Ex-Directeur Photo et ex-Producteur du grand David Lean sur ses premiers films entre "Ceux qui servent en Mer" (1942) et "Les Amants Passionnés" (1949), Ronald Neame a pris son envol dans la foulée avec des films comme "La Salamandre d'Or" (1950), "L'Homme qui n'a jamais Existé" '1956) ou "Les Fanfares de la Gloire" (1960) il va prouver avec ce nouveau projet qu'il n'est pas encore à maturité de son art, quand il signera enfin de grands films avec "L'Aventure du Poséidon" (1972) et "Le Dossier ODESSA" (1974). Il adapte le roman éponyme (1960) de Michael Barrett, dont d'autres oeuvres seront portés sur grand écran avec "La Récompense" (1965) de Serge Bourguignon et "Les Héros de Yucca" (1970) de Jean Negulesco. Le scénario est signé de Robin Estridge qui a une habitude des films d'aventures après avoir écrit "Simba" (1955) de Brian Desmond Hurst, "La Vallée de l'Or Noir" (1958) de Ralph Thomas ou "Aux Frontières des Indes" (1959) de Jack Lee Thompson ; ironie du sort, ce projet fait justement penser à un film de ce dernier, "Le Désert de la Peur" (1958) dont la trame et le contexte désertique est très similaire... Dans une petite dictature du Moyen-Orient, Sharif un leader nationaliste arabe est délivré par un petit groupe de partisans lors d'un transfert en prison. Ils décident de fuir à l'étranger afin que Sharif puisse préparer la révolution sereinement et revenir pour lutter contre l'oppresseur. Par la force des choses, le groupe s'agrandit plus ou moins à contre-coeur tandis que l'armée à leurs trousses se rapproche dangereusement...
Sharif est incarné par Yul Brynner star depuis "Les Dix Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille, "Les Frères Karamazov" (1958) de Richard Brooks ou "Salomon et la Reine de Saba" (1959) de King Vidor, et retrouve après "Le Bruit et la Fureur" (1959) de Martin Ritt l'acteur Jack Warden fameux seconds couteaux vu dans "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann ou "Douze Hommes en Colère" (1957) de Sidney Lumet. Parmi le groupe en fuite citons Sal Mineo remarqué auprès des jeunes idoles et espoirs de Hollywood, avec James Dean dans "La Fureur de Vivre" (1955) de Nicholas Ray et "Géant" (1956) de George Stevens puis avec Paul Newman dans "Marqué par la Haine" (1956) de Robert Wise et "Exodus" (1960) de Otto Preminger, Anthony Caruso vu dans "Quand la Ville Dort" (1950) de John Huston ou "Barbe-Noire le Pirate" (1952) de Raoul Walsh et retrouve après "L'Aventurier du Rio Grande" (1959) de Robert Parrish, Leonard Strong apparu dans "L'Homme des Vallées Perdues" (1953) de George Stevens ou "Quand la Marabunta gronde" (1954) de Byron Haskin et retrouve Yul Brynner après "Le Roi et Moi" (1956) de Walter Lang, et enfin l'atout charme avec Madlyn Rhue aperçue dans "Opération Jupons" (1959) de Blake Edwards ou "Le Gentleman en Kimono" (1961) de Mervyn LeRoy. Sinon n'oublions pas le souverain incarné par Joseph Ruskin apparu dans "Le Diable dans la Peau" (1960) de George Sherman ou "La Chute d'un Caïd" (1960) de Budd Boetticher et retrouve également Yul Brynner après "Les Sept Mercenaires" (1960) de John Sturges, puis enfin le caméo classe du génial James Mason star de "Pandora" (1951) de Albert Lewin ou "La Mort aux Trousses" (1959) de Alfred Hitchcock et vu la même année dans "Lolita" (1962) de Stanley Kubrick... La première chose qu'on remarque est que malgré son charisme naturel la star Yul Brynner semble autre part, au minimum syndical l'acteur est, il est vrai, dans une période très exotique avec des film comme "Tarass Bulba" (1962) et "Les Rois du Soleil" (1963) tous deux de Jack Lee Thompson (décidément !). Son personnage est trop monolithique ici, voir mutique et serait même devin ; gauche ou droite, il sait, pas de soucis.
L'acteur se fait même voler la vedette par Madelyn Rhue, jolie avec un magnétisme qui compense un rôle de potiche mais reste un contre-poids moral qui n'est pas anodin, et surtout Jack Warden gueule bien connue qui assume la plupart des scènes importantes. Le fait que ce soit un pays fictif et imaginaire n'aide pas à avoir un quelconque intérêt pour le destin éventuels de ce peuple, tous les clichés inhérents au genre y passe et notamment sur les arabes avec des dialogues simplistes et inintéressants car trop moralisateurs et si peu naturels. L'idylle semble évidente même si il y a une tentative maladroite avec une scène de jalousie aussi primaire que ridicule. Heureusement, l'action donne du rythme, l'enjeu révolutionnaire est toujours un bon engrais, il y a l'issue incertaine pour quelques uns et l'arrivée en quasi caméo d'un acteur d'exception. En conclusion un film d'aventure un peu mollasson auquel il manque le panache d'un Yul Brynner réellement investi.
Note :
Merci énorme à notre partenaire RIMINI Editions, qui ont une fois de plus déniché une perle rare, un film méconnu dans un coffret BluRay-DVD de toute beauté. Restauration impeccable avec des couleurs ravivées et un son à la hauteur pour ce film existe enfin sur un support vidéo.
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