Et au milieu coule une rivière

milieu coule rivière

Curieux effet miroir

Gros succès commercial et critique de l’année 1992 dont je fie aussi l’éloge à sa sortie dans une sorte d’engouement de jeunesse pour les épopées dans des paysages grandioses. Et l’académie des Oscar y a vu la même chose que moi à l’époque en décernant celui de la photo au chef opérateur Philippe Rousselot qui a su sublimer cette nature sauvage et flamboyante d’un Montana idéalisé ; reflet de la nostalgie de son metteur en scène, Robert Redford, pour une Amérique disparue. Sorti du cinéma comme nombre de spectateurs, l’appel des grands espaces, du silence de la pêche et de la chorégraphie du lancer nous poussait à vouloir s’initier à la pêche à la mouche. Avec l’adaptation de l’œuvre auto biographique de Norman Mc Lean, Redford veut montrer que ces espaces préservés sont des lieux de réconciliation entre l’homme et la nature. Pour illustrer cela, on va suivre deux frères issus d’une d’éducation presbytérienne rigoriste ; et prenant deux chemins de vie radicalement différents entre l’ainé qui suit la voie familiale avec une vie bien rangée et un cadet en parfait négatif. C’est très caricatural et sans aspérité au point que les émotions sont malheureusement absentes du scénario. Et pourtant il y avait matière à faire un film plus consistant : comment des choix de vie influent sur l’avenir, la place de la religion dans une vie, la vie d’adulte différente de celle de l’enfance, les liens fraternels,… Redford prouve donc comme metteur en scène qu’il n’est pas plus virtuose que comme comédien : un faiseur. Même la jeune indienne est cantonnée à un rôle purement caricatural de femme insoumise et alcoolique. Ce film est donc avant tout celui qui a propulsé très fort Brad Pitt sur le devant de la scène. Trop vieux pour jouer lui-même dans son film comme dans les précédents, Redford choisira un acteur peu connu qui ressemblait à celui qu’il était des années plus tôt : mais qui prouvera qu’il peut faire bien mieux que de montrer son joli visage et son sourire enjôleur à la caméra.

Déçu par le visionnage d’un film que j’avais surestimé. Et hommage à Redford décédé hier.

Sorti en 1993

Ma note: 12/20