Le titre en V.O. de cette production italienne est "Per Pochi Dollari Ancora" soit littéralement la même traduction que le "Per Qualche Dollaro in Piu" plus connu chez en V.F. comme le cultissime "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) de Sergio Leone, ce qui montre déjà à l'époque l'aura du maestro et l'importance de ses films sur le genre. D'ailleurs ce projet signé de Giorgio Ferroni, déjà connu avec des films comme "Sans Famille" (1946) ou "La Guerre de Troie" (1961) choisit, à l'instar de Sergio Leone qui avait signé "Pour une Poignée de Dollars" de l'alias Bob Robertson, le pseudo anglicisé Calvin J. Padget pour se positionner dans le western spaghetti malgré un premier essai plutôt réussi avec "Le Dollar Troué" (1965). Comme souvent en Italie, le film se dote d'une armée d'auteurs dont Massimiliano Capriccioli qui avait débuté comme Chef Décorateur notamment sur "Il Bidone" (1955) de Federico Fellini ou "Un Eté Violent" (1959) de Valerio Zurlini avant de passer à l'écriture avec le western spaghetti "Django tire le Premier" (1966) de Alberto De Martino après lequel il retrouve son confrère Sandro Continenza scénariste expérimenté, les deux scénaristes retrouveront encore Giorgio Ferroni sur "Un Shérif à Abattre" (1967) avec l'autre co-scénariste Remigio Del Grosso fidèle du réalisateur entre aussi "Hercule contre Moloch" (1964) et "La Bataille d'El Alamein" (1969)... 1865, c'est la fin de la Guerre de Sécession mais certains ont bien l'intention de la continuer. Le Major sudiste Sanders espère continuer la lutte en s'emparant du Fort Yuma. L'ancien sudiste Gary Diamond accepte d'accompagner des nordistes afin de contrecarrer les plans de Sanders, mais c'est sans compter sur un butin de un million de dollars...
Gary Diamond est incarné par Giuliano Gemma crédité à l'américaine Montgomery Wood remarqué auparavant dans "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti et dans la franchise "Angélique, Marquise des Anges" (1964-1965) de Bernard Borderie, et retrouvera Ferroni dans "Wanted" (1967) puis entre "Le Dollar Troué" (1965) et "La Grande Chevauchée de Robin des Bois" (1970) il y retrouvera aussi son partenaire Nello Pazzafini, habitué du Spaghetti à l'instar de quelques gueules spécialistes comme Antonio Molino Rojo, Benito Stefanelli ou Lorenzo Robledo vus tous les trois dans les westerns de Sergio Leone, ils retrouveront plusieurs partenaires comme Furio Meniconi qui jouera dans "Wanted" (1967) et "Deux Pistolets pour un Lâche" (1968) tous deux de Ferroni ou "Il était une Fois la Révolution" (1972) de Leone, Alfonso Rojas vu entre autre dans "Django ne pardonne pas" (1966) de Julio Buchs ou "Joe l'Implacable" (1967) de Antonio Magheriti, José Calvo également vu dans "Pour une Poignée de Dollars" (1964), et n'oublions pas Riccardo Pizzuri crédité Rick Piper qui sera surtout connu pour sa collaboration avec les futures stars Bud Spencer et Terence Hill en duo ou en solo sur une petite vingtaine de films entre "Les Quatre de l'Ave Maria" (1968) de Giuseppe Colizzi à "Ange ou Démon" (1991) de Enzo Barboni. Citons ensuite le sudiste Sanders joué par Jacques Sernas vu notamment dans "Barbe-Bleue" (1951) de Christian-Jaque, "La Dolce Vita" (1960) de Federico Fellini ou "Les 55 Jours de Pékin" (1963) de Nicholas Ray, Dan Vadis surtout vu dans des peplums comme "Les Dix Gladiateurs" (1963) de Gianfranco Parolini ou "Hercule l'Invincible" (1964) de Alvaro Mancori, Jacques Herlin crédité Arlen Jacques, acteur français à la très longue carrière vu dans "Les Monstres" (1963) de Dino Risi ou "La Mandragore" (1965) de Alberto Lattuada et qui va marquer sa fin de carrière avec des rôles dans "Des Hommes et des Dieux" (2010) de Xavier Beauvois ou "Les Adieux d'une Reine" (2012) de Benoît Jacquot, Jacques Stany vu plus tard dans les gialli "Le Chat à Neuf Queues" (1971) et "Quatre Mouches de Velours Gris" (1971) tous deux de Dario Argento, puis enfin citons l'atout charme à la française avec Sophie Daumier vue dans "Les Collégiennes" (1956) de André Hunebelle, "Quand la Femme s'en Mêle" (1957) de Yves Allégret ou "Les Plaisirs Dangereux" (1965) de Duccio Tessari et qui sera surtout connu pour son duo populaire avec l'humoriste Guy Bedos... Précisons que la musique est signée de Gianni Ferrio qui retrouve son réalisateur entre "Le Dollar Troué" (1965) et "Un Shérif à Abattre" (1967), mais notons que sur cette B.O. il utilise un thème d'un certain Ennio Morricine...
L'histoire sort un peu des sentiers battus du Spaghetti (vengeance ou justicier, désert aride, une belle épleurée...) pour un contexte de guerre de Sécession qui reste une période très américaine. Le scénario mêle habilement guerre civile et appât du gain dans un rythme assez soutenu. Le cahier des charges du genre est rempli au point qu'il ne manque pas grand chose, intégrant même quelques passages tirés du western classique comme la bagarre de saloon. Mais surtout malgré le contexte dramatique le film reste sur une série B qui ne se prend pas au sérieux, un western qui ne manque pas de fantaisie notamment et surtout qui doit beaucoup au duo Giuliano Gemma et Sophie Daumier ; le premier au physique d'Apollon athlétique et charmeur fait ainsi face à la seconde, espiègle et malicieuse qui sort son épingle du jeu pour imposer un personnage féminin qui reste très souvent en retrait dans le genre du Spaghetti. Quelques passages sont particulièrement réussis dont on retiendra par exemple le passage du faux aveugle. Un bon moment.
Note :