Mort de l'acteur Tatsuya Nakadai

Décidément le début d'automne est une une hécatombe pour le Septième Art, nous apprenons encore la mort d'un acteur, celui de Tatsuya Nakadai star japonaise qui nous a quitté ce 8 novembre 2025 à l'âge de 92 ans.

Né en 1932 à Tokyo  au sein d'une famille pauvre il arrête l'école car il n'a pas les moyens de faire des études universitaires. Il choisit alors de se tourner vers le théâtre mais doit cumuler les petits travails pour subvenir à ses besoins. C'est justement en tant que vendeur à Tokyo qu'il est remarqué par Masaki Kobayashi qui le pousse à passe des castings. 

Ainsi il obtient un petit rôle sans être crédité dans "Les 7 Samouraïs" (1954) de Akira Kurosawa avec Toshiro Mifune. Après plusieurs films il retrouve Masaki Kobayashi qui lui propose de jouer dans "La Pièce aux Murs Epais" (1956), puis enchaîne avec le même réalisateur pour un rôle plus important dans "La Rivière Noire" (1957 - ci-dessou) où sa performance en jeune yakuza est particulièrement remarquée.

Désormais l'acteur multiplie les films avec en moyenne 4-5 films par an dont "Une Femme Indomptable" (1957) de Mikio Naruse, "Le Pavillon Noir" (1958) et "L'Etrange Obsession" (1959) tous deux de Kon Ichikawa, puis ayant grimpé les échelons retrouve son mentor Masaki Kobayashi pour les rôles principaux des films "La Condition de l'Homme : Il n'y a pas plus Grand Amour" (1959 - ci-dessous) et sa suite "La Condition de l'Homme : le Chemin de l'Eternité" (1959).

Outre Kobayashi l'acteur tourne aussi beaucoup pour d'autres grands réalisateur, quatre films avec Mikio Naruse entre "Quand une Femme monte l'Escalier" (1960) et "L'Histoire de la Femme" (1967), trois films avec Hideo Gosha dont "Le Sang du Damné" (1966), trois films également pour Kihachi Okamoto dont "Le Sabre du Mal" (1966) avec un certain Toshiro Mifune, celui qui est alors son ami et rival comme star et icône du samouraï avec qui il a joué à ses débuts et qu'il retrouve encore sous la direction du maître Akira Kurosawa dans "Yojimbo" (1961), "Sanjuro" (1962) et "Entre le Ciel et l'Enfer" (1963), et qu'il retrouvera encore sous la direction de Toshiro Mifune dans son unique film en tant que réalisateur "L'Héritage des 500000" (1963 - ci-dessous), puis dans "Rébellion" (1967) de Masaki Kobayashi, réalisateur qu'il retrouve une énième fois après aussi "La Condition de l'Homme : la Prière du Soldat" (1961), "L'Héritage" (1962), le chef d'oeuvre "Hara-Kiri" (1962) et "Kwaïdan" (1964). Entre temps, il traverse la planète pour tourner son premier film hors du Japon, le western spaghetti "Cinq Gâchettes d'Or" (1968) de Tonino Cervi où il ne tient qu'un second rôle.

Il tourne toujours beaucoup mais avec une légère baisse avec encore 3-4 films par an, encore fidèle à de nombreux cinéastes, quatre films pour Kihachi Okamoto entre "La Bataille d'Okinawa" (1971) et "Buru Kurisumasu" (1978), trois avec Hideo Gosha entre "Les Loups" (1971 - ci-dessous) et "Chasseurs des Ténèbres" (1979), trois pour Satsuo Yamamoto entre "Une Famille Splendide" (1974) et "Zone Stérile" (1976), trois aussi pour Kon Ichikawa entre "Je suis un Chat" (1975) et "Le Phénix" (1978), avec entre temps des collaborations avec de nouveaux réalisateurs dont "Les Aventures de Buraikan" (1970 - ci-dessous) de Masahiro Shinoda, "La Légende de Zatoïchi" (1970) de Kenji Misumi ou "La Porte de la Jeunesse" (1975) de Kirio Urayama, sans oubier évidemment son film avec son mentor "L'Auberge du mal" (1971) de Masaki Kobayashi.

L'acteur fonde entre temps, avec son épouse, une école d'Art Dramatique en 1975. Retournant sur les planches, il tourne de moins en moins, et surtout il enseigne et forme une nouvelle génération d'acteurs dont les futures stars Koji Yakusho, Azusa Watanaba, Kenbichi Takito ou encore Mayumi Wakamura.

Ainsi, les années 80 sont bien moins prolifiques, il tourne encore trois films avec Hideo Gosha, tourne son second film international avec le film de guerre "Retour de la Rivière Kwaï" (1989) de Andrew V. McLaglen, retrouve une ultime fois son mentor pour leur dernier film "La Table Vide" (1985) mais surtout il retrouve Akira Kurosawa (qui a entre temps coupé les ponts avec son acteur fétiche Toshiro Mifune) pour les deux derniers chefs d'oeuvres du maître, "Kagemusha, l'Ombre du Guerrier" (1980 - ci-dessous) pour lequel il est primé pour son double rôle, puis "Ran" (1985) adaptation du "Roi Lear" de Shakespeare, ces deux films lui offrant sans doute ses deux derniers grands rôles sur grand écran.

Tournant toujours de moins en moins, il retrouve une dernière fois Hideo Gosha pour "Kagero" (1991), tourne trois films avec Seijiro Koyama, retrouve aussi Kihachi Okamoto pour "East Meets West" (1995) et "Vengeance à Vendre" (2002), retrouve également une dernière fois Kon Ichikawa pour "Les Inugamis" (2006) et citons surtout "Après la Pluie" (1999) de Takashi Koizumi.

Dans ses derniers films devant la caméra, citons "Zatoichi : the Last" (2010) et "Jinrui Shikin" (2013) tous deux de Junji Sakamoto, puis surtout trois films "Voyage avec Haru" (2010), "La Tragédie du Japon" (2012) et "Umibe No Ria" (2017) avec, comme une ironie du sort, un certain Masahiro Kobayashi homonyme de son mentor mort en 1996.

L'acteur a aussi fait du doublage, la prmeière fois pour le film d'animation "La Belladone de la Tristesse" (1973) de Ejichi Yamamoto, puis plus tard pour le chef d'oeuvre "Le Conte de la Princesse Kaguya" (2013) de Isao Takahata et "LÎle de Giovanni" (2014) de Mizuho Nishikubo.

Tatsua Nakadai aura été l'"autre choix", l'autre alternative à Toshiro Mifune, une des plus grandes stars du Japon avec plus de 160 films en sept décennies.

Tatsua Nakadai est mort ce samedi 8 novembre 2025 des suites d'une pneumonie à l'âge de 92 ans.