en policière déjà dans "Le Mélange des Genres" (2025) de Michel Leclerc et "L'Intérêt d'Adam" (2025) de Laura Wandel, et retrouve après "Un Homme en Fuite" (2024) de Baptiste Debraux le jeune Théo Navarro-Mussy aperçu dans "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti et "Les Rois de la Piste" (2024) de Thierry Klifa. Citons ensuite Théo Costa-Marini apparu dans "Astrakan" (2023) de David Depesseville, Valentin Campagne apparu dans la série TV "L'Eclipse" (2024), Mathilde Roehrich aperçue dans "Le Retour du Héros" (2018) de Laurent Tirard ou "Le Sens de la Famille" (2021) de Jean-Patrick Bénès, Guslagie Malanda remarquée dans "Saint-Omer" (2022) de Alice Diop et "La Bête" (2023) de Bertrand Bonello, Stanilas Merhar vu récemment dans "Badh" (2023) de Guillaume de Fontenay, "Fanon" (2025) de Jean-Claude Barny et retrouve après "Maria" (2024) de Jessica Palud son partenaire Alexandre Ionescu qui était dans "La Nuit du 12" (2022) et vu dans "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi, "J'irai mourir dans les Carpates" (2020) de Antoine de Maximy, Solan Machado-Graner vu dans "En attendant Bojangles" (2021) de Régis Roinsard et "Les Rêveurs" (2025) de et avec Isabelle Carré, Antopnia Buresi vu dans "Le Beau Rôle" (2024) de Victor Rodenbach, "Le Système Victoria" (2025) de Sylvain Desclous et "Je le Jure" (2025) de Samuel Théis, Floernec Viala apparue dans "Une Jeune Fille qui va Bien" (2021) de Sandrine Kiberlain et "Une Pointe d'Amour" (2025) de Mael Piriou, Kevin Debonne remarqué avec "Je te veux Moi non Plus" (2021) de Rodolphe Lauga et avec sa compagne de l'époque Inès Reg, Laurent Bozzi vu surtout aux côtés de Daniel Auteuil dans son film "Le Fil" (2024), "Un Silence" (2024) de Joachim Lafosse et "La Petite Vadrouille" (2024) de et avec Bruno Podalydès, Etienne Guillou-Kervern vu récemment dans les médiocres "Ad Vitam" (2025) de Rodolphe Lauga et "The Killer" (2025) de John Woo, puis Yoann Blanc vu entre autre dans "Lucky" (2020) de Olivier Van Hoofsatdt ou "La Terre des Hommes" (2021) de Noel Marandin... Rappelons que dans la police, les membres de l'IGPN sont assez logiquement peu apprécié par les autres policiers, ou du moins tous les autres policiers se méfient particulièrement de ces "collègues" de l'autre bord et ce, même si c'est hors cadre d'enquête : on ne sait jamais ! Ainsi, le premier soucis du film réside dans cette nuance, d'un côté cette méfiance est montrée de façon très caricaturale en insistant sur les syndicats (qui n'ont assurément pas la force de frappe que le film sous-entend (rappelons que moins de 48% des policiers sont syndiqués, et de surcroît partagés par deux forces politisées très distinctes), tandis que tout le récit montre une vision unilatérale. D'ailleurs, on sent que Dominik Moll sait que son histoire est trop manichéenne, et tente en une phrase d'équilibrer le propos : "mais à force de trouver des excuses à ceux qui déconnent les flics sérieux qui essaient de bien faire leur boulot ils vont tous se barrer de la police." (?!)

Mais cette réplique sonne faux car trop écrite et nullement naturelle ou plausible, en effet, d'abord on ne quitte pas un boulot aussi facilement (pour faire quoi ensuite ?! Prêt, vie personnelle... etc... un flic a les mêmes soucis que n'importe quel citoyen), ensuite c'est justement les "petites bêtes" chercher par l'IGPN qui freinent les policiers qui, la plupart baissent les bras et restent comme simple fonctionnaire faisant le minimum syndical. C'est là que le film se trompe et évite le vrai soucis intrinsèque sur le relation entre l'IGPN et les autres services. Par là même, comme par hasard, la victime est issu d'une bonne famille, la bavure dans le film en est un clairement et est condamnable, les flics mis en cause sont des clichés du cowboy soutenu par ses collègues, aucune nuance ni dans le récit, ni dans l'intrigue, ni dans l'écriture des personnages alors que ce genre de bavure 100% anti-flic sont une extrême minorité, la réalité des faits est très souvent bien plus complexe en témoigne toutes ces vidéos tronquées et remontées où on ne voit souvent que 1-2mn d'un événement bien plus long. Dommage, car Léa Drucker est impeccable (encore une fois !), la plupart des éléments techniques et procéduraux restent solides et réalistes... ATTENTION SPOILERS !... comme par hasard l'enquêtrice fait des heures sup et en fait plus que la norme alors même qu'apparemment elle est débordée (plus de 40 dossiers précisée) et comme part hasard ce dossier la touche plus que toutes les autres  affaires passés ou présents, si chaque flic devait être émotionnellement aussi impliqué juste parce que maman a croisé une autre maman on n'arrêterait plus les heures sup déjà importantes... FIN SPOILERS !... la partie personnelle et intime de l'enquêtrice est aussi bien décrite dont un chaton qui renvoient clairement à Bourvil dans "Le Cercle Rouge" (1970) de Jean-Pierre Melville. L'atmosphère, les rapports entre policiers, le côté docu-fiction, les procédures, l'émotion (évidemment !) toutes ces parties restent prenantes, et il ne faut pas nier que ce genre de bavures existent, mais il est dommage que Dominik Moll oublie que le monde n'est pas tout noir ou tout blanc et que son film reste paradoxalement le contraire de justice tant son film est à charge, rappelant que le policier est effectivement le seul justiciable en France qui est "présumé coupable". 

Note :                 

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12/20