L'Enfer est à Lui (1949) de Raoul Walsh

L'histoire de ce film est une idée originale de Virginia Kellogg alors au sommet de son art entre les scénarios de "La Brigade du Suicide" (1947) de Anthony Mann et "Femmes en Cage" (1950) de John Cromwell. Le film est offert à un géant de Hollywood, Raoul Walsh à qui on dit déjà des films comme "La Femme et la Loi" (1918), "La Danse Rouge" (1928), "La Piste des Géants" (1930), "La Charge Fantastique" (1941) ou "La Fille du Désert" (1949). Le scénario est finalisé par le duo Ivan Goff et Ben Roberts qui signera pour Walsh encore "Capitaine Sans Peur" (11951) et "L'Esclave Libre" (1957), mais la nomination à l'Oscar du meilleur scénario est bel et bien pour Virignia Kellogg. Notons que le titre en V.O. est bien plus parlant avec "White Heat" qui signifie "Chauffé à blanc"... Le gangster Cody Jarrett et sa bande braque un train, mais pendant l'attaque quatre personnes sont tuées. Jarrett est incontrôlable et fait peur à ses propres complices, mais la fuite est une question de survie. Afin de s'en sortir, Jarrett se livre pour un autre crime qu'il n'a pas commis mais qui lui permet de faire un minimum de prison. Entre temps, sa bande continue ses méfaits sous la surveillance de la mère Jarrett, tandis que la police prépare un piège pour que Jarrett paie pour l'attaque du train et les meurtres... 

Cody Jarrett est incarné par James Cagney star depuis "L'Ennemi Public" (1931) de William A. Wellman ou "Les Anges aux Figures Sales" (1938) de Michael Curtiz et il retrouve Raoul Walsh après "Les Fantastiques Années 20" (1939), "La Blonde Framboise" (1941) et avant "Un Lion dans les Rues" (1953). Sa mère est interprétée par Margaret Wycherly vue dans "Sergent York" (1941) de Howard Hawks, "Les Bourreaux meurent Aussi" (1943) de Fritz Lang ou "Ambre" (1947) de Otto Preminger, tandis que sa petite amie est jouée par la star Virginia Mayo qui retrouvera son réalisateur dans "La Fille du Désert" (1949), "Capitaine sans Peur" (1951) et "Une Corde pour te Pendre" (1951), elle retrouve son partenaire Steve Cochran après "Les Plus Belles Années de notre Vie" (1946) de William Wyler et "Si Bémol et Fa Dièse" (1948) de Howard Hawks. Citons ensuite Edmond O'Brien vu dans "Quasimodo" (1939) de William Dieterle ou "Les Tueurs" (1946) de Robert Sdiomak et la même année dans "Horizons en Flammes" (1949) de Delmer Daves retrouvant ainsi l'acteur Fred Clark vu dans "Le Crime était Presque Parfait" (1947) et "Boulevard des Passions" (1949) tous deux de Michael Curtiz, John Archer aperçu dans "Le Monstre de Minuit" (1942) de Wallace Fox et retrouvant Virginia Mayo et Raoul Walsh après "La Fille du Désert" (1949), Wally Cassell apparu dans "Le Facteur sonne Toujours Deux Fois" (1946) de Tay Garnett ou "Femme de Feu" (1947) de André De Toth, Mickey Knox vu la même année dans "Faites vos Jeux" (1949) de Mervyn LeRoy et "Les Ruelles du Malheur" (1949) de Nicholas Ray, Ian MacDonald qui retrouve Raoul Walsh après avoir fait de la figuration dans "La Charge Fantastique" (1941) et "La Vallée de la Peur" (1947), et retrouve aussi après "La Femme aux Cigarettes" (1948) de Jean Negulesco l'acteur Grandon Rhodes vu dans "L'Ombre d'un Doute" (1943) de Alfred Hitchcock ou "Né pour Tuer" (1947) de Robert Wise... Notons que Raoul Walsh fait une fois de plus appel à ses fidèles comme le compositeur Max Steiner (une douzaine de films ensemble) connu aussi pour les classiques "Autant en Emporte le Vent" (1939) de Victor Fleming ou "Casablanca" (1942) de Michael Curtiz, puis le Directeur Photo Sidney Hickox (une douzaine de films également) également à l'oeuvre sur "Le Port de l'Angoisse" (1944) et "Le Grand Sommeil" (1946) tous deux de Howard Hawks... Le film débute de façon assez classique par un braquage violent où d'emblée la personnalité psychopathe de Cody Jarrett/Cagney s'impose à tous, à ses complices comme aux spectateurs, d'abord par ces meurtres gratuits de sang froid, mais aussi par le jeu de la star James Cagney petit et trapu comme un pitbull qui semble toujours près à exploser et qui renvoie entre autre à son personnage dans "L'Ennemi Public" (1931). Le premier point est plus les failles psychologiques (voir psychiatrique) de Jarrett/Cagney, outre une démence qu'on lui excuserait presque il y a aussi le complexe d'Oedipe qui marque les esprits avec une Ma Jarrett/Wycherly (épatante Margaret Wycherl !) qui a tout d'une Ma Dalton qui n'aurait plus que son fils Joe Dalton (version BD).  

Le scénario est particulièrement dense, chose étonnante pour l'époque et encore plus dans son approche documentaire ou hyper réaliste dans la description du milieu carcéral et surtout de l'enquête avec les prémices de l'utilisation des moyens radars et radios. Le professionnalisme et le côté méticuleux de la police est un atout certain et crée un antagonisme d'autant plus spectaculaire avec l'apothéose finale et la folie de Jarrett/Cagney qui est à l'image d'une mégalomanie parmi les plus forte du Septième Art. A noter que la crise de démence dans le réfectoire pénitenciaire a été si soudaine et si probante que les figurants crurent réellement à une crise de la star ! En prime Raoul Walsh glisse un clin d'oeil au film "Horizons en Flammes" en V.O. "Task Force" de Delmer Daves qui sortit quasi au même moment mais que le cinéaste a pu intégrer étant donné que les deux films étaient sous le sigle de la Warner, une auto promo judicieuse ! En conclusion un polar d'action mêlé au thriller psychologique d'une maîtrise totale, rythmé dans une évolution du récit impitoyable avec braquage, cavale, jeu du chat et de la souris, jalousie et vengeance, traque, assaut final, tout y est avec un casting talentueux pour nous servir. Un régal.

Note :    

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17/20