Après des films comme "Anticipation Japon" (2018), "Arc" (2021) ou "A Man" (2022) le réalisateur-scénariste Kei Ishikawa revient avec une adaptation du Prix Nobel de littérature 2017 roman éponyme (2017) de Kazuo Ishiguro... Royaume-Uni 1982, une jeune anglo-japonaise entreprend d'écrire un livre sur la vie de sa mère Etsuko marquée par les années d'après-guerre à Nagasaki et hantée par le suicide de sa fille aînée. Etsuko commence son récit trente ans plus tôt lors de sa première grossesse et quand elle se lia d'amitié avec sa voisine veuve qui élève seule son fils. Mais au fil des discussions l'écrivaine remarque quelques discordances dans les souvenirs de sa mère...
L'écrivaine est jouée par Camilla Aiko aperçue dans "Lee Miller" (2024) de Ellen Kuras ou "Kraven the Hunter" (2024) de J.C. Chandor, sa mère est incarnée jeune par Suzu Hirose remarquée dans "Notre Petite Soeur" (2015) et "The Third Murder" (2017) tous deux de Hirokazu Kore-Eda et vue dans "Rage" (2016) de Lee Sang-Il ou "Last Letter" (2020) de Shunji Iwai, puis incarnée plus âgée par Yô Yoshida vue dans "Flying Colors" (2015) de Nobuhiro Doi, "Whistleblower" (2019) de Katsuo Fukuzawa ou "In Love and Depp Water" (2023) de Yusuke Taki. L'amie est interprétée Fumi Nikaido vue dans "Himizu" (2011) de Sion Sono, "Lesson of the Evil" (2012) de Takashi Miike, "Au Revoir l'Eté" (2014) de Koji Fukada ou "Ito" (2020) de Takahisa Zeze. Citons encore Kohei Matsushita surtout vu à la télévision à l'exception des films "I am Makimoto" (2022) de Nobuo Mizuta et "Misuteri to lu Nakare" (2023) de Hiroaki Matsuyama, Tomokazu Miura apparu notamment dans les films "Shiosai" (1975) de Katsumi Nishikawa, "Typhoon Club" (1985) de Shinji Sômai, "Outrage" (2010-2012) de et avec Takashi Kitano ou "Perfect Days" (2023) de Wim Weners, Romain Danna apparu dans "Mitsubachi to Enrai" (2019) de Kei Ishikawa ou "Harbin" (2024) de Min-Ho Woo, Daichi Watanabe vue dans "Asako I & II" (2018) de Ryusuke Hamaguchi, "My Favorite Girl" (2020) de Shinya Tamada ou "Ichiko" (2023) de Akihiro Toda, Rie Shibata vue dans "La Femme Lumineuse" (1987) de Shinji Sômai ou "Himitsu" (1999) de Yôjirô Takita, puis parmi les britanniques n'oublions pas Lynette Edwards essentiellement aperçue dans des séries TV malgré un petit rôle dans "My Summer of Love" (2004) de Pawel Pawlikowski, puis Ruby Young aperçue dans "The Phallic Artist" (2009) de Ryan Scheer ou "The Big Picture" (2010) de Michael Charron avant de faire surtout carrière à la télévision japonaise... Les traumas post-atomique de 1945 au Japon a laissé des traces indélébiles, et marquent encore un pays et des destins des décennies après. On pense évidemment au tout récent drame romanesque "Touch - nos Etreintes Passées" (2025) de Baltazar Kormakur, mais Kei Ishikawa choisit comme histoire un mélo dans la rande tradition du genre, dans un récit complexe et alambiqué de façon assez inutile tant on devine le twist final bien en amont. En effet les "quelques discordances dans les souvenirs de sa mère" paraissent en fait assez limpides très et trop vite... ATTENTION SPOILERS !... On devine très vite que Machiko est en fait Keiko, dès qu'on perçoit le détachement de Sachiko on devine ce qui se trame ensuite... FIN SPOILERS !... On se demande pourquoi tenter de créer un suspense dans un scénario aussi compliqué pour ce qui reste un drame classique et linéaire qu'on voit venir de loin.
D'ailleurs, le scénario est si décousu, si filandreux qu'on perd parfois un peu le fil (justement), pas parce que c'est bien écrit, bien au contraire, on souffle et on perd l'envie de suivre puisqu'on sait où on va. Enfin, pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer, ainsi on ajoute une sous-intrigue (relation père-fils du mari et beau-père de Etsuko) peu intéressante car à la fois trop simpliste et pas assez exploitée. On sent la volonté (logique) de montrer les conséquences psychologiques post-atomiques au sens large mais il aurait fallu rester focaliser un peu plus sur la relation amicale entre les deux mères, dont le point commun se résume à une phrase sur leur expérience personnelle. Par là même, si la dimension dépressive post-traumatique survole le récit on s'étonne a contrario d'un environnement à Nagasaki idyllique, une vraie image d'épinal d'un Japon idéal, à la beauté sidérante où on ne remarque strictement aucun stigmate des horreurs pourtant encore récentes. Si la partie 1982 est archi classique, seul le face à face mère-fille et la performance des actrices nous laissent éveillés, c'est bel et bien et uniquement la partie des années 50 qui nous séduit, une élégance formelle magnifique nous chamboule par ce paradoxe avec les horreurs de la mémoire collective. On perçoit l'idée de fond, le propos lucide et pertinent, la richesse de la relation d'une sororité post-traumatique mais le scénario reste poussif composé de méandres qui empêchent autant la fluidité du récit que les émotions de s'exprimer pleinement. La plus grande déception de l'année, dommage. Note indulgente
Note :