Retour de la cinéaste belge Laura Wandel après son excellent premier film "Un Monde" (2021), et revient avec une nouvelle fois l'enfance au centre du récit. La cinéaste désirait abordée l'univers de l'hôpital, son attraction naturelle pour le monde de l'enfance l'a logiquement poussée vers la pédiatrie : "Mais je ne savais pas grand chose de ce service au départ, sinon qu'il m'évoquait un monde complexe, où s'emboitaient plusieurs couches. J'ai donc commencé par m'informer auprès de mon pédiatre, qui est à la retraite aujourd'hui, et c'est lui qui m'a orientée vers l'hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, un hôpital public très social, et connu pour ça en Belgique." Son second film compte parmi les producteurs la société Les Films du Fleuve des frères Dardennes, fameux réalisateurs belges multi-primés à Cannes qui sont aussi les producteurs de britannique Ken Loach depuis "Looking for Eric" (2009) et du roumain Cristian Mungiu depuis "Au-Delà des Collines" (2012)... Suite à une décision de justice, Adam un enfant de 4 ans est hospitalisé pour cause de malnutrition. Lucie l'infirmière pédiatrique autorise Rebecca, la maman, à rester aux côtés de son fils bien que les visites soient strictement limitées sur décision du juge. Mais ça se complique quand la maman refuse de quitter son fils, Lucie se retrouve contrainte de gérer la maman en détresse...
L'infirmière pédiatre est incarnée par Léa Drucker vue dernièrement dans "Un Homme en Fuite" (2024) de Baptiste Debraux, "Le Tableau Volé" (2024) de Pascal Bonitzer et "Le Mélange des Genres" (2025) de Michel Leclerc. La maman est jouée par Anamaria Vartolomei dont il vaut mieux oublier le navrant "L'Empire" (2024) de Bruno Dumont avec ses plus récents "Maria" (2024) de Jessica Palud, "Le Comte de Monte Cristo" (2024) de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière et "Mickey 17" (2025) de Bong Joon-Ho, tandis que son fils est joué par le tout jeune Jules Delsart pour son premier rôle. Citons ensuite Alex Descas acteur fidèle de Olivier Assays, Claire Denis ou Jim Jarmush qu'on n'avait plus vu depuis "On ment Toujours à ceux qu'on aime" (2019) de Sandrine Dumas, Laurent Capelluto qui retrouve sa réalisatrice de "Un Monde" (2021) et vu depuis dans "La Petite Bande" (2022) de Pierre Salvadori ou "A l'Ancienne" (2024) de Hervé Mimran, Timour Magomedgadjiev acteur fidèle des frères Dardennes qui retrouve donc après "Le Jeune Ahmed" (2019) sa partenaire Claire Bodson elle-même une fidèle avec également trois films avec les frères belges dont le récent "Jeunes Mères" (2025) et retrouve aussi après "Tori et Lokita" (2022) l'actrice Charlotte De Bruyne vue depuis dans "Débâcle" (2023) de Veerle Baetens... On sent l'influence des frères Dardennes de "Rosetta" (1999) dans le côté docu-fiction, dans un grain appuyé, les émotions viscérales, et on pense logiquement au tout récent "En Première Ligne" (2025) de Petra Volpe mais Laura Wandel impose une vraie intrigue, ou plutôt un réel enjeu avec cette justice qui plane, qui semble inhumaine face à l'abnégation de l'infirmière. Mais très vite on constate que l'hôpital lui-même, dans tout ce qu'il représente ne peut faire autrement que de suivre les pas de cette justice ; en effet comment et pourquoi un service ferait du favoritisme d'un côté si c'est pour mettre en danger de l'autre ?!
On apprécie que le film démarre directement dans le vif du sujet, sans avoir un prologue trop explicatif, les indices ou les infos vont venir subrepticement au fur et à mesure. On est d'abord désarçonné comme on pourrait l'être dans un cas semblable, où comment la maman nous déchire le coeur magnifiquement incarnée par Anamaria Vartolomei, avant de comprendre aussi que ce n'est pas si simple. A contrario, l'infirmière est montrée avec les mêmes défauts que dans le film belge de Petra Volpe sus-nommé... ATTENTION SPOILERS !... elle s'attache spécifiquement à la maman et son fils, mais on ne comprend pas pourquoi eux et à cet instant alors qu'elle est a priori une infirmière expérimentée avec de nombreuses années derrière elle mais elle agit comme si elle n'avait jamais connu de tels dossiers avant, elle prend des risques stupides aussi bien vis à vis de son boulot, de la santé de l'enfant ou envers la justice sans compter les mensonges à la délégués de justice ou ses supérieurs, et elle le ferait sans raison juste par humanité (mais dangereusement et contre la santé du gamin en réalité)... FIN SPOILERS !... Il manque quelque chose pour nous faire croire qu'une infirmière aurait soudain la grâce et le temps pour un unique cas dans tout un service, et de surcroît qui semble avoir assez d'infos et donc d'en savoir plus que les services de justice en ce qui concerne l'"innocence" de la maman dans les antécédents médicaux de l'enfant (était-il maltraité ?!). Mais oui, le milieu médical reste un milieu porté aux nues, donc l'empathie autant naturel et systématique font qu'on reste admiratif et ému, outre la maman/Vartolomei l'infirmière/Drucker est juste et crédible dans sa performance mais surtout on aime la mise en scène où Laura Wandel use judicieusement des plans-séquence ce qui donne un rythme et une fluidité idéale. Un bon film qui reste à conseiller.
Note :