Moi qui t'aimais (2025) de Diane Kurys

La réalisatrice Diane Kurys aurait pris goût au biopic après son film "Sagan" (2008), puis étant particulièrement fascinée par la star et la femme Simone Signoret dont elle se rappelle avoir lu l'autobiographie "La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était" (1975) durant le tournage de son premier film "Diabolo Menthe" (1977), elle décide de porter à l'écran le destin de cette femme d'exception. La réalisatrice-scénariste va écrire pendant cinq ans avec Martine Moriconi qu'elle retrouve au scénario après justement "Sagan" (2008), puis elles sont rejointes par Sacha Sperling, de son vrai nom Yacha Kurys, fils de la cinéaste et de Alexandre Arcady, devenu romancier et qui retrouve sa mère après sa première expérience au scénario de la comédie "Ma Mère est Folle" (2017). Si au départ le film devait se focaliser sur la vie de Simone Signoret et son passage difficile lors de la liaison entre son époux Yves Montand et Marylin Monroe, mais leur actrice Marina Foïs ne se voyait pas assumer la beauté de Simone Signoret à l'époque. Finalement les autrices ont changé leur fusil d'épaule et ont focalisé leur récit sur les 12 dernières années du couple laissant ainsi plus de place à Montand. Les deux co-autrices ont durant cinq ans regardé tous les films du couple et lu tous leurs interviews pour enrichir leur scénario au plus près de la vérité... 

Hantée par la liaison de son mari Yves Montand avec Marylin Monroe qui date d'une douzaine d'années, Simone Signoret est une actrice renommée mais une femme meurtrie qui aime à la folie son mari infidèle et qui se refuse à le quitter. De son côté, Montand ne peut s'empêcher d'être infidèle, mais il aime passionnément son épouse. Tous deux souffrent, sans doute l'une plus que l'autre, mais ils savent aussi qu'ils ne se quitteront jamais... Simone Signoret est incarnée par Marina Foïs vue dernièrement dans "Barbaque" (2021) de et avec Fabrice Eboué, "As Bestas" (2022) de Rodrigo Sorogoyen ou "Je le Jure" (2025) de Samuel Théis, et retrouve après "Le Raid" (2002) de Djamel Bensalah, "Happy Few" (2010) et "Bodybuilder" (2014) de lui-même l'acteur Roshdy Zem, partenaire dont elle a soufflé le nom à la réalisatrice pour le rôle, juste après donc l'avoir vu dans "Hiver à Sokcho" (2025) de Joya Kamura et "13 Jours, 13 Nuits" (2025) de Martin Bourboulon. On croise plusieurs grandes personnalités surtout du monde du cinéma, joués notamment par Thierry de Peretti qu'on n'avait plus vu en acteur depuis "Doubles Vies" (2019) de Olivier Assayas car devenu surtout réalisateur dont le dernier film est "A Son Image" (2024), Vincent Colombe vu dans "Lee Miller" (2023) de Ellen Kuras et "Quand vient l'Automne" (2024) de François Ozon, Raphaelle Rousseau apparue dans "L'Etabli" (2023) de Mathias Gokalp et "Rapaces" (2024) de Peter Dourountzis, Cécile Brune ancienne sociétaire de la Comédie Française (1997-2018) aperçue sur grand écran uniquement dans "On a volé Charlie Spencer" (1986) de Francis Huster et "Stand-By" (2000) de Roch Stéphanik, Sébastien Pouderoux vu notamment dans "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho et "Sarah Bernhardt, la Divine" (2024) de Guillaume Nicloux, Leonor Oberson aperçue dans "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan, Timothée de Fombelle dramaturge dans son premier rôle à l'instar de son confrère israélien Yuval Rozman... Notons que la réalisatrice a fait appel à Philippe Sarde pour la B.O., un choix délibéré et symbolique puisque le compositeur a justement composé toutes les musiques des films cités dans le film. Le film commence mal car la scène d'ouverture est une mise en abîme où on voit les deux acteurs principaux entré dans la peau de leur personnage, ce qui n'aide pas pour plonger dans un biopic. D'emblée surtout on reste bloqué sur Montand joué par Roschdy Zem, rarement on aura eu aussi peu de ressemblance et/ou de points communs entre un personnage et son interprète.

A priori il s'agit d'un choix assumé par Diane Kurys qui explique : "Je n'ai pas cherché à raconter "le vrai", au sens de la "reconstitution exacte". Le biopic est un genre que j'ai aimé quand j'ai réalisé Sagan. Je voulais que Sylvie Testud soit Françoise Sagan jusque dans ses moindres gestes ; sa façon de fumer, de parler, d'écrire. Cette fois, mon envie était différente. Parce que le film raconte avant tout une histoire d'amour. Une histoire universelle. Je ne voulais pas de mimétisme, ni dans les visages ni dans les corps." C'est un peu hypocrite de la part de la réalisatrice cette argumentation, car alors pourquoi s'embêter à faire cinq années de recherche ?! Pourquoi grimer ainsi Marina Foïs ?! Et surtout l'histoire d'amour entre Signoret et Montand n'est justement pas universelle, elle est unique, publique et connue comme un couple monument du cinéma français. Ainsi, jamais on ne voit Yves Montand, malgré toute l'admiration qu'on peut avoir pour Roshdy Zem jamais on ne peut se démarquer de son physique trop différent vis à vis de Montand ; il y a donc et surtout un gros soucis de casting contrairement à Marina Foïs dont on sent l'investissement, et dont le maquillage et les artifices laissent place à plus de latitude à notre imagination. Sur le reste le scénario reste sans réelle surprise tant le couple est connu et reconnu, mais la dimension psychologique reste passionnante, essentiellement du côté de Simone Signoret/Foïs en victime de son amour inconditionnel, mais par là même Yves Montand/Zem est montré simplement en séducteur invétéré malgré lui presque, mais il y a une complaisance sur le personnage qui est aussi bien connu pour son caractère "difficile" (pour être poli) et dont on ne voit pas grand chose dans le film. Montant état un acteur au talent énorme mais un homme bien moins vertueux et le film ne se focalise que sur son appétit sexuel c'est un peu court voir caricatural. Forcément intéressant quand on aime le cinéma, sinon c'est tout de même un film assez anecdotique.

Note :                 

t'aimais (2025) Diane Kurys

09/20