Cassandre

CassandreQuand "Méduse" se nomme "Cassandre"

Hélène Merlin pour son premier film, autobiographique, traite de la relation incestueuse qu’elle a subi par son frère. Très vite, elle décrit une famille dysfonctionnelle où les abus sexuels font partie de l’histoire de familiale. La fille de la famille en sera la prochaine victime. La réalisatrice décrypte les rouages terribles et secrets d’une agression qui se met en place et qui semble inéluctable. Dans cette famille petit bourgeois de province entre un père militaire rigide et obsessionnel et une mère étouffante, hystérique et collé à son grand fils ; tout ce petit monde respire la névrose, et le terreau est fertile pour un grand frère attiré par sa sœur. Si on ajoute à cela que l’intimité, la pudeur et la sexualité de tous sont livrés en pâture à la famille, le tableau est complet et on comprend aussi très vite l’absence des deux sœurs ainées ayant vite quittées le foyer. Derrière l’ambivalence des attitudes de la jeune victime, c’est bien une forme de souffrance qui s’exprime, et celle-ci peut conforter l’auteur dans son récit ; mais Hélène Vincent n’a quant à elle pas d’ambiguïté et ne se trompe pas de victime. Les coupables sont bien les parents ici.

Mais c’est avant tout sur la forme que ce film affiche sa différence, entre conte noir et récit biographique. Hélène Vincent choisit sans cesse le pas de côté pour restituer l’indicible, le décalage et l’humour grinçant. Même si rien n’est mis sous le tapis, on n’est pas dans un réalisme frontal. Ce film est donc plus abouti et plus puissant que « Les chatouilles ».  L’esthétique très pop en plus de cette tonalité parfois burlesque dilue le sujet ; puis l’instant d’après on n’est rattrapé par soit des dialogues soit des scènes brutes de décoffrage. A la fin du film, on reste interloqué par ce que l’on vient de voir ; avec des sentiments très ambivalents.

Un sujet fort, du talent et de l’audace dans les choix artistiques… pour un film qui m’a laissé sans voix.

Sorti en 2025

Ma note: 15/20