Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un flic voit rouge » de Stelvio Massi.
« Avec mon casier judiciaire, j’irai probablement en enfer. Je te garderai une place au chaud ! »
Le commissaire Mark Terzi, de la brigade des stupéfiants de Milan, doit enquêter sur les activités de l’homme d’affaires Benzi, soupçonné d’être à la tête d’un trafic de drogue international. Aidé par un second, le flic aux méthodes expéditives et peu conventionnelles part se confronter à celui qui se dit intouchable.
« Je voulais voir ta sale gueule de près : jusqu’ici je ne l’avais vu que de profil sur des fiches anthropométriques ! »
Après une première carrière de chef opérateur durant les années 60 dans l’univers du western spaghetti, où il travaille notamment sous les ordres de Tonino Valerii (« Lanky, l’homme à la carabine »), Stelvio Messi passe à la réalisation sur le tard, au milieu des années 70. Il approche alors la cinquantaine lorsqu’il dirige le giallo « Cinq femmes pour l’assassin » (1974). Mais c’est dans l’univers du poliziottesco, alors très en vogue, qu’il va rapidement s’imposer grâce à l’important succès commercial de son « Brigade volante » (1974). Dans la foulée, il se voit proposer de réaliser « Un flic voit rouge », dont le rôle principal doit être confié à Franco Gasparri, véritable célébrité du monde du (alors très populaire) roman-photo. Le succès sera tel que le personnage du Commissaire Terzi aura droit à deux aventures supplémentaires – « Marc la gâchette » (1975) et « Agent très spécial 44 » (1976) – toutes deux encore réalisées par Stelvio Massi. Si cette trilogie lance définitivement la prolifique carrière du cinéaste, elle marque néanmoins la fin de l’aventure de son principal comédien qui, après un retour dans l’univers du roman-photo, sera victime d’un grave accident de moto en 1980 qui le laissera lourdement handicapé, mettant de fait un terme définitif à sa carrière devant les objectifs.
« Cette affaire continuera à faire du bruit. Quand elle n’en fera plus, c’est que j’aurais arrêté Benzi »
A chaque époque son type de héros. Et de justicier. Parce que l'Italie des années 70 est empêtrée dans une flambée de violence incontrôlable et incontrôlée – tiraillée entre les actions criminelles de brigades rouges et de la mafia, de l'explosion de la criminalité urbaine et de la complaisance d'une classe politique en partie corrompue – elle se cherche des héros capables symboliquement de ramener l'ordre et de nettoyer les villes de la racaille qui mine la vie des habitants. De tout le cinéma bis de l'époque, le commissaire Renzi sera sans doute la représentation la plus juste et la plus aboutie de ce dont l'Italie fantasme: un flic jeune, incorruptible, intraitable, insubordonné. Et surtout capable d’avancer à la frontière de la loi, n'hésitant jamais à faire usage de la violence pour rétablir l'ordre. En cela, le personnage semble être le double italien de ses homologues américains « Dirty Harry (Callahan) » et Popeye Doyle (« French connection »), à qui il emprunte les méthodes expéditives et souvent à la lisière du droit. Mais Castellari parvient tout de même à rendre son héros plus subtil et plus mesuré que ses modèles américains : Renzi étant capable aussi de vraie marque d'humanité, notamment lorsqu'il tente de protéger une jeune junkie rongée par ses démons et recherchée par le milieu. Si son enquête demeure classique (le méchant n'est autre qu'un honorable chef d'entreprise ayant pignon sur rue alors qu'il se livre en douce au trafic de drogue), elle se révèle particulièrement rythmée et truffée de séquences d'action efficaces qui n'ont rien à envier à celles d'Hollywood. Clairement, le cinéaste a parfaitement su digérer ses influences américaines (on pense à « Bullit » notamment pour ses scènes de poursuites en voiture) en y ajoutant un vrai regard sur la réalité de la société italienne et sur la violence qui n’est jamais idéalisée. Quant à l'acteur principal, bien que quasi débutant, il se révèle parfaitement charismatique dans son rôle de flic iconique. Rien à redire donc, « Un flic voit rouge » fonctionne très bien et reste d'une efficacité redoutable cinquante ans après sa sortie. Clairement, on est dans le haut du panier du poliziottesco.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master 4K restauré et proposé en version originale italienne (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné par « Deux doigts sur la gâchette » : Curd Ridel à propos de la saga « Mark il Poliziotto », première partie (2025, 22 min.), « Un souvenir en rouge » : Entretien avec Danilo Massi (2025, 24 min.), « Gâchette, action et mémoires » : Entretien avec Daniele Sangiorgi (2025, 14 min.) et un diaporama d’affiches et photos.
Édité par Artus Films, « Un flic voit rouge » est disponible en combo digipack blu-ray + DVD depuis le 6 mai 2025.
Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.