Enfin le retour du réalisateur britannique Edgar Wright remarqué avec sa trilogie délirante dite du "Conetto" (2004-2013), et qui a confirmé avec un mix action-humour idéal avec"Scott Pilgrim" (2010) et "Baby Driver" (2017), avant un changement de registre avec l'excellent "Last Night in Soho" (2021), et pour ce nouveau projet il retourne au genre qu'il affectionne, un film d'action plein d'humour qui peut surprendre puisqu'il adapte le roman éponyme (1982) de Stephen King, un film d'anticipation et dystopique sur les dérives de la télévision qui avait déjà été porté sur grand écran avec "Running Man" (1987) de Paul Michael Glaser avec un certain Arnold Schwarzenegger. Dès 2017, le cinéaste avait déclaré via Twitter qu'il souhaitait faire un remake de la version de 1987. Une ambition littéralement assumée avec un budget de 110 millions de dollars, soit près de deux fois plus cher que "Scott Pilgrim" (2010) son film le mieux doté à ce jour. Par là même, le cinéaste pourtant ardent défenseur de la pellicule, a choisi le 100% numérique pour ce nouveau film, après avoir déjà abordé le dispositif sur quelques passages de ses deux précédents films. Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Michael Bacall qu'il retrouve après "Scott Pilgrim" (2010), et qui a depuis écrit le dyptique "Projet X" (2012-2016) de Nima Nourizadeh, il apparaît souvent dans les films qu'il a écrit après avoir joué surtout pour Quentin Tarantino dans "Boulevard de la Mort" (2007), "Inglourious Basterds" (2009) et "Django Unchained" (2012). Notons que ce film est la seconde adaptation d'un roman de Stephen King sous le pseudo Richard Bachman à sortir cette année après le très réussi "Marche ou Crève" (2025) de Francis Lawrence... Dans un futur proche, The Running Man est l'émission phare de la télévision, un jeu de survie impitoyable où les candidats doivent échapper à des tueurs professionnels durant 30 jours. Chaque jour à survivre augmente les gains, tandis que plus le temps passe et plus l'adrénaline est intense. Ben Richards, ouvrier désespéré accepte de participer pour sauver sa fille gravement malade, et à la surprise générale va devenir le héros de l'émission mais aussi une menace pour la survie du système...
La fillette est jouée par Alyssa Benn aperçue dans le film "Magpie" (2024) de Sam Yates, et surtout son père Ben Richards est incarné par Glen Powell remarqué après des années de galère dans "Top Gun : Maverick" (2022) de Joseph Kosinski et a confirmé avec la comédie "Tout Sauf Toi" (2023) de Will Gluck ou "Twisters" (2024) de Lee Isaac Chung après lequel il retrouve sa partenaire Katy O'Brian vue dans "Love Lies Bleeding" (2024) de Rose Glass et "Mission Impossible - The Final Reckoning" (2025) de Christopher McQuarrie. Citons ensuite Josh Brolin surtout vu dernièrement dans la saga "Dune" (2021-2024) de Denis Villeneuve, puis il a incarné Thanos chez Marvel à partir de "Les Gardiens de la Galaxie" (2014) de James Gunn après lequel il retrouve donc Ronan l'Accusateur alias Lee Pace. Citons encore Colman Domingo vu récemment dans "Drive-Away Dolls" (2024) de Ethan Coen, "The Electric State" (2025) des frères Russo et "Wicked II" (2025) de Jon M. Chu, Michael Cera qui retrouve son réalisateur après "Scott Pilgrim" (2010) et vu dernièrement dans "The Phoenician Scheme" (2025) de Wes Anderson, Emilia Jones vue entre autre dans l'excellent "Brimstone", "Ghostland" (2018) de Pascal Laugier ou "Cat Person" (2023) de Susanna Pogel, William H. Macy vu dans "Ricky Stanitsky" (2024) de Peter Farrelly et "La Planète des Singes : le Nouveau Royaume" (2024) de Wes Ball, Jayme Lawson aperçue dans "Sabotage" (2023) de Daniel Goldhaber ou "Sinners" (2025) de Ryan Coogler, Karl Glusman apparu dans "God is a Bullet" (2023) de Nick Cassavetes, "The Bikeriders" (2024) de Jeff Nichols ou "Civil War" (2024) de Alex Garland, David Zayas remarqué dans "13" (2010) de Gela Babluani ou "Force of Nature" (2020) de Michael Polish, George Carroll remarqué dans "Gone Baby Gone" (2007) et "The Town" (2010) tous deux de et avec Ben Affleck, Debi Mazar apparu dans "Collateral" (2004) de Michael Mann ou "Wonder Wheel" (2017) de Woody Allen, puis enfin Corey Johnson vu dans "Le Couteau par la Lame" (2022) de Janus Metz Pedersen ou "September 5" (2024) de Tim Fehlbaum... Le premier très bon point du film est qu'il est très fidèle au roman, beaucoup plus que la version 1987, à quelques détails près et surtout à une fin très différente, plus "révolutionnaire" dans l'âme. Le réalisateur donne du peps dès le départ, on sent une effervescence sous-jacente symbolisé aussi par un peuple opprimé sous tension qui n'attend qu'une allumette pour s'embraser. Ainsi le film retranscrit à merveille le sel même du genre dystopique, à l'atmosphère anxiogène partagé entre dictature et anarchie.
Mais Edgar Wright s'oblige à se tirer une balle dans le pied. En effet, le matériau d'origine est un drame SF qui dénonce les abus de tyrans qui aveuglent le peuple par des jeux télévisés abêtissants comme les Césars le faisaient avec les gladiateurs dans l'arène. Le soucis est que cette partie politique est ici secondaire car ce n'est clairement pas ce qui intéresse le cinéaste, qui lui offre surtout une pure comédie d'action qu'il veut fun et jouissif servi par une réalisation rythmé, punch et virevoltante ce qui, s'avère un peu antinomique puisqu'il use de moyens de divertissement que l'histoire tend à pointer du doigt. Un détail peut-être ?! Le cynisme de la société où les costards brident les joggings restent donc primaire et caricatural, pour assumer un divertissement alliant action et humour avec un beau gosse, musclé, l'idéal du héros dans une aventure balisée mais terriblement efficace. Dommage que Edgar Wright n'est pas su ou pu allié cet action movie avec le propos politique de façon plus probante. En conclusion, une petite déception pour ce film le plus bancal du réalisateur à ce jour mais qui reste malgré tout un très bon moment cinoche alternant entre scènes (trop) calibrées et séquences de haute volées (partie assaut d'immeuble avant incendie et partie avec mamie).
Note :