Nouveau film de Faouzi Bensaïdi réalisateur marocain entre autre de "la Falaise" (1999), "Mille Mois" (2003), "Mort à Vendre" (2011) ou "Volubilis" (2017). Pour son projet l'idée lui est venu en observant deux hommes dans un hôtel : "À côté de moi étaient assis deux hommes en costumes quasi identiques, chacun avec une mallette. Je n'entendais pas bien ce qu'ils se disaient mais leurs gestes étaient presque synchrones. Tout est parti de là. J'ai commencé à imaginer leur vie. Sont-ils dans la même chambre car ils n'ont pas assez d'argent ? Se sont-ils cotisés pour acheter une voiture ? Je commence à prendre des notes sans bien savoir où cela va me mener. Au début, je les voyais inspecteurs des impôts (rires). Quelques temps plus tard, marchant dans Casablanca, je vois une immense publicité pour une agence de recouvrement de crédits. Là, les choses commencent à vraiment se mettre en place. Le film était en train de germer." Faouzi Bensaïdi est le réalisateur-scénariste de son film doint il explique le titre : "C'est le titre d'origine. Dans ma tête, l'histoire démarrait dans cette marge urbaine d'un village marocain - comme un désert de la misère - avant de se poursuivre littéralement dans le désert. Il y avait aussi cette idée : il y a un désert pour chaque homme. Un espace nu où chacun se retrouve face à lui-même. Et enfin, c'est au pluriel car la vie de ces hommes est aussi un désert affectif."...
Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement à Casablanca. Les deux pieds nickelés arpentent des villages lointains du grand sud marocain pour soutirer de l'argent à des familles surendettées... Les deux compères sont incarnés d'abord par Fehd Benchemsi vu dans "Né Quelque Part" (2013) et "La Vache" (2016) de Mohamed Hamidi, "Queen of the Desert" (2015) de Werner Herzog et "American Sniper" (2016) de Clint Eastwood, il retrouve son réalisateur après "Mort à Vendre" (2011) à l'instar de son partenaire Abdelhadi Talbi "Volubilis" (2018) et "Jours d'Eté" (2022). Le cinéaste Faouzi Bensaïdi s'octroie comme à son habitude un petit rôle, acteur aussi pour les autres on l'a déjà vu en France dans "Loin" (2001) de André Téchiné, "Saint Laurent" (2014) de Bertrand Bonello et "Dheepan" (2015) de Jacques Audiard, retrouvant ainsi après "Le Cheval de Vent" (2001) de Daoud Aoulad-Syad et ses propres films "Mille Mois" (2003) et "Mort à vendre" (2011) l'acteur Mohamed Choubi aperçu également dans "Trahison" (2008) de Jeffrey Nachmanoff, "La Source des Femmes" (2011) de Radu Mihaileanu ou "Poissons Rouges" (2022) de Abdelslam Kelai. Citons encore Rabil Benjhaile vu dans "Les Mécréants" (2011) de Mohcine Besri et "Agadir Express" (2014) de Youssef Fadel, puis enfin Hajar Graigaa vu dans "Colère" (2012) de Mohamed Zenaiddaine ou "Oasis Dreams" (2016) de Aziz Khouadir... Le film débute comme un road movie où deux pieds nickelés du recouvrement de dettes tentent de s'accrocher aux branches de la misère pour sen sortir eux-mêmes. Ainsi, deux loustics, un que ma chère mère qualifierait de trop bon trop con et l'autre qui aimerait bien se faire plus roublard, tente de récupérer des emprunts auprès de pauvres gens qui n'avaient clairement pas les moyens d'emprunter et désormais encore moins de rembourser. Les deux compères se retrouvent à alterner entre magouilles futiles et corruption ordinaire pour récupérer un minimum. Les deux hommes se retrouvent dans une mission aussi pathétique qu'absurde dans un prisme capitaliste vampirisant.
Le rythme se fait lancinant, ça manque de punch, c'est redondant mais on aime aussi ces anti-héros et l'ironie autour de leur boulot dans un style qui s'inspire clairement du palestinien Elia Suleiman ou du finlandais Aki Kaurismaki. Mais alors que le côté redondant nous pousse à nous demander quand est-ce qu'il va se passer réellement quelque chose on s'aperçoit surtout que le récit vire dans une autre direction, vrille ainsi en quelque sorte dans une autre histoire aussi bien dans le style que dans le genre. En effet, alors que le buddy movie trop sage sur fond de dénonciation du capitalisme hors sol s'impose dans la première partie il y a une césure autour d'une histoire sur un brigand qui voudrait récupérer sa femme. La seconde partie devient alors tout autre chose, une sorte de western métaphysique de l'Atlas dont on ne comprend ni l'intérêt ni le rapport avec la première partie. On aime les plans séquences, le bel équilibre et l'osmose entre les deux agents, puis surtout les sublimes plans du désert marocain, mais pour le reste le film reste maladroit et trop évasif.
Note :
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