Au départ ce projet devait être celui de trois hommes, les scénaristes Philip Yordan et surtout Bernard Gordon et le réalisateur-scénariste Nicholas Ray qui venaient de travailler sur "Les 55 Jours de Pékin" (1963), mais le réalisateur a dû renoncer après sa crise cardiaque sur le tournage du film. La réalisation est finalement confiée au célèbre Frank Capra qui n'avait plus tourné depuis "Milliardaire pour un Jour" (1961) auto-remake de "Grande Dame d'un Jour" (1933), mais il restera son dernier film après des désaccords avec les scénaristes qui reprennent l'écriture. En effet, le scénario est repris par Julien Zimet (mais crédité Halevy) remarqué pour son scénario de "Le Bandit" (1955) de Edgar G. Ulmer, et surtout par James Edward Grant spécialiste du western qui a collaboré sur une quinzaine de films avec John Wayne dont leur propre film respectif "L'Ange et le Mauvais Garçon" (1947) et "Alamo" (1960), puis Ben Hecht un des plus fameux scénariste de son époque qui a écrit pour les films "Scarface" (1932) de Howard Hawks, "Les Hauts de Hurlevent" (1939) de William Wyler ou "Les Enchaînés" (1946) de Alfred Hitchcock. Finalement, la réalisation est confiée à un vétéran, Henry Hathaway à qui on doit quelques chefs d'oeuvre comme "Peter Ibbetson" (1935), "Le Carrefour de la Mort" (1947) ou "Niagara" (1953)... Le monde du cirque est en crise, Matt Masters décide alors d'amener son cirque en Europe pour faire une tournée. Mais il espère aussi, peut-être, que Lili la mère de Toni, la fille qu'il a élevé comme la sienne réapparaisse. Après une arrivée catastrophe à Barcelone, tout le monde retrousse ses manches pour rebâtir et créer un nouveau spectacle jusqu'à ce que Lili revienne, sans le dire à Toni en accord avec Matt... 

Matt Masters est évidemment incarné par le monstre sacré John Wayne qui retrouve son réalisateur pour leur 5ème collaboration depuis "Le Retour du Proscrit" (1941) et qu'il retrouvera aussitôt après pour "Les Quatre Fils de kate Elder" (1964) et surtout "Cent Dollars pour un Shérif" (1969) pour lequel il obtiendra enfin son unique Oscar du meilleur acteur. Toni est jouée par Claudia Cardinale nouvelle star internationale grâce à des films "La Fille à la Valise" (1960) de Valerio Zurlini, "Cartouche" (1962) de Philippe De Broca ou "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti, tandis que Lili est interprétée par la star Rita Hayworth (en déclin mais imposée par John Wayne lui-même) icône de "Gilda" (1946) de Charles Vidor et "La Dame de Shanghaï" (1948) de et avec Orson Welles qui retrouve après "Ceux de Cordura" (1959) de Robert Rossen son partenaire Richard Conte qui retrouve Hathaway après "13, rue Madeleine" (1947) et "Appelez Nord 777" (1948), puis retrouve aussi après "Guadalcanal" (1943) de Lewis Seiler l'acteur Lloyd Nolan qui retrouve également Hathaway après "Johnny Appolo" (1940). Citons ensuite John Smith vu dans "Un Jeu Risqué" (1955) de Jacques Tourneur ou "L'Île des Femmes Perdues" (1959) de Frank Tuttle, Katherine Kath aperçue dans "Moulin Rouge" (1952) de John Huston et "Anastasia" (1956) de Anatole Litvak, Hans Dantès artiste de cirque qui a été la doublure de Burt Lancaster dans "Trapèze" (1956) de Carol Reed, Miles Malleson apparu dans "Noblesse Oblige" (1949) de Robert Hamer ou "Le Chien de Baskerville" (1959) de Terence Fisher et retrouve après "Le Grand Alibi" (1950) de Alfred Hitchcock l'actrice Kay Walsh qui a débuté dans les premiers films de David Lean entre "Ceux qui servent en Mer" (1942) et "Oliver Twist" (1948), puis enfin n'oublions pas le frenchy Moustache apparu entre autre dans "Ramuntcho" (199) et "Pêcheur d'Islande" (1959) tous deux de Pierre Schoendoerffer... La musique est signée de Dimitri Tiomkin, grand compositeur surtout connu pour ses B.O. de westerns, lauréat de trois Oscars il reçoit également pour ce film le Golden Globe de la meilleure chanson avec son parolier Ned Washington...  Evidemment on pense très fortement aux classiques du cirque sur grand écran "Sous le Plus Grand Chapiteau du Monde" (1952) de Cecil B. De Mille et "Trapèze" (1956) de Carol Reed. On retrouve ainsi les éléments principaux du cahier des charges inhérent au genre, la mise en place des personnages, la catastrophe du départ, repartir à zéro, le secret qui va évidemment faire le twist attendu, l'idylle, et surtout le spectacle de cirque qui doit évidemment offrir son lot de magie, d'art du cirque, de faste dans les costumes et les décors... etc... Précisons que le chapiteau dans le film est celui du Circus Franz Althoff (disparu depuis), puis on reconnaît un court instant ce qui pourrait être le cirque Bouglione à Paris... 

John Wayne est un patriarche logique qui fait le job, Rita Hayworth est un peu effacée mais dans un sens ça sert son personnage, tandis que Claudia Cardinale est une étoile qui brille à l'apogée de sa jeunesse et de sa beauté. Le scénario manque surtout de fluidité dans sa première partie est une succession d'événements entre échecs et sursauts, entre déception et spectacles, c'est un peu redondant même si il est certain que le tournage n'a pas été aisé ; la séquence de l'incendie à la fin , John Wayne y a risqué sa vie, cerné par les flammes alors qu'il continuait à jouer sa scène il a pu sortir in extremis. mais le film reprend un peu de souffle quand enfin Lili/Hayworth arrive au crique, les enjeux, les interactions se font plus intéressantes même si il y a quelques invraisemblances maladroites... ATTENTION SPOILERS !... Toni/Cardinale ne reconnaît pas sa mère, surtout elle ne s'interroge même pas une seconde alors qu'il y a une évidence à un minimum de réflexion vis à vis de la situation mais aussi après avoir vue la photo... FIN SPOILERS !... L'autre petite déception reste les numéros de cirque, bien moins réussis et moins bien orchestrés que les deux précédents films sus-cités. Le film reste un très bon divertissement mais il souffre logiquement de la comparaison avec ses deux prestigieux aînés.

Note :