Rembrandt (2025) de Pierre Schoeller

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le drame social "Versailles" (2008), la chronique politique "L'Exercice de l'Etat" (2011) et le film historique "Un Peuple et son Roi" (2018), Pierre Schoeller a une fois de plus pris son temps pour choisir son sujet et son projet avec cette fois un thriller écolo-psychologique que nous vend la bande-annonce mais le speech reste plus évasif avec un titre évocateur mais pas spécialement limpide.Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Anne-Louise Trividic surtout connu pour sa collaboration avec Patrice Chéreau dont les films "Intimité" (2001) et "Gabrielle" (2004), puis avec Violette Garcia qui a co-écrit "Retour à Séoul" (2022) de Davy Chou. La production semble avoir assez chaotique, les deux rôles principaux devaient être tenu à l'origine par Sandrine Kiberlain et Mathieu Amalric qui ont quitté le navire (pourquoi ?!) avant le tournage, remplacés ensuite par Camille Cottin et Gilles Lellouche avant que Romain Duris remplace finalement ce dernier. Par là même, la production espérait sortir le film fin 2024 mais sera repoussé deux fois... Physiciens travaillant depuis toujours dans le nucléaire, Claire et Yves visite la National Gallery dont sort bouleversée Claire par trois toiles du célèbre peintre Rembrandt. Petit à petit, Yves constate que Claire a changé...

Le couple est incarné par Romain Duris vu dernièrement par "Le Règne Animal" (2023) de Thomas Cailley, "La Nuit se traîne" (2024) de Michiel Blanchart et "Une Part Manquante" (2024) de Guillaume Senez, puis donc Camille Cottin tout aussi prolifique que son partenaire avec récemment le navrant "L'Empire" (2024) de Bruno Dumont, "Trois Amies" (2024) de Emmanuel Mouret ou l'excellent "Ni Chaînes Ni Maîtres" (2024) de Simon Moutaïrou, elle retrouve après "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco sa partenaire Céleste Brunnquell vue entre temps dans "L'Origine du Mal" (2022) de Sébastien Marnier, "Une Affaire de Principe" (2024) de Antoine Raimbault ou "Maria" (2024) de Jessica Palud. Citons ensuite les frères inséparables Denis et Bruno Podalydès qui ont joué ensemble dans une vingtaine de films, dont la plupart de ceux réalisés par Bruno depuis le court métrage "Versailles Rive-Gauche" (1992) jusqu'au dernier en date "La Petite Vadrouille" (2024), tandis que ce nouveau film est seulement le second film signé d'un tiers réunissant les deux frères après "Chocolat" (2016) de Roshdy Zem où ils incarnaient les fameux frères Lumière... Notons que la musique est signée du polonais Pawel Mykietyn qui a surtout travaillé pour ses compatriotes avec entre autre les B.O. de "Elles" (2011) de Malgorzata Szumowska, "L'Homme du Peuple" (2013) de Andrzej Wajda ou "EO" (2022) de Jerzy Skolimowski... Le début du film impose une atmosphère très pesante et anxiogène, ce qui force un peu notre perception puisqu'on ne sait encore rien des tenants et aboutissants exception faite de ce que nous dévoile la bande-annonce, mais surtout les premières minutes restent un instant familial qui se devrait être plaisant a minima. Par contre la visite au musée est d'une grande élégance, la mise en scène est immersive jusqu'à l'intime et l'imperceptible et offre ainsi un bel hommage à l'art tout en mettant en place le mystère qui va s'instaurer.

Après la visite au musée, Claire/Cottin devient dubitative voire anti-nucléaire malgré avoir été une ingénieure nucléaire durant de longues années. On devient nous-même dubitatif, car quel est le rapport entre l'art, Rembrandt plus précisément, avec le nucléaire et/ou le réchauffement climatique ?! Les dialogues sont aussi un soucis, restant constamment dans un jargon scientifique et/ou philosophique, dans un mode soutenu même dans les instants les plus intimes ou insignifiants. Néanmoins, Claire/Cottin pousse le curseur et nous impose une réflexion sur le rapport entre les actions humaines et les forces naturelles, si c'est plein d'acuité et passionnant le jeu d'équilibre est parfois perceptible avec le négatif à voir tout en pire, avec la notion de "anxiété anticipatoire" voir même la paranoïa. D'ailleurs ce n'est pas la relation de couple entre Claire/Cottin et son époux/Duris qui est la plus intéressante mais bien le face à face avec leur patron incarné par Denis Podalydès, homme aussi réaliste que lucide mais surtout pragmatique et néanmoins empreint d'un certain cynisme. Puis arrive un twist faussement inattendu... ATTENTION SPOILERS !... Claire qui fait un exposé catastrophique sur le futur du climat devant ses collègues, l'efface a priori définitivement puis finalement elle publie tout dans les médias sous couvert d'anonymat, un anonymat forcément stupide et superflue puisqu'il est évident que c'est elle !... FIN SPOILERS !... Il y a encore quelques passages maladroits et très démagos (et légèrement irritants) sur lesquelles on passera parce qu' ils restent anecdotiques vis à vis de l'intrigue. Entre crise existentielle de la cinquantaine et angoisses climatiques Pierre Schoeller signe un faux thriller et un vrai mélo écolo-psycho-philosophique qui ne convainc pas complètement car finalement un peu vain mais porté par une Camille Cottin qui l'est, elle, pleinement convaincante et qui sauve le film. 

Note :                 

12/20