L'Aigle s'est envolé (1976) de John Sturges

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Survivant de l'Âge d'Or de Hollywood, surtout connu pour ses westerns dont le mythique "Les 7 Mercenaires" (1960), John Sturges signe là son dernier long métrage et revient au film de guerre qu'il avait déjà abordé notamment avec les films "La Proie des Vautours" (1959), son chef d'oeuvre "La Grande Evasion" (1963) et "Destination Zebra, Station Polaire" (1968). Son ultime projet est l'adaptation du roman éponyme (1975) de Jack Higgins, auteur déjà porté à l'écran avec "La Colère de Dieu" (1972) de Ralph Nelson et plus tard "L'Irlandais" (1987) de Mike Hodges, et qui écrira encore trois tomes suites avec son personnage principal Liam Devlin. Le scénario est écrit par Tom Mankiewicz (fils du grand J.L. Mankiewicz) qui s'est fait connaître en signant les deux 007 "Vivre et laisser Mourir" (1973) et "L'Homme au Pistolet d'Or" (1974) tous deux de Guy Hamilton... 1943, alors que les forces de l'Axe sont déjà en difficulté, Hitler donne l'ordre de faire enlever Winston Churchill pour le ramener à Berlin et demande à l'amiral Canaris d'organiser l'opération. Ce dernier, responsable de l'Abwehr les services de Renseignement allemand perçoit surtout que cette opération est une mauvaise idée et serait un piège de Himmler. Néanmoins, l'opération est lancée, un commando est envoyé en Angleterre dans un petit village côtier où Churchill ferait une halte. Le commando réussit son incursion grâce à un allié de l'IRA et une anglaise vivant dans le village. IL suffit désormais d'attendre l'arrivée de la délégation du premier ministre britannique... 

Parmi les hauts fonctionnaires décisionnaires on a donc l'amiral Canaris (connu comme anti-nazi !) incarné par Anthony Quayle vu portant l'uniforme à maintes reprises comme dans "Les Canons de Navarone" (1961) de Jack lee Thompson ou "Opération Crossbow" (1965) de Michael Anderson mais dont le rôle le plus connu reste sans doute la drame "L'Incompris" (1966) de Luigi Comencini, puis le fameux Himmler incarné par Donald Pleasance qui retrouve son réalisateur après "La Grande Evasion" (1963) et qui portera un même uniforme nazi dans "La Nuit des Généraux" (1967) de Anatole Litvak et retrouve après "THX 1138" (1971) de George Lucas son subalterne et partenaire Robert Duvall qui retrouve également Sturges après "Joe Kidd" (1972) et qui retrouve entre "M.A.S.H." (1970) de Robert Altman et "L'Invasion des Profanateurs" (1978) de Philip Kaufman l'acteur Donald Sutherland remarqué dans le commando de "Les 12 Salopards" (1967) de Robert Aldrich et qui retrouve aussi après "Un Cerveau d'un Milliard de Dollars" (1967) de Ken Russell l'autre cerveau opérationnel Michael Caine qui retrouvera plus tard Robert Duvall dans "Le Secret des frères McCann" (2003) de Tim McCanlies et retrouvera juste après dans l'autre film de guerre "Un Pont trop Loin" (1977) de Richard Attenborough l'acteur Michael Byrne vu ensuite dans un énième film de guerre avec la pseudo-suite "L'Ouragan vient de Navarone" (1978) de Guy Hamilton. Citons également les atouts charmes Jenny Agutter remarquée dans "La Randonnée" (1971) de Nicholas Roeg et "L'Âge de Cristal" (1976) de Michael Anderson, puis Jean Marsh surtout apparue dans des séries TV comme "Le Saint" (1964-1968), "Doctor Who" (1965-1966) ou "Maîtres et Valets" (1971-1975) mais aussi vu au cinéma dans "Cléopâtre" (1963) de J.L. Mankiewicz, "Frenzy" (1972) de Alfred Hitchcock et surtout son rôle le plus connu dans "Willow" (1988) de Ron Howard. Citons ensuite Treat Williams à ses débuts et qui confirmera avec "Hair" (1979) de Milos Forman ou "Il était une fois en Amérique" (1984) de Sergio Leone, Lary Hagman aperçu dans "Point Limite" (1964) de Sidney Lumet ou "Ambulances Tous Risques" (1976) de Peter Yates mais qui deviendra une star avec la série TV "Dallas" (1981-1991), John Standing aperçu ensuite dans "Elephant Man" (1980) de David Lynch ou "Le Commando de sa Majesté" (1980) de Andrew V. McLaglen où il retrouvera Wolf Kahler vu dans "Barry Lyndon" (1975) de Stanley Kubrick ou "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (1978) de Franklin J. Schaffner, puis enfin Judy Gesson vue dans "L'Etrangleur de Rillington Place" (1971) de Richard Fleischer ou "Brannigan" (1975) de Douglas Hickox... Le film avance un point de vue plutôt rare puisqu'ici les héros, ou personnages principaux sont des soldats allemands durant 39-45 ce qui en fait un des rares films offrant un angle différent aux côtés de films (si on reste sur 39-45) comme "Le Pont" (1959) de Bernhard Wicki, surtout "Croix de Fer" (1977) de Sam Peckinpah et "Le Bateau" (1982) de Wolfgang Petersen, puis "Walkyrie" (2008) de Bryan Singer et pourquoi pas "Les Oubliés" (2017) de Martin Zandvliet. Mais insistons sur le fait que l'événement raconté dans le roman ici adapté est bel et bien fictif, on est donc dans une uchronie comme le fera un certain Quentin Tarantino en mode plus spectaculaire dans "Inglourious Basterds" (2009) où le fantasme de tuer Hitler prenait forme, alors qu'ici côté allemand le fantasme est d'enlever ou tuer Churchill. 

A la différence de QT, ce film de John Sturges reste ancré toutefois dans un réalisme plausible, sur la forme et le fond le film opte pour une mission qui aurait pu se prévoir et qui aurait pu être risqué même si le taux de réussite reste faible ; les allemands sont tous lucides sur ce point. On est donc bel et bien dans une mission suicide qui se tente pour diverses raisons. C'est justement sur ces raisons que ce récit reste palpitant (sur sa forme surtout) et passionnant (sur le fond). Malheureusement le film ne reprend pas assez les motivations des protagonistes principaux... ATTENTION SPOILERS !... ok pour Canaris et Himmler, proches de Hitler mais antagonistes, ok pour le commando où les soldats sont patriotes mais pas nazis loin de là, ok pour le soldat de l'IRA forcément anti-britannique, mais par exemple le passé boer de Joanna est occulté, un personnage du Britisches Freikorps est supprimé dans le film... FIN SPOILERS !... D'autres changements vis à vis du livre sont assez notables mais plutôt judicieux finalement, notamment en ce qui concerne le personnage de Arthur (effectivement peu intéressant), le plus décevant reste l'idylle forcément convenue mais surtout beaucoup trop soudaine pour être crédible, puis une fin bien meilleure que dans le livre car moins "politiquement correcte". Le casting quatre étoiles, est impeccable même s'il faut privilégier une V.O. anglo-allemande pour donner un peu e force à tout ça. La mission suicide perdue d'avance est prenante, les rebondissements sont logiques mais efficaces et nécessaires avec une sorte de désespoir qui renforce le fait qu'il y avait des héros des deux côtés et qu'il n'y avait pas que des fanatiques nazis dans un monde en noir et blanc. Un très bon film de guerre donc à conseiller.

Note :                 

14/20