Elle en fait du chemin la belle et audacieuse Hafsia Herzi, révélation de "La Graine et le Mulet" (2007) de Abdellatif Kechiche et vue entre autre dans "L'Apollonide : Souvenirs d'une Maison Close" (2011) de Bertrand Bonello ou "Borgo" (2023) de Stephane Demoustier et qui est passée à la réalisation avec "Tu mérites un Amour" (2019), suivi de "Bonne Mère" (2021) dans lequel elle ne jouait pas. Pour son nouveau et troisième projet derrière la caméra la réalisatrice-scénariste adapte elle-même le roman éponyme (2020) de Fatima Daas, autrice qui raconte son expérience quand elle s'est découverte lesbienne alors adolescente de confession musulmane et pratiquante...
Fatima, 17 ans, est la petite dernière de la famille et vit en banlieue dans une famille unie. Bonne élève elle intègre une fac de philosophie à Paris mais au même moment elle découvre qu'elle est attirée par les femmes. Mais en tant que musulmane, elle se sait hors des règles et la sexualité reste taboue au sein de sa famille. Ne pouvant en parler elle va tenter de s'émanciper en conciliant sa foi et ses désirs naissants... Fatima est incarnée par Nadia Melliti dans son premier rôle au cinéma, un premier rôle remarquée puisqu'elle a remporté le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 2025. Elle est entourée la franco-coréenne Park Ji-Min, pasticienne remarquée au cinéma dans le film "Retour à Séoul" (2022) de Davy Chou, Mélissa Guers vue dans "La Fille au Bracelet" (2020) de Stephane Demoustier et "Une Femme du Monde" (2021) de Cécile Ducrocq, Rita Benmannana aperçue dans "Colocs de Choc" (2024) de Elodie Lélu, Mouna Soualem apparue dans "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll qui retrouve Hafsia Herzi après "Tu Mérites un Amour" (2019) à l'instar de Sophie Garagnon qui était aussi dans "Bonne Mère" (2021), et à l'instar de Louis Memmi dont il était le partenaire dans "Borgo" (2023) et vu depuis dans "Leurs Enfants après Eux" (2024) des frères Boukherma, puis enfin Nemo Schiffman aperçu dans "La Promesse de l'Aube" (2017) de Eric Barbier, "L'Empereur de Paris" (2018) de Jean-François Richet et le navrant "Toutes pour Une" (2025) de Houda Benyamina... Une ado bonne élève dans un groupe de fouteurs de troubles ça ne paraît pas des plus plausibles dans la société où l'on vit désormais, mais c'est un détail avant qu'on remarque une influence forte et omniprésente dans le film de Hafsia Heriz avec deux passages évidents, à savoir la crise dans le couloir du lycée face à une accusation, et la manif pour tous qui renvoient toutes deux au film "La Vie d'Adèle" (2013) de Abdellatif Kechiche, le réalisateur qui l'a révélé. D'ailleurs, ici c'est un peu maladroit car on tombe une nouvelle fois dans le cliché mais rappelons qu'être gay/lesbienne ne veut pas forcément dire militant, surtout dans ce cas précis où Fatima/Melliti fait tout pour rester discrète mais va à la manif (?!).
Par là même on s'étonne que l'ado sorte aussi souvent et aussi facilement, découche sans soucis sans que jamais ni les parents ni les soeurs ne l'interrogent à minima ?! Et enfin, ça paraît un détail mais ça pousse au questionnement, dans les scènes intimes homosexuelles il apparaît que le personnage et donc actrice principal soit la seule à ne jamais être denudée. Par contre on apprécie la pudeur ambiante même si elle est poussée telle que le film est dénué de sensualité, le sexe étant une sorte de truc vite fait voir bêtement bestial. Passons sur la manif LGBT (et tout l'alphabet qui va avec), mais le plus gênant est qu'on ne voit pas vraiment évoluer Fatima, et notamment comment elle gère avec sa religion alors qu'un imam explique bien que ce n'est pas possible et que c'est interdit. D'autant plus que la romancière Fatima Daas affirme avoir assumée sa différence dès l'adolescence ce qui est loin d'être probant dans le film. Bien au contraire, le film ne fournit aucune réponse, et finalement le scénario s'avère redondant, tournant en rond jusqu'à une fin ouverte qui montre malheureusement que Hafsia Heruz a manqué d'audace, et que l'Islam n'est évidemment pas une religion de tolérance (comme la plupart des autres d'ailleurs). Un coup d'épée dans l'eau...
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