Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich

Ce western suit "Bronco Apache" (1954) de Robert Aldrich qui correspond à un contrat pour deux films entre la société de production Hecht-Hill-Lancaster crée par le producteur James Hill, la star Burt Lancaster et son manager Harold Hecht et la fameuse United Artists qui a été possible grâce à la reconnaissance et le succès du chef d'oeuvre aux 8 Oscars "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann. Logiquement, Lancaster annonce dès 1953 que le second film sera une adaptation de la nouvelle éponyme (1953) de Borden Chase connu pour un roman porté sur grand écran avec le chef d'oeuvre "La Rivière Rouge" (1948) de Howard Hawks avant de collaborer sur plusieurs grands westerns signés Anthony Mann avec James Stewart. Robert Aldrich revient derrière la caméra tandis que le scénario est écrit par Roland Kibbee qui a écrit auparavant "Une Nuit à Casablanca" (1946) et "L'Evadé de l'Enfer" (1946) tous deux de Archie Mayo et retrouve Lancaster après "Le Corsaire Rouge" (1952) de Robert Siodmak et qu'il retrouvera pour "Valdez" (1971) de Edwin Sherin, puis James R. Webb qui poursuit aussitôt après "Bronco Apache" (1954) qui signera encore plusieurs grands westerns et retrouvera Lancaster pour "Trapèze" (1956) de Carol Reed... 1865, à la faveur de la fin de la Guerre de Sécession, plusieurs américains espèrent profiter de la situation politique chaotique du Mexique qui est en pleine guerre civile contre l'Empereur Maximilien Ier imposé par Napoléon III. Parmi ces américains, l'ancien colonel sudiste Benjamin Trane croise Joe Erin un aventurier à la tête d'une petite bande de desperados. Malgré une rencontre agitée les deux hommes apprennent à se connaître et décident de faire équipe et se font engager par l'empereur pour une mission d'escrote. Mais l'un et l'autre apprennent qu'il s'agit en fait d'une cargaison d'or qu'ils ont bien l'intention de dérober tandis que les Révolutionnaires la convoite également... 

