Black Rain (1989) de Ridley Scott

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Au départ, le scénario a été envisagé pour la suite "Le Flic de Beverly Hills 2" (1987) de Tony Scott avant que le projet arrive sur le bureau de la star du moment, Michael Douglas qui est aussi un fin producteur depuis "Vol Au-Dessus d'un Nid de Coucou" (1975) de Milos Forman, et qui décide le le produire et de jouer logiquement le rôle principal. Avec le duo de producteur Stanley R. Jaffe et Sherry Lansing (qui n'est autre que l'épouse dun certain William Friedkin) qui viennent de cartonner avec "Liaison Fatale" (1987) de Adrian Lyne avec justement Michael Douglas et surtout "Les Accusés" (1988) de Jonathan Kaplan, ils cherchent un réalisateur pour mettre en boîte un scénario écrit par deux inconnus, Warren Lewis qui ne signera plus qu'un film notable avec "Le 13ème Guerrier" (1999) de John McTiernan, puis Craig Bolotin qui a signé auparavant "No Small Affair" (1984) de Jerry Schatzberg avant de passer à la réalisation avec les films "That Light" (1992) et "Light It Up" (1999) sans grand succès. C'est Paul Verhoeven qui est choisi au début mais finalement il a préféré réaliser le futur "Total Recall" (1990). Le choix des producteurs se portent alors sur le frère de Tony Scott, Ridley Scott, qui a débuté avec trois chefs d'oeuvres mythiques coup sur coup, "Les Duellistes" (1977), "Alien le Huitième Passager" (1979) et "Blade Runner" (1982), mais qui sort depuis de deux échecs avec le heroic fantasy "Legend" (1985) et "Traquée" (1987) ce qui le pousse a accepté cette commande qui reste un projet ambitieux porté par un star qui lui donne les moyens de ses ambitions. Ridley Scott travaille alors avec des as dans leur domaine, on peut citer Tom Rolf au montage qui a sur son CV des films comme "Taxi Driver" (1976) de Martin Scorcese ou "La Porte du Paradis" (1980) de Michael Cimino, Jan de Bont un des Directeur Photos les plus réputés qui va bientôt passer à la réalisation avec "Speed" (1994), puis le compositeur Hans Zimmmer remarqué juste avant pour les musiques de "Un Monde à Part" (1988) de Chris Menges et "Rain Man" (1988) de Barry Levinson et qui retrouvera Ridley Scoot encore pour six autres films entre "Thelma et Louise" (1991) et "Les Associés" (2003). Les critiques ne vont pas être très bonnes à la sortie du film mais  le public est au rendez-vous entrant largement dans ses frais rien que sur le sol américain pour engranger au final plus de 134 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 30 millions, la France est un peu plus timide avec un box-office en-dessous du million d'entrées, néanmoins le film reste un polar qui est culte via une forte fan base... Nick et Charlie, deux policiers américains escortent un criminel japonais jusqu'à Osaka mais le prisonnier parvient à fuir après une attaque violente. Arrivés au Japon, les deux policiers vont tout faire pour retrouver le yakuza en fuite mais ils vont se confronter à un pays bien différent du leur, où le poids des traditions, jusque dans la façon de travailler, n'est pas un vain mot. Les autorités leur octroient un chaperon, leur homologue Masahiro avec qui l'entente va être tendue...

