La dernière grande star italienne issue des années 50 nous a quitté, Claudia Cardinale est morte ce 23 septembre 2025 à l'âge de 87 ans.
Née en 1938 en Tunisie, Claude Joséphine Rose Cardinale est la fille aînée d'une fratrie composée d'une soeur et de deux frères, d'un père sicilien mais né en Tunisie sous protectorat français et d'une mère italienne née en Lybie sous protectorat italien qui ont tous deux été scolarisés dans des écoles françaises. Malgré que les parents francophiles soient restés de nationalité italienne la jeune Claude est scolarisée à son tour dans un établissement français, une école de religieuse à Carthage mais garçon manqué au caractère sauvage et déterminé la jeune Claude connaît une scolarité mouvementée et elle est renvoyée. Malgré tout elle finit par obtenir son diplôme en envisageant de devenir institutrice. Elle parle alors français et sicilien mais son italien reste limité. Au début des années 50 elle quitte la Tunisie et s'installe chez des proches en Sicile où elle commence à s'intéresser au cinéma devenant fan de Marlon Brando, puis d'une certaine Brigitte Bardot devenue star soudainement grâce au film "Et Dieu... créa la Femme" (1956) de Roger Vadim, C.C. imite alors volontiers B.B.
Elle revient à Tunis et participe avec ses camarades de classe au court métrage "Les Anneaux d'Or" (1956) du français René Vautier où elle apparaît en gros plan quelques secondes en petite arabe. Elle aurait pu passer inaperçue mais le film remporte l'Ours d'Argent à Berlin et elle devient alors une célébrité locale. Dans le même temps elle obtient son diplôme et devient institutrice dans l'attente d'un poste dans le désert tunisien. Sans s'être présentée et sans être prévenue au préalable, elle gagne un concours de beauté lors de la semaine du film italien à Tunis en 1957, il semble que la présence de sa mère dans le comité qui organise ce gala de charité a permis un coup de pouce du destin. En effet, le prix est un voyage à Venise lors de la Mostra où la belle Claude de 18 ans fait sensation. Elle est remarquée par de nombreux cinéastes, elle tourne alors "Goha" (1958) du français Jacques Barratier aux côtés de Omar Sharif puis surtout elle est choisi pour jouer l'amoureuse de Renato Salvatori dans "Le Pigeon" (1958 - ci-dessous) de Mario Monicelli dont le succès lui offre le surnom dans les journaux de "la petite fiancée de l'Italie".

Deux autres réalisateurs lui conseillent d'aller étudier au Centro Sperimentale di Cinematografia à Rome. Elle s'exécute mais son italien est laborieux, elle parle alors surtout français et sicilien. Sa photogénie n'est alors pas suffisante et elle abandonne au bout de trois mois et retourne à Tunis. Sa décision inattendue est assez fracassante pour qu'elle fasse alors la couverture d'un hebdomadaire populaire. Mais son retour est marqué par une nouvelle encore plus inattendue, elle se découvre enceinte, résultat racontera-t-elle d'un viol quand elle avait encore 17 ans. Elle décide de garder l'enfant mais elle devient dépressive mais le producteur Franco Cristaldi via sa société Vides Cinematografica lui dit de cacher sa grossesse car cela ruinerait ses sa carrière, il lui propose alors un contrat d'exclusivité avec des conditions drastiques quand à sa liberté d'aller et venir mais aussi dans ses déclarations. Elle accouche dans le secret à Londres à l'automne 1958. Franco Cristaldi devient son mentor et va diriger son début de carrière.
Elle se sera arrêtée à peine quelques semaines et reprend les tournages. Elle a désormais le rôle féminin principal et retrouve d'abord Renato Salvatori pour "Vent du Sud" (1959) de Enzo Provenzale, puis elle est la tête d'affiche pour la première fois pour le film "Meurtre à l'Italienne" (1959 - ci-dessous) de et avec Pietro Germi avec qui l'entente est immédiate. Elle va considérer ce film comme son premier vrai rôle d'actrice encourager par deux critiques élogieuses de Federico Fellini ("... ce visage de biche, de chat, et qui exprime si passionnément le tragique...") et Pier Paolo Pasolini.
Elle retrouve l'équipe du film "Le Pigeon" (1958 - ci-dessous) pour sa suite "Hold-Up à la Milanaise" (1959) de Nanni Loy, croise Martine Carol et Vittorio de Sica dans "Les Noces Vénitiennes" (1959) de Alberto Cavalcanti puis participe pour son premier film étranger à "Entrée de Service" (1959 - ci-dessous) de Ralph Thomas mais dans un rôle secondaire.

