Changement de registre pour le cinéaste japonais Genki Kawamura après son court métrage "Duality" (2018) et son long métrage "N'Oublie pas les Fleurs" (2022), il passe ainsi du drame au film d'horreur. Un changement de registre radical surtout quand on se rappelle que sa première partie de carrière était en tant que producteur, essentiellement de films d'animation notamment des maîtres Mamodu Hosoda depuis "Les Enfants Loups, Ame et Yuki" (2012) et Makoto Shinkai depuis "Your Name" (2016). Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste adapte le jeu vidéo éponyme (2023) sur une personne piégée dans une station de métro et qui cherche désespérément la sortie. Il co-écrit son scénario avec Hirase Kentaro qui était son monteur sur "Duality" (2018) et déjà co-scénariste sur "N'Oublie pas les Fleurs" (2022) avant de passer lui-même derrière la caméra pour son film "SAI : Disaster" (2025). Genki Kawamura cite comme influence "Les Contes de la Lune Vague après la Pluie" (1953) de Kenji Mizoguchi et "Shining" (1980) de Stanley Kubrick, mais aussi les oeuvres géométriques de l'artiste néerlandais Maurits Cornelis Echer...
Un homme se retrouve piégé dans les couloirs d'un métro alors qu'il cherche la sortie n°8. Il devient évident qu'il doit faire attention aux anomalies, s'il en voit une il doit faire demi-tour, s'il n'en voit pas il peut continuer, et à chaque erreur il se retrouve à son point de départ. Il se retrouve ainsi dans la boucle d'un couloir sans fin... Le rôle principal est joué par Kazunari Ninomiya vu dans "Lettres d'Iwo Jima" (2006) de Clint Eastwood, le dyptique "Gantz" (2010-2011) de Shinsuke Sato ou "La Famille Asada" (2023) de Ryôta Nakano. Citons ensuite Yamato Kôchi et Naru Asanuma aperçus dans 2-3 épisodes télé auparavant, Kotone Hanase apparu dans "A Far Shore" (2022) de Masaaki Kudô et qui a prêté sa voix dans "Suzume" (2022) Makoto Shinkai et donc produit par son réalisateur, Nana Komatsu remarquée dans "Bakuman" (2015) de Hitoshi Ône, "My Tomorrow, Your Yesterday" (2016) de Takahori Miki, "Silence" (2016) de Martin Scorcese ou "Family of Strangers" (2019) de Hideyuki Hirayama... Le film débute en caméra subjective, où un homme dans le métro bondé semble paumé dans ses pensées au moment même où il apprend qu'il va devenir papa, peut-être ! Et c'est là qu'on comprend que ses hésitations, son instant de vie se retrouve justement comme dans un métro et qu'il va lui falloir choisir entre deux voies pour que sa vie continue, savoir faire un choix que le destin va se charger de lui faire comprendre en le positionnant littéralement dans un jeu aussi violent qu'implacable. Un jeu comme une métaphore où l'homme qui marche va être obligé de faire des choix.
Si on finit par s'agacer d'un inhalateur complètement superflu on savoure l'intelligence de fond où le réalisateur en profite pour mettre une place une critique pessimiste et fataliste de la société japonaise sous les clichés du "métro-boulot-dodo" et donc la routine qui pousse à l'individualisme comme un cercle vicieux. Le soucis du film réside dans un système intéressant mais effectivement répétitif et donc redondant, il faut accepter de se prendre au jeu à la recherche des "sept erreurs" ; certains critiquent le fait que les personnages tombent parfois trop facilement dans le piège mais en vérité, sous le stress et l'angoisse, dans un huis clos surréaliste pareil il paraît plutôt normal d'être faillible et de perdre parfois son sens logique. On aurait aimé un côté horreur ou frisson plus appuyé, ça reste bien sage, et la dernière partie est un peu longue, le dénouement est un peu poussif comme si l'écriture pour savoir "comment sortir du jeu" avait été laborieux. Mais le film reste une proposition de cinéma pure et originale, le concept est prenant, l'audace et l'idée mérite clairement le détour. Un belle expérience que cet OFNI.
Note :
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