Nouveau long métrage du réalisateur Spike Lee, auto-proclamé ponte de la communauté afro-américaine depuis ses succès "Do the Right Thing" (1989) ou "Jungle Fever" (1991), qui signera pourtant ses meilleurs films hors débats communautaires avec "Summer of Sam" (1999) et "La 25ème Heure" (2002), et qui ensuite alternera constamment entre réussites comme "BlacKkKlansman" (2018) et surtout médiocrités comme "Miracle à Santa Anna" (2008) ou "Da 5 Bloods" (2020). Pour ce nouveau projet il adapte un roman, "Rançon sur un thème mineur" (1959) de Ed McBain, déjà porté à l'écran avec le très bon "Entre Ciel et l'Enfer" (1963) de Akira Kurosawa que le cinéaste américain assume en faire son remake par la même occasion. Ainsi, il confie l'écriture du scénario à Alan Fox auteur des films méconnus "The English Teacher" (2013) de Craig Zisk et "The Eyes" (2016) de Robbie Bryan, en mixant ainsi le roman et le scénario original japonais transposant l'histoire dans le milieu de la musique afro-américaine, forcément. Si le film a été présenté hors compétition au Festival de Cannes 2025, le film ne sort que dans quelques salles aux Etats-Unis pour une réelle diffusion mondiale via la plateforme Apple TV+... David King, un magnat de la musique noire, réputé comme étant une des "meilleures oreilles de la profession", est dans une mauvaise passe financière mais croit avoir troucvé el moyen de rebondir. Mais au même moment il apprend le kidnapping de son fils et de son meilleur ami contre une rançon qui le ruinerait. Entre l'amour pour son fils et le pragmatisme il va tenter de s'en sortir jusqu'à ce qu'on retrouve son fils, mais pas son ami qui s'avère être aussi le fils de son ami et chaffeur personnel...
Le magnat de la musique est incarné par la star Denzel Washington qui a récemment surnagé dans le très décevant "Galdiator II" (2024) de Rdiley Scott, mais qui retrouve surtout son réalisateur pour la 5ème fois après "Mo'Better Blues" (1990), "Malcolm X" (1992), "He Got Game" (1998) et "Inside Man" (2006), puis retrouve aussi après "Un Crime dans la Tête" (2004) de Jonathan Demme son partenaire Jeffrey Wright vu dans "The Batman" (2022) de Matt Reeves ou "The Phoenician Scheme" (2025) de Wes Anderson, et retrouve après "Bayard Rustin" (2023) de George C. Wolfe l'acteur Michael Potts vu auparavant dans "Le Blues de Ma Rainey" (2020) du même réalisateur. Citons ensuite femme et fils joués par Ilfenesh Hadera aperçue dans "Baywatch : Alerte à Malibu" (2017) de Seth Gordon ou "The Bricklayer" (2024) de Renny Harlin, puis Aubrey Joseph aperçu dans "Night Run" (2015) de Jaume Collet-Serra ou "The Inspection" (2022) de Elegance Bratton et surtout la série TV "Cloak and Dagger" (2018-2019). Citons ensuite Wendell Pierce vu dans "Ray" (2004) de Taylor Hackford ou "Selma" (2014) de Ava DuVernay et qui retrouve son équipe de "Malcolm X" (1992) dont également Nicolas Turturro (frère de John Turturro) qui retrouve Spike Lee pour la 6ème fois depuis "Do the Right Thing" (1989), puis Dean Winters apparu dans "John Wick" (2014) de David Leitch et Chad Stahelski ou "Pire Soirée" (2017) de Lucia Aniello. Puis citons plusieurs acteurs-chanteurs, LaChanze surtout connue pour son Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale pour "La Couleur Pourpre" (2005-2006) à Broadway, ASAP Rocky un rappeur plus connu comme délinquant ou comme le conjoint de la star Rihanna que pour ses performances artistiques, puis les chanteuses Ice Spice, Jensen McRae et Princess Nokia... Dans la foulée de la sortie, pas moins de trois albums sont commercialisés sous le titre du film pour une B.O. rap ou hip hop assez classique sans être désagréable. On notera surtout l'affiche hideuse du film, qui va finalement s'avérer symptomatique d'un film inepte qui s'inscrit dans le déclin du réalisateur toujours engoncé dans un militantisme aussi amer que manichéen.
Les décors sont minimalistes, avec un semblant de luxe bon teint dans l'environnement du nabab, où paradoxalement le cinéaste semble fasciné par la réussite clinquante du producteur de musique tout en dénonçant le décalage entre la fortune de l'un et la misère des autres, tout en pointant du doigt le talent (l"oreille") de l'un et les vices des autres (le passé judiciaire du chauffeur, un talent derrière une façade abject pour le rappeur). Ainsi Spike Lee s'engonce une fois encore dans un monde noir et blanc, sans nuance, toujours dans un manichéïsme qui clôt tout débat. Mais le pire reste la forme, une mise en scène monotone, inerte, sans créativité dans un rythme amorphe, on pourrait aussi dénoncer sa direction d'acteur, où Denzel Washington semble s'ennuyer trimbalant juste un charisme sans effort, parfois est-ce juste un manque de talent comme Ilfenesh Hadera, épouse du nabab, qui est clairement mauvaises sur certains passages (quand elle apprend le rapt ou le retour du fils par exemple). On reste perplexe également sur le contexte policier, leur arrivée dans la maison ou l'opération de filature qui est tout sauf discrète. Un film qui ne va pas faire grand bruit, comme à Cannes d'ailleurs, qui sera vite oublié une fois encore. Espérons aussi que Denzel Washington ne va pas glisser sur cette même pente qui a fait trébucher son camarade Will Smith...
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