L'ancien colonel sudiste est joué par Gary Cooper star de films comme "Morocco" (1930) de Josef Von Sternberg, "Peter Ibbetson" (1935) de Henry Hathaway ou "Le Train sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann, tandis que le chef de bande est incarné par Burt Lancaster qui tourne dans plusieurs de ses propres productions depuis "Les Amants Traqués" (1948) de Norman Foster, et retrouve donc son équipe après "Bronco Apache" (1954) dont Aldrich forcément qu'il retrouvera une ultime fois pour "Fureur Apache" (1972), puis retrouve également après "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) son partenaire Ernest Borgnine futur oscarisé pour son rôle dans "Marty" (1955) de Delbert Mann justement produit par Hecht-Hill-Lancaster, et qui retrouvera son réalisateur Robert Aldrich pour "Le Vol du Phénix" (1965), "Le Démon des Femmes" (1968) et "Les Douze Salopards" (1967) dans lequel il retrouve Charles Bronson qui était dans "Bronco Apache" (1954) et qui est encore crédité de son vrai nom Charles Buchinsky pour la dernière fois avant de grimper doucement les échelons en retrouvant ainsi dans "Quatre du Texas" (1963) de Aldrich et surtout dans un face à face d'anthologie dans "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone la gueule patibulaire Jack Elam qui retrouvera Lancaster dans "Règlement de Compte à OK Corral" (1957) de John Sturges, qui retrouvera Ernest Borgnine dans "Un Colt pour Trois Salopards" (1971) de Burt Kennedy, puis retrouvera Aldrich dans "El Perdido" (1961) et "En Quatrième Vitesse" (1955) dans lequel il retrouvera aussi Jack Lambert qui sera aussi dans "Quatre au Texas" (1963) et retrouve Lancaster après le classique "Les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak. Citons ensuite les atouts charmes Denise Darcel apparue dans "Bastogne" (1949) et "Convoi de Femmes" (1951) tous deux de William A. Wellman puis Sara Montiel remarquée dans "Bambu" (1945) de Imperio Argentina ou "Alhucemas" (1948) de José Lopez Rubio et qui retrouvera Charles Bronson dans "Le Jugement des Flèches" (1957) de Samuel Fuller. Citons ensuite Cesar Romero vu dans "La Femme et le Pantin" (1935) de Josef Von Sternberg ou "Ce que Femme veut" (1942) de Archie Mayo, George Macready  vu dans "Gilda" (1946) de Charles Vidor ou "Les Ruelles du Malheur" (1949) de Nicholas Ray et surtout remarqué dans "Les Sentiers de la Gloire" (1957) de Stanley Kubrick, Charles Horvath aperçu dans "Le Signe du Païen" (1954) et "Taza, Fils de Cochise" (1954) tous deux de Douglas Sirk retrouvant après ce dernier son partenaire Morris Ankrum qui était aussi dans "Bronco Apache" (1954), Henry Brandon apparu dans "Jeanne d'Arc" (1948) de Victor Fleming ou "La Guerre des Mondes" (1953) de Byron Haskin et retrouvera dans "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille l'acteur Archie Savage qui retrouvera Aldrich dans "Feuilles d'Automne" (1956) et Lancaster après "Le Roi des Îles" (1954) de Byron Haskin... Citons Hugo Friedhofer, compositeur de la B.O. à qui on doit aussi la musique de "Les Plus Belles Années de notre Vie" (1946) de William Wyler, "La Flèche Brisée" (1950) de Delmer Daves ou "Le Gouffre aux Chimères" (1951) de Billy Wilder... Le film sort un peu des sentiers battus du genre, surtout à cette époque du déclin de l'Âge d'Or, ainsi ce western a pour contexte la guerre civile mexicaine jusqu'ici rarement abordée par le cinéma américain, puis parmi les deux héros un personnage loin des canons héroïques contemporains avec Joe Erin/Lancaster qui reste un beau salopard compensé uniquement par le sourire carnassier et fascinant de la star. Exception faite des cas particuliers des biopics "Viva Villa !" (1934) de Jack Conway et "Viva Zapata !" (1952) de Elia Kazan le seul film sur le sujet était juste avant "Révolte au Mexique" (1953) de Budd Boetticher.  

La guerre civile mexicaine associée à ce pistolero cupide, et aisément déloyal ou tueur de sang froid sont dse paramètres précurseurs puisqu'ils seront des paramètres essentiels et récurrentes des années plus tard du sous-genre western spaghetti et deviendra vraiment plus régulier par la suite à Hollywood dont "Les Professionnels" (1966) de Richard Brooks avec un retour de Lancaster dans la lutte. Le film vaut aussi et surtout, évidemment, pour le face à face entre deux monstres sacrés dans leur unique confrontation. L'icône du courage et de la force à l'américaine Gary Cooper ne peut évidemment pas être autre chose qu'un homme loyal, droit dans ses bottes et idéaliste, face à un Burt Lancaster roublard à souhait avec en prime un des plus beaux duels du western, injustement trop souvent omis dans les divers classements des tops duels ; réaliste, sans chichi, sans esbrouffe, rapide et efficace. Leur rencontre est déjà savoureuse avec la petite blague équestre très drôle de Joe Erin/Lancaster à Benjamin Trane/Cooper alors poursuivis par les troupes impériales. La séquence de "violences conjugales" fait aussi son effet, on y croit sans mal par un Joe Erin brutal, par contre on peut sourire aux séquences trop démonstratives presque grotesques du tir à la carabine (qui coûte la dernière étoile). N'oublions pas les seconds couteaux avec le trio Elam-Borgnine-Bronson alors encore peu connus qui ont chacun au moins une séquence marquante. Un grand western auquel il manque un petit truc pour atteindre les sommets. 

Note :  

Vera Cruz (1954) Robert AldrichVera Cruz (1954) Robert AldrichVera Cruz (1954) Robert Aldrich

17/20