L'actrice tourne beaucoup et quasi sans discontinuer et connaît un début de décennie à grand succès et une reconnaissance qui ne la quittera plus avec "La Fille à la Venise" (1960 - ci-dessous) de Valerio Zurlini avec le jeune Jacques Perrin pour un rôle dramatique qui lui vaut le David di Donatello spécial pour sa performance, mais aussitôt retiré après coup quand le jury s'est rappelé que l'actrice est doublé comme sur tout ses films car son italien n'est pas assez correct pour le public ; le film est difficile pour Claudia car dans une scène son personnage explique qu'elle a un enfant caché et renvoie donc à sa propre situation. Elle enchaîne en quelques mois avec le chef d'oeuvre "Rocco et ses Frères" (1960) de Luchino Visconti aux côtés de Alain Delon et Annie Girardot et où elle retrouve Renato Salvatori pour un film qui remporte en 1960 le Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise, "Le Bel Antonio" (1960) de Mauro Bolognini où elle est l'épouse de la star Marcello Mastroïanni pour un film qui remporte un Léopard d'Or au festival de Locarno ; Mastroïanni tombe amoureux d'elle mais elle repousse ses avances alors qu'il est à l'époque avec Catherine Deneuve. Elle retrouve une production étrangère avec le film historique français "Austerlitz" (1960) de Abel Gance où au sein d'un casting prestigieux elle retrouve Martine Carol et Vittorio De Sica.
En 1961, Paris Match dans son n°636 avec pour légende "On l'appelle CC, c'est Claudia Cardinale la jeune rivale de BB."
Elle retrouve son compatriote Pietro Germi pour "Le Mauvais Chemin", en V.O. "La Viaccia" (1961) de Mauro Bolognini où elle joue la prostituée Bianca dont tombe amoureux Jean-Paul Belmondo, joue aussitôt après dans le film français "Les Lions sont Lâchés" (1961) de Henri Verneuil où elle est fait face à Danielle Darrieux et Michèle Morgan tandis que ses prétendants sont joués par Lino Ventura et Jean-Claude Brialy, puis elle retrouve Belmondo avec qui cette fois elle connaît une courte liaison dans le Cape et d'Epée "Cartouche" (1962 - ci-dessous) de Philippe De Broca, puis retrouve un rôle de prostituée dans "Quand la Chair succombe" (1962) de Mauro Bolognini.
Elle retrouve Marcello Mastroianni pour "Huit et Demi" (1963) de Federico Fellini qui remporte 7 Rubans d'Argent 1963 et 2 Oscars 1964, et surtout il s'agit du premier film où elle tourne avec sa propre voix, c'est un tournant. Elle est encore doublée quand elle joue aux côtés de stars Burt Lancaster et Alain Delon qu'elle retrouve ainsi que son réalisateur pour "Le Guépard" (1963 - ci-dessous) de Luchino Visconti qui est un énorme succès avec la Palme d'Or en prime, enchaîne encore avec un nouveau film étranger avec la comédie "La Panthère Rose" (1963) de Blake Edwards avec Peter Sellers et David Niven qui dit alors d'elle qu'"elle est la meilleure invention italienne depuis les spaghettis !". Elle retrouve l'Italie où elle joue pour la première fois avec ses prestigieux compatriotes Ugo Tognazzi et Gian Maria Volonte dans "Le Cocu Magnifique" (1964) de Antonio Pietrangeli et elle est pour la seconde fois non doublé en italien et désormais elle le ne sera plus comme le film suivant "Les Deux Rivales" (1964) de Francesco Maselli avec Shelley Winters, Rod Steiger, Paulette Goddard et Tomas Milian, elle traverse l'Atlantique pour "Le Plus Grand Cirque du Monde" (1964) de Henry Hathaway aux côtés John Wayne et Rita Hayworth avant de revenir en Italie pour "La Ragazza" (1964) de Luigi Comencini qui lui vaut le Ruban d'Argent 1965 de la meilleure actrice.
Elle retrouve un de ses réalisateurs favoris pour "Sandra" (1965 - ci-dessous) de Luchino Visconti qui remporte le Lion d'Or à la Mostra de Venise.
