Julieta - Focus Cinéma

Pourquoi voir Julieta ?
Après la comédie chorale, Les Amants Passagers, un film complètement loufoque concocté par un Almodóvar en grande forme, le cinéaste espagnole revient au drame familial avec Julieta, une œuvre sur la perte et le passage du temps.
L’histoire suit Julieta (Emma Suárez, Adriana Ugarte), une femme d'âge mûr, qui espère renouer avec sa fille Antía (Priscilla Delgado, Blanca Parés), dont elle n'a plus de nouvelles depuis 12 ans, hantée par son passé, elle écrit ses mémoires, revisitant sa rencontre avec Xoan (Daniel Grao), le père d'Antía, leur amour, une mort tragique et l'éloignement progressif de sa fille dans cette quête de réconciliation.
Le personnage de Julietta est interprété dans sa jeunesse par Adriana Ugarte et dans sa maturité par Emma Suárez, une femme confrontée à l’absence soudaine de sa fille Antía, Almodóvar construit son scénario autour d'allers-retours temporels, tissant ainsi un portrait poignant d’une mère rongée par l’incompréhension et la douleur.
Adapté de trois nouvelles d’Alice Munro (Chance, Soon, Silence), le film explore les thèmes fétiches d’Almodóvar comme la maternité, la culpabilité, le deuil et les secrets familiaux, une œuvre qui marque un retour à une sobriété narrative qui contraste avec l’exubérance avec ses œuvres précédentes.
Avec Julieta, Pedro Almodóvar explore la complexité des relations humaines tout en retenue, ce qui pourra déboussoler les fans du réalisateur espagnol, ici point de mélodrames flamboyants, Julieta est un film élégant et poignant qui fait la part belle à la sobriété, un choix qui somme toute est un parti pris, néanmoins on ne peut s'empêcher de regretter la percussion et la passion qui a fait la force du magnifique Volver ou encore de Tout sur ma mère.
Julieta n'atteint pas le niveau émotionnel des chefs d’œuvre d’Almodóvar mais une chose est sûre, il s'agit bien d'un Almodóvar, visuellement, le film est magnifique, fidèle à l’esthétique almodóvarienne, une mise en scène épurée sublimée par le chef opérateur Jean-Claude Larrieu, le spectateur déambule avec plaisir aussi bien dans les appartements madrilènes qu'aux milieux des paysages galiciens.
Coté musique, Pedro Almodóvar a de nouveau fait appel à Alberto Iglesias (Lucia et le Sexe, Everybody Knows), un choix logique quand on sait qu'il est le compositeur attitré du cinéaste depuis le film La Fleur de mon secret en 1995, ici la musique enveloppe le spectateur dans une ambiance mélancolique.
Au casting on retrouve Emma Suárez, l'actrice de L'Écureuil rouge et Le Chien du jardinier, livre une performance bouleversante en Julieta vieillissante, on ressent ici toute la douleur d’une mère abandonnée par sa fille, une femme brisée qui est prête à tout pour être avec sa fille.
Adriana Ugarte (Palmiers dans la neige, Amoureux de ma femme) qui incarne Julieta jeune, est moins marquante, non par les compétence de l'actrice mais plus par rapport à l'écriture du personnage, le scénario privilégient plus la période âgée de la vie de Julieta que sa période jeune.
D'ailleurs, en ce qui concerne les deux moments de la vie de Julieta, Pedro Almodóvar utilise des transitions visuelles intelligentes pour passer d'une actrice à l'autre, notamment l'utilisation d'une serviette, en ce qui concerne les seconds rôles, on retrouve Rossy de Palma (La Fleur de mon secret, Étreintes brisées), Daniel Grao (La catedral del mar, The Goya Murders), Inma Cuesta (Blancanieves, Everybody Knows), Michelle Jenner (La Corona Partida, Bird Box Barcelona), Darío Grandinetti (Parle avec elle, Les Nouveaux Sauvages), Susi Sánchez (La piel que habito, Douleur et Gloire), Pilar Castro (Volver, Compétition officielle) et Nathalie Poza (Truman, Lettre à Franco).
Même si Julieta n’atteint pas les sommets émotionnels des chefs d’œuvre de Pedro Almodóvar, cette œuvre reste tout de même un film visuellement somptueux et livre une nouvelle facette du réalisateur, le cinéaste s'intéresse ici au passage du temps avec une sobriété qu'on ne lui connaissait pas, le poids des années ont peut être apporté une nouvelle approche en ce qui concerne la vie et le cinéma.
Julieta est un Almodóvar mature et introspectif, une œuvre fascinante sur le temps qui passe, qui met de coté l'exubérance qui ont fait le succès du réalisateur espagnol, pour se concentrer sur des silences plus éloquents que des mots, alors oui Julieta n'est pas le meilleur film du cinéaste espagnol, néanmoins même si il ne s'agit pas de la meilleure réalisation de Pedro Almodóvar, il s'agit tout de même d'un Almodóvar.
Une œuvre maitrisée

Synopsis :

Julieta, une femme d'âge mûr, espère renouer avec sa fille Antía, dont elle n'a plus de nouvelles depuis 12 ans, hantée par son passé, elle écrit ses mémoires, revisitant sa rencontre avec Xoan, le père d'Antía, leur amour, une mort tragique et l'éloignement progressif de sa fille dans cette quête de réconciliation.

Anecdotes :

Le film a été tourné à Madrid, en Galice, dans les Pyrénées aragonaises et en Andalousie.

Julieta a remporté le Goya de la meilleure actrice pour Emma Suárez.

Les sculptures présentes dans l'atelier d'Ava sont celles du sculpteur espagnol Miquel Navarro.

Presque chaque scène contient la couleur rouge.