De quoi ça parle ?
De la fugue d’une gamine tête à claques, Arabella (Lucrezia Guglielmino) et de sa rencontre avec Holly (Benedetta Porcaroli), une jeune femme paumée.
Arabella accompagne son père Oreste (Chris Pine), écrivain célèbre, à un dîner donné en son honneur. Elle s’ennuie à cette soirée guindée et fait la tête, car elle voulait absolument aller manger dans un fast food. Quand elle manifeste un peu trop bruyamment son mécontentement, en plein discours de son papa, celui-ci craque et la confie aux soins de son chauffeur. Mais la fillette, insupportable, réussit à lui fausser compagnie et à partir en promenade.
C’est là qu’elle rencontre Holly. La jeune femme a eu une sale journée : elle a perdu le boulot qu’elle occupait en attendant de finir ses études scientifiques, un poste minable d’employée de patinoire, et subi plusieurs situations embarrassantes, qui ont alimenté un peu plus le mal-être existentiel qui la gagne depuis quelques temps. A vingt-huit ans, Holly se sent en décalage avec ses rêves d’enfant. Aussi, quand Arabella apparaît, elle se persuade de façon absurde qu’elle est son double, revenue du passé pour lui redonner un peu d’insouciance et de joie de vivre, et lui donner une seconde chance. Elles partent toutes deux en virée
Pourquoi on a envie de fuguer ?
Parce qu’il faut déjà supporter la petite Arabella, peste de compète à la voix de crécelle. Quand elle perturbe le discours de son père, on a envie d’aller lui acheter son fichu taco et lui enfoncer illico dans la bouche pour retrouver un peu de silence. Bon, c’est le personnage qui veut cela, et il faut saluer la performance de Lucrezia Guglielmino dans le rôle, mais vous voilà prévenus.
Heureusement, Holly nous séduit un peu plus, avec son mélange de vitalité et de fragilité. Le personnage est immédiatement attachant, grâce au jeu de Benedetta Porcaroli, dont on a pu apprécier le talent dans des films comme Enea ou le glaçant La Scuola Cattolica.
Les deux prologues du film, qui nous permettent de faire connaissance avec Arabella, puis Holly, sont très réussis. Ils installent d’emblée une énergie vive, un ton intrigant, léger, plutôt drôle, et la mise en scène de Carolina Cavalli surprend par son rythme et sa fraîcheur. On y voit la promesse d’une intrigue trépidante, qui va s’appuyer sur la relation improbable des deux personnages principaux.
Hélas, dès que les deux protagonistes partent en cavale, le récit s’étiole. L’oeuvre tombe dans un rythme indolent et une ambiance cotonneuse, atone, ni drôle ni vraiment émouvante. Les “péripéties”, sans relief, et l’irruption de personnages secondaires, sans épaisseur, ne parviennent jamais à sortir le film de cette torpeur. Il ne se passe rien de suffisamment remarquable pour justifier la durée du film (1h47), qui semble se traîner inutilement. Surtout, la relation entre les personnages ne fonctionne pas, malgré le talent des deux actrices. Elles sont bien dans leur rôle, mais évoluent chacune dans leur bulle. L’alchimie ne se produit pas.
Dès lors, l’ennui ne tarde pas à s’installer, tout comme l’envie de fuguer à son tour, pour s’éloigner de ce film déprimant.
Bien sûr, tout n’est pas si raté. Il y a quand même une belle réflexion sur le passage à l’âge adulte, ce moment où il faut accepter de renoncer à certains rêves d’enfant tout en gardant précieusement une part d’insouciance et d’innocence, pour continuer à avancer. Le dénouement, qui montre une Holly apaisée, réconciliée avec elle-même et prête à passer un cap, est plutôt bien mené et clôt le récit sur une note positive.
C’est malheureusement trop tard pour nous permettre de garder un souvenir positif de cette petite comédie dramatique, trop plate.
Crédits photos : Images fournies par La Biennale