L'Inconnu de la Grande Arche (2025) de Stephane Demoustier

Cinquième long métrage pour Stephane Demoustier après "Terre Battue" (2014), "Allons Enfants" (2018), "La Fille au Bracelet" (2019) et "Borgo" (2023) qui continue son exploration des faits d'actualités mais cette fois hors faits divers en plongeant dans les coulisses politico-artistiques des grands chantiers sous la présidence de l'ancien Président de la République François Mitterrand, et plus exactement autour de la construction de l'Arche de la Défense (Tout savoir ICI !). Pour son histoire le réalisateur-scénariste adapte en fait le roman "La Grande Arche" (2016) de Laurence Cossé, dont les droits lui avaient échappé quelques années... 1983, François Mitterrand décide de lancer un concours d'architecture international pour le projet phare de sa présidence : la Grande Arche de la Défense. A la surprise générale, c'est un obscur architecte danois qui remporte le concours, Otto Von Spreckelsen. Du jour au lendemain, il devient à 53 ans l'architecte le plus médiatisé du monde, à la tête d'un chantier pharaonique. L'architecte veut rester fidèle à son projet mais va vite se confronter à la machine administrative française, aux aléas politiques et à la complexité culturelle...

L'architecte est incarné par l'acteur danois Claes Bang remarqué dans "The Square" (2017) de Ruben Östlund, "Millenium : ce qui ne me tue pas" (2018) de Fede Alvarez, "The Northman" (2022) de Robert Eggers ou "Guillaume Tell" (2024) de Nick Hamm, tandis que son épouse est jouée par Sidse Babett Knudsen, la plus francophile des danoises avec notamment "L'Hermine" (2015) de Christian Vincent, "Le Fil" (2024) de et avec Daniel Auteuil ou "13 Jours, 13 Nuits" (2025) de Martin Bourboulon. Citons ensuite Michel Fau alias Mitterrand vu dans "Mon Crime" (2023) de François Ozon, "Les Secrets de la Princesse de Cadignan" (2023) de et avec Arielle Dombasle puis retrouve son réalisateur après "Borgo" (2023), Xavier Dolan lui-même grand réalisateur avec pas moins de huit bijoux entre "J'ai tué ma Mère" (2009) et "Matthias et Maxime" (2019) désormais surtout vu chez les autres devant la caméra dans "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli ou en voix Off dans "La Bête" (2023) de Bertrand Bonello, Swann Arlaud vu dans "Anatomie d'une Chute" (2023) de Justine Triet ou "L'Etranger" (2025) de François Ozon, Micha Lescot vu récemment dans "Je le Jure" (2025) de Samuel Theis et "La Femme la Plus Riche du Monde" (2025) de Thierry Klifa, Patrick Sobelman producteur déjà vu en acteur dans "Le Pressentiment" (2006) de Jean-Pierre Darroussin et "D'Amour et d'Eau Fraîche" (2010) de Isabelle Czajka, Cécile Ducrocq qui retrouve son réalisateur après "Dans la Jungle des Villes" (2010) et "Terre Battue" (2014) avant de devenir elle-même réalisatrice césarisée pour son court métrage "La Contre-Allée" (2016), puis enfin Olivier Marguerit qui est surtout compositeur du film à qui on doit aussi les B.O. de "Onoda, 10000 Nuits dans la Jungle" (2021) de Arthur Harari ou "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll... Le livre est clairement super documenté et est à l'évidence un matériau de basse solide et crédible même si le film lui se permet d'ajouter un personnage loin d'être anodin, à savoir l'épouse de l'atchitecte jouée par l'excellente Sidse Babett Knudsen. Personnage inventé pour le film et qui sert surtout de caution morale et féministe... ATTENTION SPOILERS !... elle a un rôle important, central ce qui peut interroger quant à à la réalité des faits, puis il y a l'ultime scène où elle quitte son mari pour une broutille, légèrement raison mais sur un couple qui est ensemble depuis longtemps ça paraît un enfantillage ou un caprice... FIN SPOILERS !... Son personnage permet donc surtout d'investir une femme dans un scénario où il n'y en a pas.

Mais ça reste un paramètre excusable et à la fois un peu anecdotique sur la trame générale. En effet, ce qui nous intéresse reste le processus de la construction de la fameuse, ou plutôt du fameux cube, et de savoir comment l'architecte a fini par jeter l'éponge. Au départ c'est un peu maladroit avec des invraisemblances administratives plus gênantes qu'autre chose, puis vers la fin des points litigieux ridicules... ATTENTION SPOILERS !... Comme si il n'y avait pas un dossier avec téléphone et des infos sur un architecte qui postule, comme si un architecte danois ne savait pas ce qu'était une cohabitation politique (?!), comment croire qu'on se braque sur une base de pilône qui ne se verra effectivement pas, comment croire qu'un architecte ne peut comprendre le pragmatisme financier d'un projet de cette ampleur ?!... FIN SPOILERS !... Finalement, au lieu d'explorer le prisme artistique autour de l'architecture, où de vraiment explorer les coulisses politico-financier plutôt que de survoler, on reste focaliser sur un homme dont l'ego rêve du "projet de sa vie"  et qui semble avoir droit à un chèque en blanc. A 53 ans serait-il aussi suffisant et si naïf ?! C'est à un point où il devient même antipathique alors que le réalisateur voulait sans doute faire le contraire et montrer que, peut-être, se faire déposséder de son oeuvre a pu avoir des conséquences psychologiques fatales. C'est donc un peu râté sur le but recherché, le réalisateur semble s'être pris les pieds dans le tapis, au point que l'architecte Paul Andreu/Arnaud vole la vedette du personnage principal, faisant ainsi un écho involontaire à ce que semble insinuer le film. Et pourtant, il y a assez de substances et de densité pour avoir un récit intéressant, des personnages bien écrits, et une reconstitution d'époque sans fioriture, et surtout une reconstitution du chantier extraordinairement réaliste. En conclusion, un film qui vaut le détour, assez authentique et sincère pour apprendre et comprendre un projet dans son époque. Note de justesse

Note :                 

L'Inconnu Grande Arche (2025) Stephane DemoustierL'Inconnu Grande Arche (2025) Stephane Demoustier

14/20