Mais ce succès est assombrit alors que des rumeurs persistantes dénoncent une liaison entre la star et son producteur Franco Cristaldi, si cela est vrai depuis quelques temps la véritable menace serait que l'enfant caché soit révélé à la presse. Claudia Cardinale est consciente que si lui est sans doute réellement amoureux, elle culpabilise sur une relation qui reflète le cliché du couple producteur-star tandis qu'elle se sait "une Cendrillon gratifiée par sa générosité". Néanmoins, Cristaldi anticipe le scandale et prépare un exil temporaire outre-Atlantique où Claudia Cardinale est attendue à Hollywood. Elle joue alors dans "Les Yeux Bandés" (1965 - ci-dessous) de Philip Dunne avec Rock Hudson dont elle appréciait le côté protecteur.

Elle revient en Italie pour le film à sketchs "Les Ogresses" (1966) dans le segment de Mario Monicelli. Elle retrouve donc là-bas Alain Delon et Michèle Morgan pour "Les Centurions" (1966) de Mark Robson avec aussi Anthony Quinn sur fond de guerre d'Algérie, elle retrouve ensuite Burt Lancaster qui est cette fois moins paternel dans le western "Les Professionnels" (1966 - ci-dessous) de Richard Brooks avec aussi les stars Lee Marvin, Robert Ryan et Jack Palance.
La popularité de Claudia Cardinale est alors au sommet, en témoigne la maison d'édition Longanesi qui publie en 1966 le livre "Cara Claudia... Lettere dei fans alla Cardinale", ou plutôt sa photo qui illustre l'album "Blonde on Blonde" (1966) de Bob Dylan, utilisée sans autorisation. Après des poursuites la photo sera retirée dans les éditions ultérieures faisant des versions originales des objets de collection particulièrement rares et donc recherchées.
Pourtant les rumeurs sa vie conjugale avec Franco Cristaldi persiste le producteur organise alors leur mariage aux Etats-Unis début 1967 sans que l'actrice ne soit au courant, peu de temps avant que le journaliste Enzo Biagi découvre la vérité. Elle accepte alors de lui raconter et le récit est publié dans deux grands journaux tandis que son époux adopte officiellement Patrick. Malgré tout, ce mariage reste "arrangé", leur relation ne sera plus la même et le mariage ne sera d'ailleurs pas officialisé en Italie.
Le scandale arrive finalement presque à point, le contrats hollywoodiens permettent de s'éloigner du tumulte en Italie. Désormais plus libre de ses mouvements et de ses choix, la star voit pourtant les projets se raréfier et s'avèrent bien moins intéressants. Elle joue ainsi des rôles insipides de filles libres sexuellement mais où sa beauté incandescente fait merveille dans les comédies "Comment réussir en Amour sans se Fatiguer" (1967 - ci-dessous) de Alexander Mackendrick avec Tony Curtis ou "Une Rose pour Tous" (1967) de Franco Rossi avec Nino Manfredi.
Entre temps, outre le mariage et les révélations sur le fils caché, un nouveau scandale arrive quand Claudia Cardinale avec Antonella Lualdi sont présentées au Pape Paul VI le 6 mai 1967 et qu'elles arrivent toutes les deux en mini-jupe. Un événement qui pourrait être un détail s'il n'était arrivé que si peu de temps après les révélations intimes et dans un pays catholique en émoi.
Néanmoins elle retrouve le chemin des plateaux de tournage. Elle joue dans les films plus sérieux "La mafia fait la Loi" (1968) de Damiano Damiani avec Franco Nero qui lui vaut le David Di Donattello de la meilleure actrice, suit "Tous les Héros sont Morts" (1968) de Joseph Sargent avec Rod Taylor. Puis arrive enfin un projet aussi ambitieux qu'audacieux, il s'agit de la fresque "Il était une fois dans l'Ouest" (1968 - ci-dessous) de Sergio Leone avec Charles Bronson, Henry Fonda et Jason Robards. Dans cette démythification de la Conquête de l'Ouest l'actrice est une ancienne prostituée qui espérait un nouvel avenir qui va s'évaporer avant de devenir le symbole d'un nouvel espoir pour tout un pays en construction. Le film est un succès retentissant et va devenir un des plus grands films du Septième Art.
Elle retrouve ensuite son ami Rock Hudson pour "Un Couple pas Ordinaire" (1968 - ci-dessous) de Francesco Maselli, elle retrouve aussi plusieurs compères Nino Manfredi ou Ugo Tognazzi dans "Les Conspirateurs" (1969) de Luigi Magni qui est le plus gros succès de l'année en Italie, puis participe à la superproduction italo-soviétique "La Tente Rouge" (1969) de Mikhaïl Kalatozov avec Sean Connery.
