Mort du réalisateur Lee Tamahori

Après Tchéky Karyo et Diane Ladd, malheureusement jamais deux sans trois avec la mort du réalisateur néo-zélandais Lee Tamahori ce 7 novembre 2025 à l'âge de 75 ans.

Né en 1950 à Wellington(Nouvelle-Zélande) d'un père maori et d'une mère britannique, le jeune Warren Lee Tamahori a grandi dans la banlieue nord de la capitale, Tawa où il a effectué sa scolarité également. Il commence à travailler comme illustrateur et photographe, puis il devient perchiste-caméraman pour la Television New Zealand. 

Petit à petit il gravit les échelons, étoffe son carnet d'adresses, il devient perchiste-cameraman sur le tournage de "Goodbaye Pork Pie" (1981) de Geoff Murphy notamment, il se fait remarquer et devient assistant-réalisateur sur le film "Wild Horses" (1983) de Derek Morton, et enchaîne aussitôt au même poste sur "Utu" (1983) de Geoff Murphy grand succès néo-zélandais sur les guerres maories puis s'envole sur le tournage de "Furyo" (1983) de Nagisa Oshima.

Il est assistant-réalisateur sur plusieurs autres films ensuite retrouvant surtout son compatriote Geoff Murphy sur "Le Dernier Survivant" (1985). Il cofonde ensuite sa société de production Flying Fish, spécialisée dans la réalisation de publicité grâce à laquelle il se fait remarquer pour plusieurs publicités télévisées.

Il réussit à monter son premier projet des années plus tard, en tant que réalisateur-scénariste de "L'Âme des Guerriers" (1994 - ci-dessous) d'après le roman "Once Were Warriors" (1990) de Alan Duff avec Rena Owen qui devient une star en jouant la même année dans l'autre phénomène maori "Rapa Nui" (1994) de Kevin Reynolds, Temuera Morrison et Cliff Curtis à ses débuts. Le film est un événement, parlant de la minorité Maories et la violence communautaire. Succès critique et public le cinéaste connaît la reconnaissance internationale pour ce film coup de poing qui va devenir un film culte.

L'Ame des guerriers | Passion Cinéma

La logique suit avec un appel des sirènes de Hollywood que Lee Tamahori ne peut refuser. Il obtient de grands moyens pour une superproduction ambitieuse avec le drame policier "Les Hommes de l'Ombre" (1996 - ci-dessous) avec un casting prestigieux de Nick Nolte à John Malkovih en passant par Jennifer Connelly, Michael Madsen ou Melanie Griffith qui reçoit le Razzie Awards de la pire actrice. En effet, le film est un échec cuisant mais qui semble surtout dû à une promo catastrophique.

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Il enchaîne pourtant avec un thriller d'action, "A Couteaux Tirés" (1997 - ci-dessous) avec Anthony Hopkins et Alec Baldwin qui limite la casse avec un box-office qui compense le budget. Ces deux premiers films américains sont donc deux échecs, Hollywood serait une chimère...

Il faut attendre un peu pour le retour qui est malheureusement une nouvelle commande d'usine qui surfe encore sur la vague de "Seven" (1996) de David Fincher, mais c'est pour un petit flot (flop), "Le Masque de l'Araignée" (2001 - ci-dessous sur le plateau de tournage) avec Morgan Freeman justement mais le film cette fois amasse un peu de billets verts avec un box-office Monde à plus de 105 millions de dollars pour un budget de 60 millions, soit le plus gros succès du cinéaste à cet instant.

Ce léger sursaut, et sans doute croit-on tout de même à son potentiel, le réalisateur est choisit pour signer le nouveau 007, "Meurs un Autre Jour" (2002 - ci-dessous) avec Pierce Brosnan et Halle Berry qui reste un succès au box-office mais juste assez pour ne pas être trop déçu, surtout dû à la popularité de la franchise mais le film reçoit des critiques plutôt médiocres. Il ne reviendra pas pour le 007 suivant.

