« La petite dernière » est la fille cadette d’une fratrie de trois filles vivant dans une famille aimante de culture traditionnelle maghrébine et musulman dans la banlieue parisienne. Les traditions sont bien présentes, la religion aussi ; mais tout cela est assez fluide et se fond bien dans le paysage ; pas d’extrémisme, de fondamentalisme aussi bien religieux que culturel. Cette famille vit en harmonie avec sa culture et son environnement ; une famille assez banale somme toute et tant mieux pour conter un récit d’émancipation dans lequel un maximum de spectateur peut ou pourrait se retrouver.
Et si la pépite de Hafsia Herzi n’était en fait qu’un énième récit d’émancipation, de découverte et d’acceptation de sa vraie nature sexuelle ? En effet, le film est bien loin de ce qu’en dit la presse, les critiques et donc de ce que j’en attendais. A savoir, comment gérer ce conflit de loyauté quand on est une jeune fille musulmane dans une famille traditionnelle et que l’on se sent homosexuelle. Premier point d’achoppement ; la jeune fille accepte de se voir comme homosexuelle à 18 ans quand un garçon homosexuel de son lycée lui renvoie sa propre image d’homosexuelle en pleine gueule. A 18 ans, elle ne s’était même pas autorisée à penser à son orientation ; et à partir de cette scène, tout s’enclenche, c’est tellement étrange !!! Ensuite, on attend qu’elle se retrouve confronter à sa culture et à sa religion ; mais cela n’arrivera que de très rares fois dont une scène risible avec un imam ; mais surtout lors d’une des scènes finales, un face à face avec sa mère le jour de son anniversaire. La plus belle séquence du film qui malheureusement arrive trop tard ; car c’est bien à ce moment-là que le film se démarque de la production habituelle sur ce même thème. On aurait aimé que le film démarre là ou moins est encore 45’ à nous conter ; car cet épilogue mériterait un film à lui tout seul ; et un film n’ayant pas été fait mille fois comme celui-ci. On attendrait aussi lorsqu’elle entre en fac de philosophie, que la matière même de ses études l’aide à se façonner et à réfléchir sur elle-même ; mais à part une misérable citation de « La Boetie » cité par le prof dans l’amphi’, il n’en sortira rien. Dommage encore !!! Et puis au rang des incohérences, plusieurs sautent aux yeux. Comment croire qu’une jeune fille se cache dans des cages d’escalier avec un potentiel petit copain pour n’être vu de personne (alors qu’ils ne se touchent même pas du bout des doigts), mais puisse sortir toute la nuit dans Paris et rentrer au petit matin comme une fleur et être accueilli avec des crêpes par une mère qui ne pose aucune question ? Les sœurs ainées qui auraient pu être aussi des personnages secondaires importantes sont insignifiantes tant elles apportent peu à la narration ; elle ne servent qu’à répéter des scènes durant lesquels on se goinfre de crêpes dans la cuisine familiale. La répétition fait entièrement partie du film : les soirées dansantes et les ébats sexuels. Ces derniers demeurent bien utiles car ils permettent bien de nourrir le seul thème du film par leur crescendo érotique : la découverte de son corps, du plaisir sexuel et l’émancipation. Mais ce propos est tellement universel et multi filmé que ce film n’apporte pas grand-chose de nouveau.
Bien dommage, sur ce thème on pouvait tellement faire un autre film plus novateur et surtout traiter du thème de l’homosexualité dans l’Islam ; le propos est tellement universel, transculturel et transcultuel… que l’on en ressort comme on y est rentré.
Sorti en 2025
Ma note: 9/20