Le policier Nick est donc logiquement incarné par l'acteur-producteur Michael Douglas alors au sommet après des succès successifs "Liaison Fatale" (1987), "Wall Street" (1987) de Oliver Stone ou "La Guerre des Roses" (1989) de Danny De Vito, tandis que son collègue est joué par Andy Garcia remarqué dans "Les Incorruptibles" (1987) de Brian de Palma mais qui va devenir une star juste après avec "Le Parrain III" (1990) de Francis Ford Coppola. Du côté américain citons ensuite John Spencer apparu dans "Wargames" (1983) de John Badham ou "Mélodie pour un Meurtre" (1989) de Harold Becker, Luis Guzman remarqué dans "Scarface" (1983) de Brian De Palma qu'il retrouvera encore dans deux autres grands films "L'Impasse" (1993) et "Snake Eyes" (1998), mais surtout il retrouvera Michael Douglas dans "Traffic" (2000) de Steven Soderbergh, puis retrouve juste après "Crocodile Dundee 2" (1988) de John Cornell son partenaire Stephen Root qui sera un fidèle des frères Coen sur plusieurs films entre "O'Brother" (2000) et "Macbeth" (2021) de Joen Coen, Richard Riehle vu plus tard dans "Le Fugitif" (1993) de Andrew Davis et "Casino" (1995) de Martin Scorcese, Vondie Curtis-Hall vu dans "Un Prince à New-York" (1988) de John Landis et "Mystery Train" (1989) de Jim Jarmush et retrouvera Michael Douglas dans "Chute Libre" (1993) de Joel Schumacher, puis Kate Capshaw surtout connue pour "Indiana Jones et le Temple Maudit" (1984) de Steven Spielberg qu'elle épousera en 1991. Parmi les japonais citons surtout le policier chaperon Ken Takakura acteur au plus de 200 rôles dont "A Deux Sabres" (1963) de Tomu Uchida, "Trop Tard pour les Héros" (1970) de Robert Aldrich ou "L'Echo de la Montagne" (1990) de Yoji Yamada, son supérieur est également un grand acteur avec plus de 200 rôles entre "La Saison des Mauvaises Femmes" (1958) de Minoru Shibuya et "Outrage : Beyond" (2012) de et avec Takeshi Kitano, puis n'oublions pas les mafieux, le Parrain joué par Tomisaburo Wakayama acteur au plus de 270 rôles entre "L'Empereur Meiji et la Guerre russo-japonaise" (1957) de Kunio Watanabe et "Ôte" (1991) de Junji Sakamoto, pusi enfin le fuyard incarné par Yusaku Matsuda vu dans "Brumes de Chaleur" (1981) de Seijun Suzuki, "Jeu de Famille" (1983) de Yoshimitsu Morita ou "Onimaru" (1986) de Yoshishige Yoshida...

Le contexte criminel nous renvoie inévitablement vers les classiques "Yakuza" (1975) de Sydney Pollack et "L'Année du Dragon" (1985) de Michael Cimino, mais on est à un bon cran en-dessous la faute avant tout à une invraisemblance dès le départ : deux américains escortent un mafieux japonais des Etats-Unis au Japon, il s'agit donc d'une extradition alors comment et pourquoi les deux ricains enquêteraient sur le sol japonais ?! Le départ est surtout un polar typique des années 80, et le duo de flics américains reprend les codes inhérents au genre très eighties du duo avec le vieux briscard et le jeune loup, deux générations de cowboys perdus au pays du Soleil Levant où les antagonismes culturels vont évidemment parasités leur voyage. On aurait aimé un Nick/Douglas légèrement moins caricatural en flic badass, et on aurait aimé un Charlie/Garcia moins sous-exploité, il est ici un simple faire-valoir. Le face à face culturel reste logiquement le point fort même si là aussi on aurait aimé une immersion nippone un peu plus intéressante plutôt que ce "résumé" qui se résume à un triumvirat respect-politesse-courtoisie un peu simpliste. Plusieurs détails assez agaçants donc, et pourtant on s'étonne à se laisser prendre au jeu, aidé par une musique très réussie signée Hans Zimmer, une mise en scène hyper efficace de Ridley Scott avec quelques passages marquants dont celle qui reste la plus icônique, la plus tragique, la plus violente aussi qui arrive sans crier gare et relance une intrigue vers un dernier acte aussi clair qu'inévitable. Un polar primaire bancal assurément mais qui fait le job avec une scène d'exécution parmi les plus cultes de cette décennie. Note indulgente

Note :   

14/20