Alors qu'il est sans projet, un certain Vin Diesel refuse le script de la suite de son succès "xXx" (2002) de Rob Cohen, ce dernier quitte donc également le projet dont la réalisation revient à Lee Tamahori. Il réalise donc la suite "xXx2 : the Next Level" (2004 - ci-dessous) avec Willem Dafoe et Samuel L. Jackson mais avec Ice Cube en remplaçant de Vin Diesel, un cadeau empoisonné donc assez flagrant pourtant. Le film est un nouvel échec rapportant seulement 71 millions de dollars (soit le budget du premier qui en avait amassé 277 au niveau mondial !) pour 118 millions de budget.

Le cinéaste a donc cumulé les échecs et surtout les mauvais choix mais il semble aussi avoir une certaine bonne étoile au-dessus de sa tête. En effet, début 2006 il est arrêté alors que, vêtu en robe de femme, il aborde un homme en lui proposant une prestation sexuelle en échange d'argent, pas de bol il s'agit d'un policier. Il est condamné à 36 mois de probation et 15 jours de Travaux d'Intérêt Général. Mais pourtant, malgré le petit scandale, on lui propose un nouveau film ; à peine croyable, entre ce scandale et les échecs de ses films on a déjà vu Hollywood enterré ses artistes pour moins que ça ! Il signe donc "Next" (2007 - ci-dessous sur le tournage) avec Nicolas Cage et Jessica Biel, un film d'action qui reçoit un accueil tiède mais qui limite la casse avec un box-office à l'équilibre avec le budget. 

Photo de Nicolas Cage - Next : Photo Nicolas Cage, Lee Tamahori - Photo 86  sur 547 - AlloCiné

Il revient tout en discrétion avec pourtant un film qui n'est pas dénué d'intérêt, soit l'immersion au sein du régime de Saddam Hussein via le point de vue de la doublure du fils du dictateur Oudaï Hussein, "The Devil's Double" (2011) avec Dominic Cooper et Ludivine Sagnier mais malheureusement le film passe assez inaperçu.

Après des années hollywoodienne le cinéaste finit par revenir aux sources, petite production en Nouvelle-Zélande avec "Le Patriarche" (2016) un drame familial pour lequel il retrouve Temuera Morrison, pourtant il se laisse une nouvelle fois appeler par les sirènes d'un projet international, une superproduction historique européenne "Emperor" (2018) avec un casting international dont Adrien Brody, Paz Vega, Eddie Marsan ou Rutger Hauer. Le tournage a débuté dès 2014 mais des accusations de fraude fiscale conre le producteur du film finit par geler la post-production durant deux ans. Très vite qualifié de "enfer juridique" le projet va rester inachevé, tandis que plusieurs membres de l'équipe ne seront jamais payé dont le réalisateur et même la star Adrien Brody. Le réalisateur néo-zélandais connaît donc un nouvel échec même si c'est bien malgré lui.

Emperor – Frock Flicks

A chaque échec, le cinéaste prend à chaque plus de temps pour convaincre, trouver de nouveau projet et de nouveaux financiers, ainsi il faut attendre plusieurs années avant que le réalisateur ne revienne avec un nouveau retour aux sources, un film historique durant les guerres maories durant les années 1830, "The Convert" (2024) avec la star Guy Pearce. Une nouvelle fois, malgré ses qualités, le film reste une oeuvre assez confidentiel et il ne le sait sans doute pas encore mais ce film restera bien son dernier film.

Le cinéaste s'est marié deux fois et a eu un fils avec chacune de ses épouses.

Lee Tamahori aura surtout marqué les esprits avec son film culte "L'Âme des Guerriers" (1994), mais sa carrière n'aura jamais pris son envol, sans doute inhibé par le poids de la machine hollywoodienne et par de mauvais choix de projets.

Lee Tamahori est mort des suites d'une longue maladie (comme on dit) ce vendredi 7 novembre 2025 à l'âge de 75 ans.