Elle participe à une comédie d'un "fou furieux" dixit la Cardinale avec "Les Aventures du Brigadier Gérard" (1970 - ci-dessous) de Jerzy Skolimowski dont le tournage est cacophonique au point où l'actrice menace les producteurs de quitter le film si ils renvoient le réalisateur, cependant les producteurs lui retireront ensuite le final cut. Ensuite elle tourne "L'Audience" (1971) de Marco Ferreri qui renvoient bizarrement à son expérience en mini-jupe devant le Pape Paul VI, elle reçoit en prime en 1972 un nouveau David Di Donatello de la meilleure actrice. pour la comédie "Bello, Onesto, Emigrato Australia Sposerebbe Compaesana Illibata" (1971) de Luigi Zampa avec Alberto Sordi, un énorme succès en Italie qui ne sortira étonnament pas en France.
Elle reçoit un scénario sur un western farfelu qui devait voir Nathalie Delon et Mireille Darc à l'affiche. Finalement Claudia Cardinale y voit le moyen de s'offrir un duo avec son idole Brigitte Bardot, ce sera donc pour "Les Pétroleuses" (1971 - ci-dessous) de Christian-Jaque, C.C. précise que "C'était un peu tendu au départ (...) Et il a fallu apprendre à se connaître." mais c'est ensuite pour une entente joyeuse et un western absurde qui ne vaut que pour ce duo de charme qui casse leur image, puis reste en France pour retrouver une troisième et ultime fois Jean-Paul Belmondo pour "La Scoumoune" (1972) de José Giovanni.
Elle retrouve une dernière fois Mauro Bolognini pour le drame "Liberté, mon Amour" (1973) qui ne sortira que deux ans plus tard pour cause de censure, car l'actrice y incarne une anarchiste persécutée par le régime fasciste. Elle tourne dans le drame historique se déroulant dans l'Empire Russe "Avril Rouge" (1973) de Antonio Calenda avec Oliver Reed, puis elle est choisi pour le film "Lucia et les Gouapes" (1973) de Pasquale Squitieri (ensemble ci-desous) contre l'avis de ce dernier qui est éloigné du star system. Les débuts sont houleux mais le côté libre et ombrageux du réalisateur séduit la star et finissent par se rapprocher. Mais l'actrice est encore l'épouse d'un des producteurs les plus puissants d'Italie, ainsi c'est l'actrice qui fait le premier pas et séduit le réalisateur. Squitieri à mauvaise réputation, mais il est aussi tout l'inverse de son mari, et notamment il représente à ses yeux la vitalité, la liberté et une certaine folie. Leur liaison reste secrète et n'est officialisée que deux ans plus tard, puis elle divorce enfin de son époux producteur Franco Cristaldi. Mais ce dernier use de ses relations pour briser leur carrière, si c'est plus difficile contre la star Squitieri ne trouve plus de financement et devra attendre encore deux ans avant de pouvoir retourner un film.
Entre temps elle retrouve un de ses réalisateurs fétiches pour la dernière fois avec "Violence et Passion" (1974) de Luchino Visconti avec Silvana Mangano mais surtout elle y retrouve une troisième fois Burt Lancaster sur un tournage où Visconti est particulièrement éprouvé suite à une attaque cérébrale qui la touche. Elle tourne avec Monica Vitti, avec qui elle s'entend très bien dans le privé mais moins bien au niveau professionnel comme sur "Histoire d'Aimer" (1975 - ci-dessous), puis enchaîne avec "Une Blonde, une Brune et une Moto" (1975) de Carlo Di Palma qui s'avère être les deux derniers films produit par Franco Cristaldi et sa société Vides Cinematografica. L'actrice est consciente de ce qu'elle leur doit, mais aussi du paradoxe : "C'est eux qui m'ont construite, lancée. Ils m'ont donné les couvertures des journaux du monde entier, mais ils m'ont enlevé ma liberté et ma vie personnelle. Pendant des années, je me suis sentie stupide, incapable. Il y avait toujours quelqu'un qui parlait à ma place, qui décidait pour moi ce que je devais faire, dire et penser."
