Mort de l'éternel éphèbe, l'icône de la "beauté spirituelle" en un seul rôle, un seul flm, l'acteur suédois Björn Andrésen est mort ce 25 octobre 2025 à l'âge de 70 ans.
Né en 1955 à Stockholm Björn Johan Andrésen est né d'un père inconnu et d'une mère qui s'est suicidée alors qu'il n'avait que 10 ans. Il fut ensuite élevé par ses grands-parents. Une bonne partie de scolarité se déroula dans un pensionnat du Danemark, puis il s'inscrit à l'école de musique de Adolf Fredrik à Stockholm poussé par une grand-mère qui l'encouragea ensuite plutôt vers les métiers d'acteurs et du mannequinat motivée surtout par l'ambition personnelle d'avoir un petit-fils célèbre. C'est ainsi qu'à la suite d'un casting il obtient un petit rôle dans "Une Histoire d'Amour Suédoise" (1970 - ci-dessous) de Roy Andersson.
Le jeune comédien de 14 ans qui multiplie les activités extra-scolaire dont le théâtre passe alors un nouveau casting pour un grand réalisateur italien qui recherche un adolescent incarnant la "beauté spirituelle idéale et non charnelle". Il est alors choisit pour faire face à la star Dirk Bogarde dans "Mort à Venise" (1971 - ci-dessous avec Visconti sur le tournage, puis plus bas dans le film) de Luchino Visconti. Sans savoir vraiment de quoi il retourne, sa grand-mère accepte volontiers un tel projet de prestige, surtout que le maestro engage une gouvernante pour le chaperonner et l'aider à suivre ses devoir scolaires durant le tournage et que la grand-mère est accepter sur le plateau, tandis que les membres de l'équipe ont interdiction d'entrer en contact avec le jeune acteur.
Si le film n'est pas un grand succès commercial les critiques sont plutôt élogieuses et notamment le jeune Björn dont la performance est saluée pour son rôle de Tadzio, jeune éphèbe polonais en vacances dans une Venise aussi élégante que mortifère et qui rencontre un compositeur célèbre. L'histoire sur fond d'homosexualité platonique et encadré par un grand réalisateur gay éveillent des rumeurs mal intentionnées. Quelques moins après le tournage, néanmoins, Visconti emmène son jeune protéger dans un bar gay où il fait son effet mais dont l'expérience le rend mal à l'aise et qualifiera plus tard cet événement d'"enfer".
Pourtant, le film devient un classique et la reconnaissance est mondiale notamment au Japon où il devient une égérie publicitaire, enregistre même deux chansons pop tandis que plusieurs grands artistes du manga s'inspire lui pour leur héros notamment les autrices Keiko Takemiya et Moto Hagio connue pour leur personnage de jeunes garçons efféminés. Son physique d'une jeunesse idéale à la beauté diaphane marque les esprits et son temps, l'historien du cinéma Lawrence J. Quirk dans son livre "The Great Romantic Films" (1974) affirme même que son incarnation de l'adolescence "pourrait être extraites du film et accrochées aux murs du Louvre ou du Vatican."
Malheureusement, le succès est trop brutal et le jeune acteur ne peut assumer une telle pression. Il retourne en Suède et reprend des cours de théâtre, continue également et surtout la musique. Il ne revient au premier plan que des années après avec "Bluff Stop" (1977 - ci-dessus) de Jonas Kornell avant un nouveau stand-by, revient surtout avec "L'Assassin Candide" (1982) de Hans Alfredson dans un petit rôle auprès de Stellan Skarsgard. Mais l'acteur est oublié, on ne lui propose plus que des films essentiellement suédois dans des rôles plus ou moins secondaires, d'ailleurs avec plusieurs rôles de pianiste qu'il est devenu de manière professionnelle, et exception faite du rôle principal dans "Lucifer Sensommer - Gult og Sort" (1990 - ci-dessous) de Roar Skolmen.
L'acteur est lucide, sa carrière sur les écrans ne décolle jamais réellement, il devient musicien professionnel notamment en accompagnant régulièrement en tournée le groupe de danse Sven Erics.
Il se battra souvent pour lutter contre les rumeurs restées persistantes sur sa sexualité malgré son mariage avec une scénariste et poétesse en 1983 et avec qui il aura une fille (1984) et un fils (1986-1986) qui succombera à seulement 9 mois de la mort subite du nourrisson. L'acteur sombra alors dans une foret dépression. Le couple ne survivra pas à ce drame, ils divorcent en 1987.
En 2003, il s'insurge contre l'autrice féministe Germaine Greer dont le livre "The Beautiful Boy" (2003) porte en couverture une photographie de lui adolescent sans avoir été consulté, bien que l'ayant droit, le photographe David Bailey a autorisé la publication. Alors âgé de 48 ans, Björn Andrésen fait alors savoir qu'il refuisera désormais les rôles d'homosexuel et qu'il désire se débarasser de son image de "plus beau garçon du monde" ainsi qu'il était qualifier par les médias au début des années 70.
Il tourne régulièrement mais de façon très aléatoire, entre la télévision et le cinéma et désormais toujours dans des rôles très secondaires. Citons notamment les films "Gentlemen" (2014) de Mikael Marcimain, "Shelley" (2016) de Ali Abbasi ou "Midsommar" (2019 - ci-dessous) de Ari Aster.
Son dernier film au cinéma où il apparaît est le documentaire "L'Ange Blond de Visconti" (2021) de Kristina Lindström et Kristian Petri, et son dernier rôle sera pour le petit écran dans un épisode tout ce qu'il y a de plus commun de la série TV "Agatha Christie : les Enquêtes de Hjerson" (2022).
Björn Andrésen déclara : "Ma carrière est l'une dse rares à avoir commencé au sommet absolu, puis à avoir progressivement décliné. C'était une expérience solitaire." Malgré une carrière donc qu'il jugeait lui-même de "chaotique" l'acteur restera quoi qu'il arrive à jamais l'éphèbe par excellence de "Mort à Venise"...
Björn Andrésen, qui déclara dans une interview en 2020 qu'il retrouvera son fils "dans l'au-delà", est mort ce samedi 25 octobre 2025 à 70 ans.