Jean Valjean (2025) de Eric Besnard

Par Seleniecinema @SelenieCinema

10ème long métrage de Eric Besnard depuis "Le Sourire du Clown" (1999) en passant par "600 Kilos d'Or Pur" (2010) ou son dernier "Louise Violet" (2024). Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste adapte un des plus grands classiques de la littérature française et mondiale, "Les Misérables" (1862) de Victor Hugo, une énième adaptation du chef d'oeuvre produite en parallèle et donc en doublon avec le futur "Les Misérables" (2026) de Fred Cavayé avec Vincent Lindon ; un doublon franco-français malheureux, comme il y en a trop souvent et qui est souvent fatal à l'un des deux, on pense aux nouvelles version de la Guerre des Boutons en 2011 ou aux films sur Yves Saint-Laurent en 2014. Ce drame historique est produit avec un budget "raisonnable" de 7 millions d'euros...

1815, Jean Valjean sort du bagne. Errant sans but véritable il trouve refuge chez un homme d'Eglise, sa soeur et sa servante, cette dernière lui étant particulièrement hostile. Valjean fait un nouveau mauvais choix mais la main tendue du prêtre le sauve. Valjean finalement vacille devant tant de bonté, et comprend qu'il lui faut faire des choix et savoir ce qu'il vaut devenir désormais... La servante du curé est jouée par Alexandra Lamy vue récemment dans "La Chambre des Merveilles" (2023) de Lisa Azuelos et "La Promesse Verte" (2024) de Edouard Bergeon et retrouve après "Louise Violet" (2024) son réalisateur et son partenaire Grégory Gadebois dans le rôle titre, et retrouve encore son réalisateur après "Délicieux" (2021) et "Les Choses Simples" (2023) ainsi qu'après "Le Tourbillon de la Vie" (2022) de Olivier Treiner l'actrice Isabelle Carré qu'il retrouve donc pour la quatrième fois, tandis qu'elle retrouve également après "La Dégustation" (2022) de Ivan Calbérac et "Les Rêveurs" (2025) d'elle-même son partenaire Bernard Campan vu récemment dans "Et Plus si Affinités" (2024) de Olivier Ducray et Wilfried Meance et "L'Enfant qui mesurait le Monde" (2024) de Takis Candilis... D'emblée on reconnaît le style du réalisateur, cet amour des univers champêtre, un soin toujours soigné (parfois trop !) pour les décors et costumes, mais aussi une mise en scène toujours aussi académique, certains diraient scolaire. La première chose qui nous gêne est ce sont ces voix Off récurrentes, trop explicatives, qui surlignent trop ce qui se devinent ou qui se voient, surtout quand il s'agit d'une des histoires les plus connues de la littérature. Il y a aussi les flash-backs, pour des choses qui font des détails plutôt que de faire avancer le récit. 

La première chose qu'on apprécie est le casting, quatre personnages passionnants, qui en disent long sur la France d'alors, incarnés par quatre acteurs au sommet, habités, dont une Alexandra Lamy surprenante en gouvernante dévote et revêche, une Isabelle Carré fidèle à elle-même brisée alors qu'elle a tout d'un ange, puis évidemment Grégory Gadebois Valjean idéal, imposant un charisme massif pour un être en colère et faussement haineux. La véritable soucis reste la longueur du film, en effet le film relate les 150 premières pages du roman et si à la lecture Victor Hugo reste intarissable et passionnant, dans un film il n'y a pas assez de substance pour un intérêt de près de 2h, 30-45mn aurait suffit. Pour combler, on pousse de la voix Off, des flash-backs parfois très superflus, on se dit ainsi que le film aurait dû être un "intégral" quitte à aller jusqu'à une durée de 3h. Dommage. Néanmoins, les acteurs rendent hommage à leur personnage, la transition de Valjean passant de la colère et de la haine aux prémices de la rédemption est particulièrement troublante.

Note :   

13/20