Elle tourne pour la première fois à la télévision avec un téléfilm en quatre parties avec la superproduction "Jésus de Nazareth" (1977) de Franco Zeffirelli puis enfin son conjoint Pasquale Squitieri parvient à se relancer et tourne ainsi trois longs métrages d'affilés avec Claudia Cardinale évidemment, comme pour rattraper le temps perdu, "L'Affaire Mor" (1977) avec Guiliano Gemma qu'ils retrouvent aussitôt après pour "Corleone" (1978), puis enfin "Homicide Volontaire" (1978). Elle participe ensuite dans un second rôle au film de guerre "Bons Baisers d'Athènes" (1978 - ci-dessous) de George Pan Cosmatos avec Roger Moore, Telly Savalas et David Niven qu'elle retrouve 15 ans après, puis elle termine la décennie avec "La Petite Fille en Velours Bleu" (1979) de Alan Bridges avec Michel Piccoli.
Les années 80 marquent les esprits d'entrée avec le drame "La Peau" (1981) de Liliana Cavani sur les exactions abominables des américains lors de la libération du pays en 1943. Un film terrible qu'une partie du public n'a pu supporter lors de la projection au Festival de Cannes 1981 mais qui a valu tout de même le Ruban d'Argent de la meilleure actrice dans un second rôle. Juste après elle joue dans le magnifique drame "Fitzcarraldo" (1982 - ci-dessous) de Werner Herzog où elle est une mère maquerelle et amante qui finance les folies du personnage joué par Klaus Kinski pour un tournage forcément dément avec ce duo Kinski-Herzog sans compter les difficultés dues au contexte amazonien.
Elle participe à la petite comédie érotique "Le Cadeau" (1982) de Michel Lang, enchaîne avec le film d'aventure "Le Ruffian" (1983) de José Giovanni qu'elle retrouve donc ainsi que Lino Ventura, retrouve aussi Giuliano Gemma pour "Claretta" (1984) de Pasquale Squirieti où elle est la maitresse de Mussolini un rôle qui lui vaut son troisième Ruban d'Argent de la meilleure actrice, retrouve encore Marcello Mastroïanni pour "Henri IV, le roi fou" (1984) de Marco Bellochio, citons encore et surtout le drame "La Storia" (1986 - ci-dessous) de Luigi Comencini pur lequel elle est vieillie pour un de ses meilleurs rôles dramatiques.
Après une vie nomade de star internationale essentiellement basée à Rome, elle décide de s'installer en 1989 à Paris car, entre autre, elle a besoin d'entendre le français pour se sentir chez elle. Elle participe alors à la superproduction "La Révolution Française" (1989) de Robert Enrico et Richard T. Heffron au sein d'un casting d'une trentaine de stars et vedettes, enchaîne avec "Hiver 54, l'Abbé Pierre" (1989 - ci-dessous) de Denis Amar avec Lambert Wilson, puis incarne une mère courage qui tente de sauver son fils de la toxicomanie dans "Acte d'Amour" (1989) de Pasquale Squitieri.
Elle joue aux cotés de Ugo Tognazzi et harvey Keitel dans le film historique "Les Cavaliers de la Gloire" (1990) de Souheil Ben Barka et Outchoune Nazarov qui lui permet de revoir la Tunisie puisque le film lui permet de voir mettre en scène la prise de Tunis par les Ottomans en 1574. Elle joue ensuite elle retrouve Omar Sharif dont elle joue l'épouse dans le dyptique autobiographique "Mayrig" et "588, rue Paradis" (1991 - ci-dessous) de Henri Verneuil, elle accepte de reprendre son rôle pour la suite "Le Fils de la Panthère Rose" (1993) de Blake Edwards, elle apparaît dans son propre rôle dans "Un Eté à La Goulette" (1996) de Ferid Boughedir qui est donc pour elle un retour chez elle, puis tourne deux films en costumes avec "Stupor Mundi" (1998) et "Li Chiamarono... Briganti !" (1999) tous deux de Pasquale Squitieri.

Désormais elle tourne de moins en moins, et le plus souvent dans des seconds rôles plus ou moins importants comme dans "And Now... Ladies and Gentlemen" (2001) de Claude Lelouch avec Jeremy Irons et Patricia Kaas, suit deux comédies avec "Le Démon de Midi" (2005) de Marie Pascale Osterrieh et "Cherche Fiancé tous Frais payés" (2007) de Aline Isserman, puis joue un drame tunisien avec "Le Fil" (2009 - ci-dessous) de Mehdi Ben Attia qui est censuré en Tunisie à cause de son sujet autour de l'homosexualité.
Entre temps, l'actrice joue au théâtre dont elle va fouler les planches régulièrement entre 2000 et 2017, notamment les deux adaptations de Tennessee Williams "Doux Oiseaux de jeunesse" (2005) et "La Ménagerie de Verre" (2006), et deux par Pasquale Squitieri avec tournée italienne en 2002 et 2017.
