Ce film est un biopic romancé d'un agent double durant la Seconde Guerre Mondiale, Eric "Red" Erickson (Tout savoir ICI !) d'après le roman éponyme (1958) de Alexander Klein. Le projet est confié à George Seaton connu pour "Le Miracle de la 34e Rue" (1947), "Une Fille de la Province" (1954), "Un Homme doit Mourir" (1963) ou plus tard son plus connu "Airport" (1970), d'après un scénario adapté par Charles Glenzbach pour sa première expérience d'écriture alors qu'il est surtout connu comme ingénieur du son notamment sur les chefs d'oeuvre "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de John Ford et "Le Parrain" (1972) de Francis Ford Coppola... En pleine Seconde Guerre Mondiale, Eric Erickson, un américain devenu citoyen suédois et qui travaille désormais dans l'import-export de pétrole. Totalement apolitique et seulement motivé par son profit il est pourtant contacté par des services secrets alliés et se retrouve malgré lui contraint de devenir un agent infiltré pour espionner ses amis et contacts allemands. Il organise tout un plan pour séduire encore plus le parti nazi mais est bientôt obligé de recruter parmi des proches et au fil du temps il commence à perdre ses plus fidèles amis qui ne comprennent pas son évolution alors que le Reich commence à perdre du terrain. Sa mission devient pourtant plus militante quand il tombe amoureux d'une allemande qui s'avère une alliée...
Eric Erickson est incarné par la star William Holden vu dans "Boulevard du Crépuscule" (1950) de Billy Wilder ou "Les Cavaliers" (1959) de John Ford et qui a déjà été remarqué en 39-45 surtout dans les films "Stalag 17" (1953) de Billy Wilder et surtout "Le Pont de la Rivière Kwaï" (1957) de David Lean. Son alliée et amante est jouée par Lilli Palmer actrice allemande mais à la carrière internationale vue dans "Quatre de l'Espionnage" (1936) de Alfred Hitchcock ou "Sang et Or" (1947) de Robert Rossen, elle retrouve après "Feu d'Artifice" (1954) de Kurt Hoffmann l'acteur Charles Regnier qui était dans "L'Amiral Canaris" (1954) de Alfred Weidenmann à l'instar de Wolfgang Preiss qui retrouvera Lilli Palmer dans "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (1978) de Franklin J. Schaffner et surtout vu dans "Le Diabolique Docteur Mabuse" (1960) de Fritz Lang et dans les suites signé de Harald Reinl retrouvant ainsi Werner Peters et Reinhard Kolldehoff qui étaient tous deux aussi dans "J'ai trahi Hitler" (1949) de Wolfgang Staudte, le second retrouve aussi après "Le Capitaine de Köpenick" (1956) de Helmut Käutner son partenaire Jochen Blume apparu dans "Le Tigre du Bengale" (1959) et "Le Tombeau Hindou" (1959) tous deux de Fritz Lang, quasi tout le casting retrouve l'acteur Günter Meisner puisqu'il sera dans "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (1978), qu'il retrouvera Wolfgang Preiss dans "Paris Brûle-t-il ?" (1966) de René Clément, retrouve Charles Regnier entre "Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir" (1958) de Douglas Sirk et "L'Oeuf du Serpent" (1977) de Ingmar Bergman, ce dernier était dans "La Chair" (1949) de Josef Von Baky avec Ernst Schröder qui retrouvera Meisner dans "Le Dossier Odessa" (1974) de Ronald Neame, tandis que Schröder retrouve après La Grande Vie" (1960) de Julien Duvivier l'actrice Ingrid Van Bergen vue dans "Portrait d'une Inconnue" (1954) de Helmut Käutner. Citons ensuite Hugh Griffith vu dans "Noblesse Oblige" (1949) de Robert Hamer ou "Exodus" (1960) de Otto Preminger, Carl Raddatz apparu dans "Oasis" (1955) de Yves Allégret ou "La Fille Rosemarie" (1959) de Rolf Thiele, Ulf Palme surtout vu chez Ingmar Begman avec "La Prison" (1949), "Cela ne se Produirait pas Ici" (1950) et "Rêves de Femmes" (1955), Phil Brown aperçu dans "Les Tueurs" (1946) de Robert Sdiomak ou "L'Obsédé" (1949) de Edward Dmytryk, puis enfin n'oublions pas la courte mais marquante apparition de Klaus Kinski encore méconnue qui retrouve certains camarades après "Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir" (1958) et qui va devenir une star avec "Le Grand Silence" (1968) de Sergio Corbucci ou "Aguirre, la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog... On est surpris au départ, alors qu'une voix Off accentue l'effet "histoire vraie" on entend une musique qui aurait très bien pu servir à un western. Ainsi pourrait donc s'attendre à un film d'espionnage mouvementé dans la veine peut-être d'un James Bond. Mais il n'en sera rien, l'effet westernien de la musique restera nébuleux. Ce qui est intéressant est qu'évidemment Eric Erickson est un homme qui ne s'intéresse ni à la politique ni à la guerre, étant citoyen d'un pays neutre il vit sa vie comme si de rien n'était, heureux a priori et cherchant à prospérer grâce justement à la guerre. Il nous fait un peu penser finalement à Rick Blaine alias Humphrey Bogart dans le chef d'oeuvre "Casablanca" (1942) de Michael Curtiz le cynisme en moins. L'espion en col blanc agit à contre coeur au départ pour comprendre que sa mission est bel et bien capitale.
Le plan mis en place est prenant car il paraît très bien ficelé, et les rebondissements sont bien amenés jusqu'à rendre le plan pas si sûr, car un tel plan est comme un crime, la perfection n'existe pas. Le suspense n'est pas probant, forcément nous savons que l'espion a réussi, mais le récit n'est pas dénué de moments sous tension ou d'instants anxiogènes et on mettra une mention spéciale au petit nazillon particulièrement zêlé prêt à trahir son père pour servir le IIIe Reich. Il semble que le film est très fidèle aux événements, exception faites du périple d'évasion et du meurtre au cimetière (Erickson n'a jamais eu à tuer), ce qui est peu on peut donc saluer le film sur son authenticité historique jusqu'à d'ailleurs à avoir tourné sur les lieux des faits, dans les décors réels des actions menées. Il est dommage par contre que la mise en scène soit si statique, si figée alors qu'il aurait fallu donner de l'ampleur à certains passages. Le film aborde avec parcimonie les tragédies de l'époque (camps de la mort, torture de la Gestapo, culture de la délation... etc...) mais on savoure aussi ce constat plus lucide qu'évident que du côté des bons ou des méchants les méthodes des services secrets restent d'une dégueulasserie nécessaire. Les acteurs sont impeccables avec une mention spéciale pour Hugh Griffith alias le commanditaire américain qui recrute Erickson, d'un détachement patriotique qui emprunte au flegme britannique, sans oublier la performance courte mais marquante du "mourant" Klaus Kinski. Pas un film de guerre, mais vrai film d'espionnage qui mérite le détour. Un bon moment.
Note :
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