Quatrième long métrage du franco-espagnol Oliver Laxe, qui tourne peu mais qui a le mérite d'être à chaque fois remarqué au Festival de Cannes avec le Prix Fipresci à la Quinzaine des Cinéastes pour "Vous êtes tous des Capitaines" (2010), le Grand Prix de la Semaine de la Critique pour "Mimosas" (2016), le Prix du Jury à un Certain Regard pour "Viendra le Feu" (2019), et avec ce dernier projet il transforme l'essai avec le Prix du Jury, le Grand Prix de la Palm Dog et une Mention Spéciale des cinémas Art et Essai. Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec Santiago Fillol, son scénariste déjà sur ses deux derniers films et qui a entre temps signé son propre premier film avec "Matadero" (2022). Le cinéaste s'est inspiré du film "Le Goût de la Cerise" (1997) de Abbas Kiarostami pour sa façon dont il aborde la mort car paradoxalement ça finissait par être un ode à la vie. Précisons que le titre signifie en arabe "chemin" ou "voie", mais le terme désigne aussi le pont qui relie le Paradis à l'Enfer. Notons qu'on retrouve à la production un certain Pedro Almodovar, qui nous a par ailleurs déçu avec son dernier film "La Chambre d'à-Côté" (2024)...
Après la disparition de sa fille lors d'une rave party au Maroc, les autorités n'ont rien donné aucune réponse ou solution. Luis, accompagné de son fils cadet de douze ans, part au Maroc pour tenter de retrouver sa fille. Ils participent à une rave où ils interrogent les ravers mais quand la police met fin à l'événement tous les étrangers doivent être expulsés, Luis et son fils fuient alors et rejoignent un groupe de ravers qui partent déjà en direction d'une autre rave plus loin dans le désert de l'Atlas... Le père est incarné par Sergi Lopez vu récemment dans "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky, "La Fiancée du Poète" (2023) de et avec Yolande Moreau et "Le Dossier Maldoror" (2025) de Fabrice Du Welz, tandis que son fils est joué par le jeune Bruno Nunez Arjona remarqué dans la série TV "La Mesias" (2023-...). Le reste du casting sont des amateurs et des non professionnels, on peut citer les rôles les plus centraux interprétés par les inconnus Stefania Gadda, Jade Oukid, Richard Bellamy, Joshua LiamHerderson, Tonin Janvier... Le film débute dans un etranse collective logique au vu de la bande-annonce, mais elle s'éternise beaucoup trop au point où on plonge dans une rave durant vingt minutes où il ne se passe rien. C'est long. Enfin ça bouge, le père et son fils suivent donc des raveurs marginaux vers apparemment une autre rave dans le désert. Après trente minute arrive le titre (?!) on se dit donc que le film commence vraiment et que l'histoire ne dure donc pas plus de 1h30. On constate vite qu'il s'agit d'un road movie, et que la quête de la fille perdue est en fait un whodunit à la Hitchcock, un prétexte car au fil du récit le duo père-fils semble oublier la raison de leur présence ici.
La traversée du désert apporte son lot habituel de soucis attendus, pénurie d'essence, soif et faim, problèmes mécaniques, le cahier des charges est bien remplis et constate que oui, ce genre d'énergumènes ont un réel soucis d'hygiène et passons sur la séquence "caca au LSD" plutôt pathétique. On s'ennuie ferme jusqu'à un rebondissement aussi inattendu que tragique, et on se dit qu'au bout d'une heure, ça y est l'intrigue va prendre forme. Mais pas vraiment... ATTENTION SPOILERS !... une mort soudaine, d'autres à venir et à chaque fois plutôt inattendue, mais on ne sait et on ne comprend jamais où ça va nous mener car la fin abrupte reste à la fois ouverte et sans tenant ou aboutissant... FIN SPOILERS !... On est presque étonné de voir personne avec un smartphone. Pourtant la musique est entêtante et impose une sorte de transe envoûtante, sans pour autant aimer de "boum boum" redondant inhérent à ce type de bruit, le réalisateur filme à merveille les beautés de l'Atlas, quelques instants de grâce font illusions et certains pourraient y voir une métaphore grossière avec ces passages "militaristes" mais franchement rien de probant. Au final un film esthétiquement réussi, à l'atmosphère anxiogène efficace mais la forme cache l'évidence, un fond inepte qui n'a rien à dire, où un père oublie sa quête comme le film oublie qu'il faut une histoire.
Note :
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