Elle joue dans le drame "Un Balcon sur la Mer" (2010) de Nicole Garcia avec Jean Dujardin et Marie-Josée Croze, retrouve un rôle principal dans "Sinyora Enrica ile Italyan Olmak" (2011) de Ali Ilhan, retrouve Franco Nero dans "Father" (2011) de Pasquale Squitieri qu'elle quitte à cette période après près de 40 années de relation, puis elle joue dans l'ultime film "Gebo et l'Ombre" (2012) de Manoel de Oliveira avec Michael Lonsdale et Jeanne Moreau, puis surtout elle retrouve après "Cartouche" (1962) son partenaire Jean Rochefort pour le magnifique "L'Artiste et son Modèle" (2012 - ci-dessous) de Fernando Trueba.
Citons encore les films "Dolomites 1915" (2014 - ci-dessous) de Ernst Gossner sur une histoire d'amour durant la Première Guerre Mondiale, elle joue ensuite dans le biopic "Effie Gray" (2014) de Richard Laxton avec Dakota Fanning et Emma Thompson, "Ultima Fermata" (2014) de Giambattista Assanti pour lequel elle obtient un dernier David Di Donatello de la meilleure actrice, joue dans le western atypique "Twice upon a Time in the West" (2015) de Boris Despodov où une femme arrive dans une ville fantôme qui aurait été utilisé par Sergio Leone dans ses westerns, et elle se fait engager comme femme de ménage dans la maison d'une dame excentrique qui s'avère être Claudia Cardinale elle-même !
L'actrice retrouve ensuite des rôles principaux dans des comédies qui passent pour la plupart inaperçus dont "Una Gita a Roma" (2017 - ci-dessous avec sa réalisatrice) de Karin Proia qui lui permet de jouer aux côtés de sa nièce Francesca Cardinale. Ses derniers films sont un second rôle dans le polar "Bronx" (2020) de Olivier Marchal avec Gérard Lanvin et Jean Reno, un grand final dans un rôle principal dans "L'Île du pardon" (2022) de Ridha Béhi avant une dernier rôle dans un court métrage avec "Un Cardinale Donna" (2023) de Manuel Maria Perrone.
L'actrice a reçu également de nombreux prix pour l'ensemble de sa carrière donc le Lion d'Or 1993 à la Mostra de Venise, le David di Donatello 1997, le Ruban d'Argent 2000, l'Ours d'Or à la Berlinale et le Léopard d'Or au festival de Locarno.
Outre le cinéma, Claudia Cardinale était aussi une militante active, pêle-mêle elle soutien Amnesty International, elle est marraine d'une organisation de lutte contre le SIDA, elle est ambassadrice à l'UNESCO, et crée en 2023 la fondation Claudia-Cardinale pour soutenir les jeunes artistes à émerger, puis est élargie à la sensibilisation sur la violence faites aux femmes et à l'écologie.
Claudia Cardinale a donc été marié (mais non officiel en Italie) de 1967 à 1975 avec Franco Cristaldi qui a adopté son fils caché Patrick. Des années plus tard elle apprendra que son époux lui a caché que le père violeur avait tenté de reprendre contact pour reconnaître Patrick. Le père réessaira des années plus tard encore mais cette fois ce sera Patrick lui-même qui refusera. Elle est la compagne de Pasquale Squitieri de 1973 à 2011, ils auront une fille en 1979 nommée Claudia.
L'actrice aura été une des plus grands stars mondiales durant plus de 8 décennies, avec une apogée certaine dans les années 60-70. Spontanée, courageuse, humble et naturelle, sex-symbol au glamour jamais démentie comme j'ai pu le constater moi-même lors d'une séance photo sur les bords de Seine au début des années 2000, on se souvient aussi de son pardon lors du Festival de Cannes 2017, où elle était l'égérie de l'édition représentée sur l'affiche officielle où certains avaient remarquées que l'actrice avait été amincie, ce à quoi la Cardinale avait déclaré : "Cette image a été retouchée pour accentuer cet effet de légèreté et me transpose dans un personnage rêvé ; c'est une sublimation..."
Elle est de surcroît d'une gentillesse évidente, car sans retouche la star reste en effet une sublimation... Elle reste une des rares acteurs-actrices dont la disparition me laisse les yeux humides
Claudia Cardinale nous a quitté pour le Panthéon du Septième Art ce mardi 23 septembre 2025 à à 87 ans, morte à son domicile de Nemours (elle avait quitté Paris en 2021) entourée de ses enfants.