L'Homme qui Rétrécit (1957) de Jack Arnold

Spécialiste du film fantastique avec déjà les classiques du genre "L'Etrange Créature du Lac Noir" (1954), sa suite "La Revanche de la Créature" (1955) ou "Tarantula !" (1955) le réalisateur Jack Arnold porte à l'écran un classique littéraire avec l'éponyme "The Shrinking Man" en V.O. (1956) de Richard Matheson, auteur dont c'est la première adaptation cinéma mais qui va devenir un habitué du grand écran avec entre autre les adaptations de son premier roman notamment "Je suis une Légende" (2007) de Francis Lawrence. Le scénario est d'ailleurs écrit par l'auteur lui-même en collaboration avec Richard Alan Simmons auquel on doit les scénarios de "La Patrouille Infernale" (1954) de Stuart Heisler, "Trois Heures pour Tuer" (1954) de Alfred L. Werker ou "Le Roi et Quatre Reines" (1956) de Raoul Walsh. Le film est doté d'un budget confortable de 750000 dollars, à mettre en perspective par exemple entre les 337000 dollars de "12 Hommes en Colère" (1957) de Sidney Lumet et les 900000 dollars de "Les Sentiers de la Gloire" (1957) de Stanley Kubrick... A la suite d'un incident Scott Carey subit une contamination radioactive. Si au départ il semble s'en sortir indemne il constate avec effarement que son corps commence à diminuer de taille. Les examens cliniques ne l'aident pas, la science ne trouve pas de solution. Petit à petit Scott perd sa dimension d'homme et devient un être si petit qu'il se retrouve en danger dans monde qu'il commence à voir d'un autre oeil... 

Scott carey est incarné par Grant Williams qui retrouve son réalisateur après "Faux-Monnayeurs" (1956) et vu cette même année dans "la Cité Pétrifiée" (1957) de John Sherwood. Sa famille est composé de Randy Stuart vue dans "L'Eventail de Lady Windermere" (1949) de Otto Preminger, "Allez Coucher Ailleurs" (1949) de Howard Hawks ou "Eve" (1950) de J.L. Mankiewicz, et Paul Langton vu dans "Le Maître de la Prairie" (1947) de Elia Kazan ou "Le Grand Couteau" (1955) de Robert Aldrich. Le milieu médical est joué par Raymond Bailey qui retrouve Grant Williams après "Brisants Humains" (1956) de Joseph Pevney et  "Faux-Monnayeurs" (1956), il était aussi dans "Tarantula !" (1955), puis retrouve également après "L'Esclave Libre" (1957) de Raoul Walsh son partenaire William Schallert qui retrouve Grant Williams après "Ecrit sur du Vent" (1956) de Douglas Sirk, et sera vu plus tard surtout dans "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth, "Dans la Chaleur de la Nuit" (1967) de Norman Jewison ou "Gremlins" (1984) de Joe Dante. Citons ensuite Diana Darrin aperçue dans "Le Brave et le Téméraire" (1956) de Mickey Rooney et Lewis R. Foster ou "Filles Délinquantes" (1957) de Edward Bernds, Billy Curtis un des plus célèbres nains de Hollywood de "Le Magicien d'Oz" (1939) de Victor Fleming à "L'Homme des Hautes Plaines" (1973) de et avec Clint Eastwood en passant par "Cinquième Colonne" (1972) de Alfred Hitchcock ou "Les Feux de la Rampe" (1952) de et avec Charles Chaplin, puis enfin n'oublions pas le chat Orangey le plus primé de Hollywood, remarqué aussi dans les films "Rhubarb, le Chat Millionnaire" (1951) de Arthur Lubin, "Les Survivants de l'Infini" (1955) de Joseph M. Newman, "Le Journal d'Anne Frank" (1959) de George Stevens ou "Diamants sur Canapé" (1961) de Blake Edwards... Le film débute avec la paranoïa et les effets post-traumatiques de l'inconscient collectif de l'ère atomique, ainsi le pauvre Scott est-il une victime collatérale de radiation pour une conséquence aussi inédite qu'incroyablement tragique. Si les interrogations  sur le nucléaire sont déjà très présentes dans le cinéma c'est la première fois qu'un film explore le sujet de l'infiniment petit de façon aussi pragmatique te de façon aussi palpable. Mine de rien, le film ouvre la voie aux futurs "L'Aventure Intérieure" (1987) de Joe Dante et "Chéri, j'ai Rétréci les Gosses" (1989) de Joe Johnston.

Si on aime que l'histoire démarre vite et impose vite ses enjeux on pense ensuite que le film aurait pu gagner en ajoutant 5-10mn pour qu'on en apprenne un peu plus sur Scott/Williams dont on reste un peu trop détaché (ce qui coûte le point ultime). Mais le scénario est imparable, le personnage subit un chargement physiologique si important et si nouveau que son existence évolue de manière irrémédiable, l'histoire devient palpitante, mêlant judicieusement toutes les strates d'un récit riches en rebondissements. A la fois thriller, film d'aventure, aux perspectives scientifiques passionnantes, et qui vire doucement mais sûrement vers le film d'horreur le plus ultime dont la fin nous paraît encore inconcevable et pourtant si logique. Le film frôle la perfection aussi par son équilibre idéal entre le récit et les dangers de plus en plus palpables auxquels doit faire face Scott/Williams et les effets visuels et techniques mis en place à une époque où il n'y avait pas les facilités numériques d'aujourd'hui. Le film est construit autour de 14 décors où tout a été construit à l'échelle vis à vis du rapetissement du héros, du crayon aux ciseaux en passant par les meubles ou une simple épingle Scott traverse donc un environnement en constant agrandissement façonné de façon la plus naturelle possible. Techniquement et visuellement on est juste bluffé par le réalisme rendu, encore aujourd'hui, sans compter quelques séquences d'anthologie avec chat ou l'araignée. Le film reste un drame terrifiant et funeste d'une rare cohérence à tous points de vue, un chef d'oeuvre cultissime à voir absolument, à revoir et à conseiller forcément. 

Note :                 

L'Homme Rétrécit (1957) Jack ArnoldL'Homme Rétrécit (1957) Jack ArnoldL'Homme Rétrécit (1957) Jack ArnoldL'Homme Rétrécit (1957) Jack Arnold

19/20