Trois ans après Une nouvelle ère, Simon Curtis revient pour conclure ce qui aura été une longue et emblématique série. Le titre ne laisse aucun doute : il s’agit du dernier adieu à la famille Crawley et à son univers de Downton.
Le film s’ouvre dans les années 1930, une époque marquée par de profonds bouleversements et mutations. La famille emblématique Crawley observe, non sans difficulté, les transformations qui touchent l’élite britannique : des familles contraintes de vendre leurs résidences secondaires, de quitter leurs domaines ancestraux pour des logements plus modestes. Ce changement de mode de vie ne les épargnera pas, avec un premier scandale familial : le divorce de Lady Mary.
La première impression flagrante qui s’impose à nous, c’est cette volonté poussive de boucler toutes les intrigues laissées en suspens, d’offrir un avenir à chacun, ou simplement de forcer l’acceptation du changement. Mais dans cette envie de "bien faire", tout semble trop calculé, trop sage, et finalement… trop ennuyeux. Il y a un manque de cohérence, un manque de réalisme, alors que c’est justement cela qui devrait être au cœur du sujet : l’adaptation.
Sur la forme, rien à redire : les costumes, la photographie et la musique continuent de transporter. La mise en scène, toujours très académique, respecte à la lettre l’univers de la série sans rien y apporter de nouveau. Le film est beau, certes, mais aussi figé — comme s’il n’osait plus rien tenter, prisonnier d'un héritage qui a fait sa gloire.
Le casting, quant à lui, reste fidèle à lui-même. Les visages sont marqués par le temps, les performances tenues. Maggie Smith manque cruellement — son absence se ressent autant dans les dialogues que dans l’émotion. Michelle Dockery (Mary) tente de porter le flambeau avec dignité, mais sans ce mordant, sans cette brutalité sincère et sentimentale qui faisaient toute sa complexité. Les personnages secondaires, eux, sont trop nombreux pour avoir une réelle place dans un scénario confus, aux lignes narratives trop convenues. Les interactions sont ternes, les dialogues oubliables. Les retournements sont inexistants, et toutes les caractéristiques qui faisaient la force de la série semblent avoir été reléguées ailleurs… mais certainement pas dans ce film.
Un film trop sage, trop lisse, pour conclure une série qui a longtemps été mordante et piquante. Dommage, car si l’on reste dans la lignée de ce qui a fait la renommée de Downton Abbey, on aurait espéré un dernier élan, un souffle final d’audace et de panache.
Alors, aux plus nostalgiques, ce film offrira sans doute un dernier moment d’adieu… mais pour les autres, il restera un épilogue fade à une œuvre qui méritait mieux.
Note :
