Nouvelle Vague (2025) de Richard Linklater

Réalisateur américain de "Génération Rebelle" (1993) et de la trilogie des "Before..." (1995-2013) Richard Linklater revient tourner à Paris après justement "Before Sunset" (2004) pour rendre hommage à la Nouvelle Vague (Tout savoir ICI !) et plus précisément en revenant sur le tournage du film "A Bout de Souffle" (1960) de Jean-Luc Godard. Il retrouve pour ce film Vince Palmo et Holly Gent ses scénaristes de "Orson Welles et Moi" (2013) et "Bernadette a Disparu" (2019), puis collabore avec deux françaises pour plus d'authenticité, Michèle Halberstadt, productrice-scénariste du film et productrice qui a joué pour Godard dans "King Lear" (1987), a distribué "Eloge de l'Amour" (2001) de Godard et a même fait le dernier entretien du réalisateur phare de la Nouvelle Vague un an avant sa mort, puis Laetitia Masson à qui on doit les films "A Vendre" (1998), "La Repentie" (2002) ou "Un Hiver en Eté" (2023). Vu le sujet on a une pensée évidemment pour "Le Redoutable" (2017) de Michel Hazanavicius qui se focalisait sur le Godard des années 67-68. Le film semble connaître un bel engouement puisque Netflix a déboursé la somme de 4 millions de dollars pour acquérir les droits ce qui est un record pour un film, certe réalisé par un américain mais bel et bien une production française en langue française... 1959, le film "Les 400 Coups" de François Truffaut connaît un magnifique accueil et ouvre la voie à ce qui va bientôt être appelé la Nouvelle Vague. Soutenu par Truffaut et Claude Chabrol, Jean-Luc Godard convainc le producteur Georges de Beauregard de financer son premier long métrage avec un acteur inconnu et une jeune star américaine Jean Seberg... 

Pour rester dans l'esprit du dogme des débuts de la Nouvelle Vague Richard Linklater a choisi essentiellement des acteurs inconnus ou méconnus pour la plupart des protagonistes, et des acteurs plus connus pour les personnages l'étaient à l'époque. Ainsi la star Jean Seberg est incarnée par une vedette, Zoey Deutsh vue dans "The Boyfriend : Pourquoi Lui ?" (2016) de John Hamburg ou "Juré n°2" (2024) de Clint Eastwood et surtout elle retrouve son réalisateur après "Everybody wants Some !" (2016), tandis que Jean-Luc Godard et Jean-Paul Belmondo sont respectivement interprété par Guillaume Marbeck et Aubry Dullin qui sont seulement apparus jusqu'ici dans un ou deux courts métrages. Suivent tous les grandes figures de la Nouvelle Vague de Georges de Beauregard à Pierre Rissient en passant par Truffaut, Agnès Varda, Pierre Coutard, Jacques Rivette... etc... qui sont donc joués par des acteurs plus habitués aux seconds rôles ou de simples apparitions avec Bruno Dreyfürst apparu dans de nombreux courts ou à la télévision et au cinéma dans "La Place d'une Autre" (2021) de Aurélia Georges, Benjamin Cléry aperçu dans "Monsieur Aznavour" (2024) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir retrouvant ainsi son camarade Aurélien Lorgnier apparu également dans "Le Dernier Duel" (2021) de Ridley Scott ou "The Substance" (2024) de Coralie Fargeat, Matthieu Penchinat aperçu dans "Bellamy" (2009) de Claude Chabrol, Adrien Rouyard apparu dans quelques courts métrages à l'instar de Antoine Besson, Jade Phan-Gia aperçue dans "L'Exercice de l'Etat" (2011) de Pierre Schoeller ou "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch, Côme Thieulin apparu dans "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel, Jodie Ruth-Forest vue dansla série TV "Plus Belle la Vie, encore plus Belle" (2024), Franck Cicurel apparu dans "Nos Années Folles" (2017) et "Nos Âmes Soeurs" (2023) tous deux de André Téchiné, Pauline Belle aperçue dans "Les Malheurs de Sophie" (2016) de  Christophe Honoré et "Une Zone à Défendre" (2023) de Clément Cogitore. Puis on revient à des interprètes un peu plus reconnus avec par exemple Laurent Mothe alias Roberto Rosselini vu dans "La Monnaie de leur Pièce" (2018) de Anne Le NY ou "Les Promesses" (2021) de Thomas Kruithof, Alix Bénézech alias Juliette Gréco remarquée dans "L'Odeur de la Mandarine" (2015) de Gilles Legrand ou "La Belle Saison" (2015) de Catherine Corsini, puis enfin Tom Novembre alias Jean-Pierre Melville qu'on n'avait plus vu depuis "Les Vengeances de Maître Poutifard" (2023) de Pierre-François Martin-Laval... D'emblée on apprécie le Noir et Blanc qui nous plonge plus naturellement dans l'oeuvre originelle créant un lien naturel à la Nouvelle Vague. On apprécie aussi le soin apporté au casting, des inconnus pour la plupart mais qui physiquement sont très raccord avec les véritables personnalités ce qui aide aussi à l'immersion comme un voyage dans le temps. Et heureusement, Linklater choisit de ne pas se prendre au sérieux avec un côté BD particulièrement savoureux appuyé par les citations et aphorismes d'un Godard plus vrai que nature.

Mais surtout la fantaisie ambiante est également idéal pour matérialiser ce qui symbolise la Nouvelle Vague à l'époque, à savoir être libre et audacieux. Le film capte à merveille l'ambiance et l'envie du moment où comment la jeunesse s'empare du "cinéma de papa" pour le secouer et élargir les perspectives. Le concept album photo pour présenter les protagonistes est tout aussi malin, toujours dans une mode très BD comme un hommage ludique aux acteurs (dans le sens large) de la Nouvelle Vague jusqu'aux techniciens de l'ombre. C'est souvent drôle sans tomber dans le gag, c'est assurément nostalgique sans être mélancolique, original et léger mais néanmoins aussi sincère qu'authentique le réalisateur-scénariste a su créer une effervescence et une osmose certaine qui crée une filiation originale avec ces quelques semaines à la fin de l'été 1959. Linklater signe un film à la cinéphilie omniprésente ce qui pourra sans doute bloquer les néophytes mais qui est compensé par une dimension pédagogique. Un film magnifique à voir et à conseiller. 

Note :                 

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17/20