Cinéma | NOUVELLE VAGUE – 14,5/20

Cinéma NOUVELLE VAGUE 14,5/20

De Richard Linklater
Avec Guillaume Marbeck, Zoey Deutch, Aubry Dullin

Chronique : Filmer la Nouvelle Vague à la manière de la Nouvelle Vague, sans être vraiment la Nouvelle Vague tout en lui rendant hommage, c’est le nouveau défi que s’est lancé Richard Linklater, réalisateur audacieux et inventif qui n’aime rien moins que tester les limites et challenger les codes du cinéma.
Son dernier essai a certes moins d’ambition qu’une trilogie romantique s’écoulant sur 30 ans (Before sunrise/sunset/midnight) ou qu’un long métrage dont le tournage se déroulerait sur 12 ans (Boyhood), mais il n’en est pas moins enthousiasmant.
Je ne suis pas un grand spécialiste de la Nouvelle Vague, et je connais assez peu le travail de Godard (my bad), mais je me rappelle avoir été marqué par la fraîcheur et la liberté qui se dégageait d’À Bout de Souffle quand je l’ai découvert. Le film de Linklater traduit de manière très ludique cette énergie. Il retrace la genèse du chef d’œuvre et le joyeux chaos ayant accompagné le tournage sur un mode primesautier et décalé, à l’aide d’artifices réjouissants, comme celui d’identifier en forme d’inventaire chacun des personnages apparaissant à l’écran, soulignant ainsi le fait que toutes les figures de la Nouvelle Vague, majeures ou mineures, sont ici incarnées.
Mais ce qui bluffe le plus est la reconstitution de ce moment clé pour le 7ème Art, indissociable d’une décennie (le début des sixties) et de son identité visuelle et sonore. Elle se matérialise dans les costumes et les décors bien sûr, mais aussi et surtout le phrasé des comédiens, le rendu en pellicule ou encore les foules de badauds à Paris et à Cannes? plus vraies que nature. Le mimétisme avec certaines images d’archive est stupéfiant. Il ressuscite littéralement une époque.
L’exercice de style est gratifiant pour son spectateur qui est en permanence en éveil. Certes, la magie s’estompe un peu lorsqu’un comédien joue à côté ou que les dialogues sont inutilement alambiqués, mais elle fonctionne la plupart du temps. On peut aussi reprocher au projet une certaine superficialité et d’être plus pertinent sur la forme que sur le fond, ne cherchant pas vraiment à capturer ce qui se passe dans le cerveau de Godard ou les mécanismes de la révolution qui s’amorçait avec lui. C’est plus léger que ça, plus simple. Linklater ne se vante pas d’avoir tourné un essai définitif sur la Nouvelle Vague. Il capture simplement la joie de filmer et de créer d’une manière inédite. Et adresse une sincère et magnifique lettre d’amour aux films et à ceux qui les font.

Synopsis : Ceci est l’histoire de Godard tournant « À bout de souffle », racontée dans le style et l’esprit de Godard tournant « À bout de souffle ».